Belle journée à Glasgow

*Et merde!*

Elle devrait donc la libérer elle même...quelle galère...Au moins, les autres fous semblaient trop occupés pour la remarquer faire quoi que ce soit d'autre...Et le grand fou en chef c'était pire...Elle soupira...au pire elle inventerait une excuse quelconque...elle n'avait pas trop le choix là...
Après un dernier regard vers l'entrée, on était jamais trop prudent, elle commença à monter l'échelle, faisant attention à ne pas faire de bruit. Elle avançait doucement, un pied après l'autre, pour ne pas glisser ou faire craquer un échelon. Ses mains étaient moites et les cris de fidèles ne faisait rien pour la rassurer. Ils avaient beau être des fanatiques prêts à tout, ils ne méritaient pas forcément ça...la prison oui...mais ça...c'était peut-être un peu trop violent.

*D'un autre côté, ils se l'auto-infligent...*

Elle tentait de se convaincre, mais les hurlements étaient plus que dérangeants...

Une fois arrivée en haut, elle s'approcha du lit, toujours un oeil rivé sur l'escalier de fortune. Ce n'était pas le moment de flancher. Il fallait rester concentré sur le moindre bruit étrange provenant de l'extérieur.

*Calme-toi...si tu ne fais pas attention à ce qui se passe, tu risque gros...*

Elle regarda Ailein à travers ses yeux canins...et mit un doigt devant sa bouche pour lui intimer l'ordre de se taire...elle pourrait inventer quelque chose si elle se taisait...au moins, il n'y aurait pas deux versions d'une même histoire.

Elle s'approcha du lit du fortune et regarda comment elle était attachée, puis jeta un oeil alentour...y avait-il quelque chose qui puisse l'aider? Un clou par terre ou quelque chose dans le genre peut-être?

Ailein était attachée par du cordage noué de façon très grossière... Nul besoin d'un instrument tranchant pour libérer la jeune fille. Ce fut l'affaire de quelques instants. Quelques instants qui permirent à Ailein de recouvrer sa liberté, bien que ses chevilles et ses poignets soient sévèrement meurtris par les liens. Mais c'était déjà ça de fait.

"Merci..." murmura-t-elle doucement. "J'avais si peur... Je crois que c'est mon père..." ajouta-t-elle en étouffant un sanglot. "Il voulait procéder au rituel".

La pièce était aussi nue que la précédente à l'exception de ce misérable lit de paille. Là encore, des clous dépassaient allègrement des planches sommairement assemblées.

En bas, la voix de Towen s'était tue. Jolène entendit des pas lents sous ses pieds. Et un crépitement sinistre se faisait également entendre à ses oreilles. Des crépitements qui furent accompagnés par des cris de joie des fidèles au dehors : le rituel venait de commencer.

*Non!*

Il fallait partir dans la minute qui suivait si elles ne voulaient pas finir écrasées par les poutres de bois. Il n'y avait plus le temps de réfléchir maintenant. Elle sortit juste le collier de sous la cachette pour qu'il soit bien visible sur sa poitrine, puis se saisit de la main d'Ailein. Elle lui chuchota quelque chose à l'oreille.

"Quand je dirais "Grand Bouc"...tu fonce vers la sortie...m'attends pas, y a une voiture à l'autre bout du champs qui pourra nous ramener..."

Elle descendit la première, plus rapidement que sa montée. Si c'était Towen en bas, elle justifierait sa présence en haut en lui disant, toujours de manière presque suppliante que l'enfant de la lune s'était mit à se plaindre de douleurs sourdes. Elle serait allée vérifier la bonne santé de la jeune fille, pour s'assurer qu'il n'y aurait aucun problème. Disant cela, elle se serait discrètement rapprochée, pas après pas de la personne présente, de telle manière qu'elle soit gênée par son corps si jamais elle voulait poursuivre la jeune fille. Elle garderait sa main sur son coeur, le pendentif caché entre sa paume et le tissus.
Une fois assez proche, elle dirait "Je vous pris de bien vouloir me pardonner Grand Bouc..."

Si jamais ce n'était pas lui, et bien elle ferait pareil...en moins asservit et la phrase changerait..."J'espère que le Grand Bouc me pardonnera".

Son coeur se serra...si ça ne marchait pas...si Ailein n'arrivait pas à s'enfuir...elle devait être affaiblie...d'un autre côté, le Dieu était en train de prendre feu, elle n'avait pas eu le temps de réfléchir plus que cela...Et puis...non...elle espérait juste qu'au moins une d'entre elles s'en sortirait, que cela n'ai pas été qu'un acte stupide les conduisant toutes deux à la mort...elle l'espérait et elle était prête à se battre pour que cela ne soit pas vain.

Redescendu dans la pièce principale de la structure, Jolène vit que les pas étaient bel et bien ceux du grand bouc qui entendait se diriger vers l'échelle pour rejoindre sa promise.

"Pardonner de quoi ?" s'exclama-t-il. "Il n'est pas dans le pouvoir ni dans la volonté du Grand Bouc de pardonner quoi que ce soit"

Ailein, qui avait bien compris le plan, descendit en toute hâte l'échelle, bousculant au passage Jolène et évitant le Gourou. Elle était dehors. Peut-être pas tout à fait saine et sauve mais bel et bien dehors.

Le Grand Bouc sourit. Un sourire mauvais. Comme celui qu'aurait pu avoir le Diable.

"Bien, bien... Maintenant que cette petite fidèle est partie, à nous deux ma promise. Ton existence de mortelle s'arrête aujourd'hui"

Il braillait plus fort que de raison. Comme s'il n'avait pas encore réalisé que ce n'était pas Jolène qui avait quitté les lieux mais plutôt la petite Ailein. Et qu'il s'adressait à cette dernière qu'il croyait encore dans la pièce du haut, captive.

Il repartit en direction de l'échelle menant à la "chambre". Il n'était plus qu'à un pas ou deux de Jolène. Visiblement inconscient de sa présence.

L'odeur de brûlé commençait à être plus prégnante.

Elle s'attendait à tout, mais pas à ça...elle s'était déjà préparée intérieurement à devoir frapper, se débattre ou faire quelque chose pour s'en sortir et protéger Ailein. Pas à ce qu'il l'ignore aussi superbement en la prenant pour elle...Et il continuait. Elle avait l'impression d'être invisible à ses yeux. Elle ne savait pas ce qu'il avait prit et ne voulait pas le savoir. Pour le moment, la seule chose qu'elle voulait faire c'était sortir de ce lieu qui brûlait de plus en plus...et ensuite souffler un peu. Elle demandait juste ça...un peu de repos après.

Elle s'écarta du chemin du Grand Bouc; qu'il aille où il voulait, ce n'était pas son problème du moment qu'il ne la gênait pas. Et l'odeur de cramé lui rappelait qu'il fallait qu'elle sorte maintenant si elle ne voulait pas finir en côte de porc au barbecue. Elle jeta un dernier regard à Towen avant de prendre l'échelle qui descendait vers la sortie. Elle ne faisait pas attention où elle mettait les pieds, elle voulait sortir le plus vite possible.

Une fois en bas, elle courut vers la sortie, malgré le sol jonché de ronces, de racines, et d'autres choses encore. Enfin elle était à l'air libre. Elle respira un grand coup avant de se mettre à chercher des yeux Ailein pour la rejoindre le plus vite possible. Il restait peut-être des fidèles encore en état de les arrêter

Quand Jolène descendit l'échelle donnant sur l'extérieur, elle vit que le bonhomme d'osier était déjà bien attaqué par les flammes. Et sa fuite n'avait pas échappé aux oreilles du vieillard aveugle qui cria :

"Capturez-là, il ne faut pas qu'elle s'enfuit ! Il faut qu'elle reste dans le Dieu d'osier pour y être transformée !"

Au sol, c'était une masse grouillante et ensanglantée de fidèles qui gémissaient. Ils avaient pris leur gourou au mot et s'étaient entaillés les poignets et les chevilles. Cela faisait peur à voir.

Pourtant, quand Jolène mit le pied par terre, ils parurent plus alertes. Comme si l'exhortation de leur prophète était plus forte que leur propre douleur.

Courant comme une dératée, la mutante s'entailla profondément les pieds et les jambes avec les ronces au sol. Elle tomba finalement à terre. La masse de fidèles s'avançant vers elle, pour la punir et la ramener à l'intérieur de cette chose incandescente. Ailein n'était pas visible, au moins si Jolène devait mourir aurait-elle sauvé une innocente !

Elle sentit les mains des fidèles se poser sur son corps, elle... vit un homme flotter dans les airs à bien trois mètres du sol, les bras en croix, non loin de sa position... John.

Sa fin était arrivée. Le gourou l'avait entendu et avait intimé l'ordre à ses minions de l'attraper, ce qu'ils avaient fait malgré leurs blessures aux poignets et aux jambes. Elle ne savait pas comment ils pouvaient faire pour encore bouger...Elle avait l'impression d'être dans un mauvais film de zombie, sauf qu'ils étaient encore vivants, du moins en apparence.
Elle se mit à courir à travers le champs, c'était sa seule chance, rejoindre la voiture...Elle parcourut quelques mètres avant de s'écraser au sol, le pied entaillé par les plantes qui se trouvaient par terre. Les masses de fidèles abrutis par leur gourou se rapprochait de plus en plus d'elle. Au moins, ça ferait diversion...Ailein pouvait s'enfuir.

Le premier d'entre eux l'attrapa, elle se débattait, elle n'allait pas en plus leur offrir une victoire facile. Elle cherchait à leur faire mal. Elle ne savait pas pourquoi mais elle voulait les toucher pour leurs faire mal, elle cherchait désespérément un cou ou un bras dénudé à agripper. Lorsqu'elle leva les yeux aux ciels, elle remarqua un homme masqué en train de voler, léviter plutôt, c'était John! Elle ne pouvait dire combien son soulagement était grand. Il allait pouvoir l'aider mais avant, il fallait qu'ils le remarque.

"Le prophète...le prophète est sur nous....malheur!"

Elle s'était mise à crier comme elle pouvait, comme une fanatique, ou dans son cas, comme quelqu'un de désespéré.

"Vous êtes en train de pêcher mes frères, réveillez-vous!"

Que ça marche ou pas n'était pas le plus important...le plus important était de gagner du temps, être sûr qu'Ailein ai rejoint la voiture avant de partir, qu'elle ne se fasse pas poursuivre.
Elle devait leur montrer qu'elle n'était pas l'enfant de la Lune...Si seulement elle arrivait à enlever ce masque, le discours qu'allait faire John serait plus crédible...

Quand la main de Jolène entra en contact avec le bras d'un fidèle, le membre de celui-ci eut un drôle de mouvement, comme si le fanatique était atteint d'une série de spasmes violents. L'homme arracha son masque et regarda la mutante avec des yeux apeurés : il ne savait pas ce qu'il se passait.

Mais les autres fidèles n'étaient plus réellement là pour se préoccuper de leur camarade. Non. A l'appel de Jolène, ils s'étaient retournés et avaient vu le miracle : l'homme volant.

"Prosternez-vous, misérables créatures. Prosternez-vous car je suis la Voie, la Vérité et la Vie. Votre idole de paille brûle avec votre faux prophète. Cette religion indigne de toute forme de vénération touche à sa fin. Repentez-vous !"

John semblait avoir pris de l'assurance. Sa voix était très convaincante. Tellement convaincante que les fidèles se jetèrent au sol en signe de repentance. Frappant leur tête par terre. Pleurant. Implorant la clémence des cieux.

"Le culte de l'Enfant de la Lune est impie. Il blesse mes yeux. Il blesse mes oreilles. Ce veau d'or doit être brisé. Vous devez renier votre foi blasphématoire, misérables créatures, sinon vous subirez mon ire et ma fureur"

Plus personne ne se préoccupait du Dieu d'osier en flammes. Ni des cris de douleur d'Alasdair Towen, le gourou qui était en train de mourir pour ses idées...

"Fuyez ou subissez ma colère !" hurla John.

Rapidement, les fidèles déguerpirent vers la forêt aussi vite que leurs blessures le leur permettait...


John Six ramena à son véhicule Jolène, l'aidant à marcher. Là, ils retrouvèrent la petite Ailein, toute terrorisée.

Après un bref voyage dans l'automobile du psychologue, ce dernier pansa les blessures de la petite mutante. Fournit des couvertures chaudes aux deux jeunes femmes. Et prépara du thé. Beaucoup de thé et des petits gâteaux.

C'est donc de retour dans la bibliothèque de Six que le psychologue lança à Jolène :

"Je ne croyais pas que tu y arriverais... Merci. Mon père t'aurait vraiment adoré. Mais... Qu'as tu fais à ce fidèle ? Celui qui bougeait le bras en tout sens ?"

La petite Ailein sirotant sa tasse de thé posa son regard juvénile sur sa nouvelle meilleure amie. Elle aussi voulait savoir.

Elle ne savait pas trop ce qu'elle avait fait mais ça avait eu l'air d'être efficace. C'était comme si son bras avait été branché à un générateur électrique, ou quelque chose comme ça. Mais c'était une petite réussite comparée au talent d'acteur dont venait de faire preuve Six. C'était impressionnant, elle y aurait presque crût elle même tant il était convaincant. Apparemment, elle n'était pas la seule à penser ça, les fidèles autour d'elles arrêtèrent de l'agresser pour se prosterner devant leur nouveau dieu. Puis de se mettre à courir à toute jambe malgré les obstacles posés sur le sol et leurs blessures à sa seul injonctive. Enfin elle respirait. Il n'y avait plus de danger...

Elle se releva, soutenue pas Six, et ils se dirigèrent vers la voiture. Sur le coup, elle ne pensa pas à remercier celui qui venait de la tirer d'un mauvais pas...elle ne pensait à rien d'autre qu'à la voiture...à sortir de cet endroit malsain...Ailein était là. Elle eut un faible sourire en la voyant. Au moins quelqu'un avait été sauvé dans l'histoire. Elle s'engouffra dans la voiture avec délectation et se mit à somnoler pendant le trajet. Elle était tellement fatigué qu'elle aurait put s'endormir sur le champs, sans même avoir la moindre pensée sur ce qu'il venait de se passer. Il y avait de fortes chances pour que cela ne soit pas aussi simple dans les jours à venir.

Ils arrivèrent dans la maison de John Six. Il lui soigna les blessures et contusions diverses qu'elle s'était faite avant de leur offrir à toutes deux des couvertures, du thé et des gâteaux. Contrairement à sa première visite en ces lieu, elle but et mangea avec avidité. Elle avait besoin de se refaire une santé après ce qu'elle venait de vivre. Ils en avaient tous besoin.

"Je crois que c'est à moi de vous dire merci...si vous n'étiez pas arrivés à temps je crois que j'aurais connu le même sort que Towen..."

Sa voix était pâteuse et faible.

"Concernant ce qui s'est passé avec le fidèle..."

Elle eut un petit rire. Comment expliquer quelque chose dont elle ne connaissait ni les tenants ni les aboutissants? Et comment expliquer qu'elle n'avait fait qu'agir d'instinct, sans pensée logique?

"J'aimerais bien comprendre moi aussi...je l'ai juste...touché...et son bras s'est emballé..."

Elle eut un flash à ce moment là. Un souvenir revint à la surface, malgré la brume qui régnait dans son cerveau à cause de la fatigue. Un souvenir qui devait remonter à ses douze ans...lorsqu'elle avait touché un petit garçon blessé qui s'était mit à hurler de plus belle.

"Je crois que ça m'est déjà arrivé avant...j'en suis pas sure..."

Elle s'arrêta là, buvant une gorgée de thé, plus pour noyer la discussion que par soif véritable. Et puis ce thé d'une certaine manière la rassurait, elle était revenue dans un endroit normal.

"Oui mais si tu n'avais pas été là... Mon pa... L'horrible homme avec sa barbe et ses cornes m'aurait..."

Visiblement, c'était la fin de l'innocence aujourd'hui pour Ailein. Beaucoup de vérités à accepter en si peu de temps. C'était presque un miracle qu'elle n'ait pas encore sombré dans la folie.

Elle sourit car il n'y avait que ça à faire et dit simplement :

"Merci"

Six, quant à lui, poussa un long soupir interrogateur. Il retira ses lunettes et les essuya méticuleusement avec son mouchoir. Puis, les remettant, lança tout de go :

"Il y a une explication pour toutes les choses de ce monde. Et la magie n'existe pas. Je pense..."

Il soupira. Visiblement, il souhaitait ménager la jeune fille.

"Je pense que c'est un pouvoir mutant. Tout simplement. Mais rassures toi, ce n'est pas sale ou anormal. C'est juste... différent. Il y a même, à ma connaissance, une école spécialisée aux USA pour les jeunes filles comme toi"

Anticipant l'éventuelle réaction de dénégation de la jeune fille, il tendit son bras à Jolène.

"Essaye pour voir"

Elle émit un petit rire en entendant les remerciement d'Ailein. Elle ne savait pas trop quoi répondre, un "de rien" n'était pas envisageable. Ce n'était pas rien, ni pour elle, ni pour la jeune fille.

"Heureuse que tu sois en bonne santé..."

C'était la seule chose qu'elle avait trouvé pour lui répondre. Elle lui offrit un léger sourire, comme si elle s'excusait de ne pas avoir fait mieux.

Elle se retourna vers Six. Un pouvoir mutant? Ça expliquerait les quelques trucs étranges qui étaient arrivés dans sa vie lorsqu'elle touchait les gens. Ce qui voudrait dire qu'elle était mutante. Bizarrement, cette découverte ne l'affecta pas plus que ça...elle restait qui elle était après tout. Et ce n'était pas comme si son pouvoir était vraiment voyant, elle pourrait facilement le dissimuler au reste des gens. Elle ne se transformait pas en animal ou elle ne faisait pas de télékinésie. D'ailleurs elle se demandait à quoi il correspondait. Une fois la personne avait mal, l'autre fois elle avait des réactions étranges...Elle y réfléchirait plus tard...elle n'était pas au plus fort de ses capacités intellectuelles à ce moment précis.

Elle écouta avec attention ce que Six disait sur l'école en question. Il lui semblait avoir déjà entendu parler d'un institut dans le genre, elle ne savait plus trop où et si c'était en bien ou en mal.

*En même temps dès que ça concerne les mutants tu as une information et son contraire selon ce que tu lis...*

Elle soupira. Aller à cet institut signifiait enterrer toutes ses chances d'être un jour astronaute. D'un autre côté, son pouvoir avait beau être discret il n'en restait pas moins dangereux. Il suffisait qu'elle touche quelqu'un pour qu'il se mette à hurler de douleur ou qu'il bouge dans tous les sens et même si il n'y avait pas eu trop de problèmes jusqu'à maintenant, c'était possible qu'il s'active n'importe quand. En serrant la main d'une personne par exemple...Il fallait au moins qu'elle apprenne à ne pas l'activer. Et Six avait l'air de penser que c'était la meilleure chose à faire pour elle. Elle re-soupira.

"L'institut Xavier, non?"

Le nom lui était revenu en tête sans qu'elle sache trop comment, mais ça ne lui apportait rien sur sa réputation.

"Je crois que j'ai pas le choix, je me trompe? Si je veux éviter que toutes les personnes que je touche s'agitent au moindre contact...Au moins jeter un coup d'oeil..."

Elle regarda Six.

"Vous allez y aller vous?"

Sa décision ne dépendrait pas de la sienne mais elle souhaitait savoir si elle allait débarquer en terrain totalement inconnu ou pas.

"Et si vous y allez pas...il vont surement me demander pourquoi j'arrive maintenant, ou quelque chose dans le genre...vous préférez que je taise votre nom, pour rester tranquille?"

Six opina du chef à la mention de l'Institut Xavier.

"Je pensais, en effet, à cet endroit. J'avais fait quelques recherches pour moi-même mais... Je crois que j'ai largement passé l'âge d'être élève. En tout cas, j'en ai eu de bons échos par des camarades psychologues rencontrés au gré de colloques universitaires"

Il sourit doucement.

"Je ne crois pas que tu risques grand chose là bas. Au contraire. J'ai mis des années à m'accepter et à dissimuler les manifestations de mon pouvoir. Je ne te souhaite pas de prendre le même chemin que moi... Si l'apprentissage peut se faire sans douleur c'est une chance pour toi. Par ailleurs, j'ai eu ouïe-dire que la population était très cosmopolite... Et tu le sais bien, les voyages forment la jeunesse..."

Six se leva et alla chercher son manteau. Une fois revenu, il ajouta amusé :

"Oh comme je te le disais, je suis trop vieux pour être élève... Et puis, avec les Enfants de la Lune, on ne sait jamais... Ils pourraient revenir et Glasgow a besoin d'un protecteur. On va dire que la tâche m'a été dévolue par héritage paternel. Sans compter qu'il faut que quelqu'un s'occupe d'Ailein, vu que sa maman n'a pas l'air d'être en état de le faire..."

Il invita Jolène à le suivre.

"Viens je vais te raccompagner chez tes parents. Ils doivent s'inquiéter et... je t'aiderai à leur expliquer"


Monsieur et Madame Ferjault mirent quelques temps à comprendre la situation. Puis à accepter ses conséquences inévitables. Les États-Unis ? C'était si loin ! Mais rapidement, la bénédiction familiale fut donnée au départ de Jolène.

John insista pour prendre en charge le voyage. L'héritage familial ne l'avait pas laissé dans la gêne. Loin de là. Et c'était une façon comme une autre, pour lui, de la remercier d'avoir mené à bien la mission de son père. Une mission qui avait duré 15 longues années.

A l'aéroport, tout le monde se quitta en se jurant de se revoir bientôt. Ailein offrit à Jolène un bracelet brésilien de "meilleures copines". Et Six, ayant eu vent de la passion de la mutante pour l'astronomie, lui fit don du vieux matériel de son père.

C'était une nouvelle vie qui commençait pour la jeune femme.

[Ainsi s'achève ta phase de courtier. Tu peux rajouter 3 points à ton barème. Pour la suite, elle se trouve dans ce sujet. Lis bien les quelques messages avant celui du courtier (Kanata, Adam et Georgia). Et bonne continuation ! ]