Australie > Perth

"Je n'en sais rien. Il ne nous reste qu'à croiser les doigts pour que celui qui emportera notre choix ait les moyens de suivre les enchères..." concéda le Docteur en serrant bien fort entre ses mains l'appareil photo.

Une lueur brilla dans son regard. Une lueur folle.

"Mais je vous jure que je ne serai pas un ingrat si vous arrivez à me sortir de là. J'ai encore quelques amis bien en place qui sauront vous aidez. Et je vous promets que les fumiers qui nous ont fait ça vont regretter d'avoir kidnappé le Docteur Dea... Dee"

Il s'empressa de prendre les clichés. Ally tentait de sourire. Sans trop de conviction. Mais au moins les Polaroïds n'étaient pas trop ratés.


Quelques heures plus tard, Raul et Bobby vinrent chercher les trois prisonniers. Là encore, aucune possibilité de se libérer. Leur petit numéro était bien rodé et ils se méfiaient tout particulièrement de tout mouvement suspect de la part du trio. Ces deux punaises n'étaient peut être pas des professionnels mais ils avaient du se documenter avant de préparer leur coup. Bobby expliqua à ses captifs :

"Bon, comme promis ce soir vous décarrez de là. Pas d'embrouilles, sinon c'est un aller simple pour l'enfer. Ce qu'il vous arrivera après ce soir, je m'en cogne. Vous nous faites gagner de l'argent, on vous emprunte vos pouvoirs et on se revoit plus jamais"

Le trio grimpa un escalier qui les emmena dans un petit salon. Par la baie vitrée on pouvait voir qu'il faisait nuit noire. Un estrade avait été installé dans un coin de la pièce et en face se tenaient deux hommes.


Le premier regardait bouche bée Erika et Ally, suivant avec attention le moindre de leur geste.


Quant au second, il avait l'air plus stoïque. Il tenait près de lui un imposant colt. Et visiblement, il n'avait pas fait faire ses tatouages dans un camp scout !

Bobby fit monter les trois prisonniers sur l'estrade pendant que Raul donna les photographies au gros chauve qui bava presque dessus.

Les deux armes des ravisseurs étaient braquées sur la scène. Il ne restait plus qu'à attendre...

... Sam entra par une autre porte. Il eut l'air un peu gêné en voyant Erika mais serra rapidement la main des deux acheteurs. Il n'était pas armé.

D'une voix claire, le petit ami d'Erika lança :

"Bon, Messieurs. Nous avons des pièces intéressantes. Je sais que Monsieur White..."

Il désignait le chauve.

"... est intéressé par les deux lots féminins pour... plaisir. Quant à vous, Monsieur Brown..."

Il s'agissait du tatoué.

"... vous aimeriez récupérer le guérisseur pour votre gang et les deux meufs pour organiser des combats de mutantes. Mais peut-être qu'avant de commencer les enchères, nous pourrions laisser la parole à nos objets en vente pour qu'ils se présentent et expliquent pourquoi il vous faut les acheter ? Je pense qu'après cela les prix vont monter..."

Sam était à l'aise. Aussi à l'aise que s'il vendait une bagnole.

Erika suivit le mouvement sans rechigner. L'enthousiasme n'était pas éclatant mais quoi de plus naturel. La baie vitrée et sa vue donna un peu de baume au cœur à la fille. Elle avait enfin une vu sur le monde extérieure. Elle était encore prisonnière mais plus cloitrée. Elle détailla les deux inconnus, l'un était dégoutant et l'autre effrayant. Lequel des deux étaient le plus inoffensifs ? C'était demandé de choisir entre la peste et le choléra.

Erika ne put s'empêcher de lancer un regard noir à Bobby quand ce dernier lui fit signe du canon de son fusil de monter sur l'estrade. L'analogie avec un marché a bestiau était bien trop présent pour plaire à Erika.

Quand Sam fit son apparition, Erika fut d'abord soulagée avant de sombrer dans une sourde colère quand le garçon prit la parole. C'était de la rage pure. Les bras collés contre le corps les poings serrés à s'en faire blanchir les phalanges, mâchoires crispées, penché vers lui prête à bondir. Se retenir de sauter à la gorge de Sam lui demandait tellement d'énergie qu'elle en tremblait.

Se détendre un minimum, lui demanda énormément d'effort. Elle se répéta inlassablement, pense à Ally, pense au plan du docteur, tu l'écorcheras une autre fois. La sollicitation de Sam faillit ruiner tous ses efforts. Qu'est ce qu'il pensait, qu'elle allait sourire, allez y palpez moi les fesses pour voir que je suis en forme, j'ai toujours rêvé d'être vendue, je fais super bien la cuisine.... c'était juste horrible. Elle avait envie de crier.

Le plan de John lui revient bien en tête. Elle n'avait pas la moindre idée de comment procéder. Elle ne savait pas quoi faire. Elle n'arrivait pas réfléchir. Elle n'arrivait pas à déterminer quel était des deux hommes le moins pire. Comment l'influencer. Qu'est ce qu'elle devait dire. Elle n'avait aucune envie de parler et de répondre à la question de Sam.

Son regard passait du dégarni au cheveulu pour s'arrêter sur le chevelu, au moins, il n'a pas parlé de se battre. Elle interrogea le docteur du regard. Erika lui laissait la main.

"C'est nul ! Elles disent rien !" brailla le tatoué. "Punaise, pour des combats à mort faut pas leur demander de parler mais bordel ! Raul, ces radasses elles ont bien une langue, non ?"

"Une langue, oui... Une langue..." commenta d'un air totalement stupide le chauve.

Visiblement, Sam et ses deux crétins de complices semblaient avoir peur du tatoué. Le petit ami d'Erika reprit la parole :

"Bien sur qu'elles peuvent parler. Je suis sorti avec les deux : elles ne sont pas muettes, je vous l'assure, Messieurs"

Voyant le regard noir de Raul et Bobby, le Docteur prit la parole :

"Je peut guérir tout type de blessures. Notamment les coups de couteau, les blessures par balles, ce genre de choses... J'utilise mes mains et..."

Le chauve le coupa de sa voix d'imbécile heureux :

"Je me fiche du docteur, je veux des dames de compagnie..."

Ally, en larmes se dandina très légèrement :

"Je suis de bonne compagnie... Je... J'aime les animaux et... Pitié, ne me tuez pas..."

Le chauve passa une main humide sur son crane rasé avant de conclure :

"Ça m'intéresse pas. Elle est nulle. Je mettrai pas un centime là dedans..."

Le tatoué était déjà en train de compter les billets. Prêt à enchérir, il lança distraitement à l'attention de Samuel :

"Bon, les p'tits gars je vais prendre les 3 je pense... Mon gang et moi on saura quoi en faire. Pis, comme notre ami pervers ait arrivé tout seul, j'étais pas bien sur qu'il aurait pu les garder longtemps captifs..."

Le chauve fusilla du regard le tatoué. Visiblement, il avait la haine contre le chef de gang qui allait rafler la mise...

La situation était loin d'être facile. La prudence ou du moins le manque d'initiative d'Erika avait peut etre fait perdre à jamais la possibilité aux mutants de se sortir de cette délicate situation. Il lui fallait agir maintenant. Prendre une décision. Soit assurer le coup avec le chevelu violant et être assuré d'être tous les 3 achetés par lui avec peut de chance de lui échapper ou... Ou tenter le tout pour le tout avec l'autre avec le risque d'être séparé. Pas facile.

Erika avala sa salive, se rapprocha d'Ally, lui prit une main avant de regarder le dégarni droit dans les yeux. Elle se força à se calmer comme lors d'un assaut pour une touche importante. L'objectif sans quitter des yeux l'adversaire. Équilibre, position, main. Elle prit la voix la plus ingénue possible, celle dont se moquait William et pour laquelle il n'arrêtait pas de la taquiner avec ces blagues stupides sur les blondes:

"Je ... Je m'appelle Erika.... J'ai 17 ans."

Elle se rapprocha encore plus d'Ally. Collée à la jeune fille brune, Erika lui toucha avec douceur le menton puis avec un petit sourire qui se voulait espiègle le nez.

"Ally, elle est intelligente timide et douce....."

Mon dieu qu'est ce que je fais, on dirait cette trainée de Suzanne Mideldown.

"Alors que moi, je suis... piquante et électrique"

Elle fit un nouveau sourire qu'elle espérait pas trop pincé à l'homme dégarni. Je te transpercerai le coeur Samuel Briggs mais avant je te couperai les parties.

"Le contraste peut nous rendre de très bonne compagnie."

Le docteur.... Le docteur

"Le docteur, il nous aide, il permet qu'on se fatigue jamais. Que personne ne fatigue...."

Elle plongea une dernière fois ses yeux noirs dans ceux de l'homme dégarni avant de sauter d'un petit bond en arrière. Serrant un peu plus fort la main d'Ally, en signe de courage et d'excuse mêlée. Elle la lacha ensuite, pour se renfermer dans le silence... Les dès sont jetés.
Elle regarda par la baie vitrée à la recherche de lumière indiquant une ville, un signe de l'étage à lequel ils se trouvaient avant de compter les lumières présente dans la salle. Elle se préparait à tenter le tout pour le tout. Faire griller les lumières et essayer de passer par la baie vitrée profitant de l'obscurité.... Oué enfin si ça fonctionne comme le coup de la porte, tu vas te trouver avec plus de plombage que grand-mère.

Le chauve écouta avec attention Erika... Limite il allait se baver sur les chaussures. Visiblement la jeune mutante avait su capter toute son attention.

"Oh, oui, qui ne se fatiguent jamais, c'est bien ça... Oui, c'est bien..." marmonnait-il comme un demeuré.

Tous les regards se portèrent sur le pervers. D'ailleurs pour l'aider dans son choix, Death poussa Ally dans les bras d'Erika.

"Oh, oui... Oui... Oui..."

Le tordu au crâne rasé leva la main comme un écolier.

"Je propose 300 dollars pour les 3 !"

L'homme tatoué ricana et prit son colt dans la main... Sam, Raul et Bobby tressaillirent l'espace d'un instant. Mais quand le chef de gang rangea son arme à la ceinture, la tension diminua d'un cran. Il se contenta de dire :

"Ça a l'air de tellement lui faire plaisir... Après tout, ce serait dommage d'abimer de si jolis visages..."

Faute d'enchères supérieures, le lot complet parti pour cette somme ridicule. L'homme sortit quelques billets qu'il remit à Samuel. Et Bobby et Raul intimèrent à l'aide de leurs armes le Docteur, Erika et Ally de suivre leur nouveau propriétaire.

Sur le parking, devant la maison, le chauve désigna une fourgonnette en précisant à l'attention des deux filles :

"J'ai un lit à l'arrière si ça vous dit"

Il n'y avait pas grand monde aux alentours. Le gang du tatoué venait de partir sur des motos et Samuel et ses deux acolytes étaient encore à l'intérieur en train de se réjouir de leur nouvelle fortune...

Erika sentit ses jambes se dérober de soulagement au moment où l'homme dégarni remporta facilement l'enchère. Le fait d'être accroché à Ally lui évita de tomber. Ils avaient réussit. Elle ne releva même pas qu'elle valait moins qu'un poisson exotique pour aquarium.

Elle n'eut pas besoin de se faire prier pour sortir de la maison à la suite de leur propriétaire. Erika regarda la maison, pour voir si c'était la vieille bicoque où Sam l'avait piégée ou si ils avaient été déplacés.
A force de regarder l'homme, Erika commençait à le trouver certes répugnant et dégoutant mais pas méchant pas comme Raul et Bobby, pas comme Sam.... La proposition de monsieur White fit toutefois frisonner la jeune fille. Elle se reprit. Ils n'étaient pas encore sortis d'affaire. Erika s'approcha de l'homme.

"L'océan, tu trouves pas le rythme des vagues se briser sur le sable stimulant?"

D'abord mettre un peu de distance entre les carpettes mitées armées et nous.

"Ca laissera le temps au docteur de mettre en œuvre sa magie sur Ally. Elle est un peu palote vous trouvez pas ? Mais le doc va arranger ça en 5-6 minutes. Elle sera alors très très caline"

Erika avait envie de se frapper en s'entendant parler. Elle se tourna pour faire face à John Dee et présenter son dos et son pantalon qui sans ceinture glissait à White. Elle supplia du regard le docteur de la sortir de là. Elle devait l'avouer être seule avec l'homme qui venait des les acheter la terrifier.

"N'est ce pas doc ?"

Elle se retourna d'une volte, et mit son bras gauche, le plus faible, sous celui de Monsieur White.

"On y vas ? Le bruit de l'océan c'est bien mais faut trop tarder"

Le chauve était bouche bée devant tant de... candeur... de... naïveté adolescente ! Des larmes perlèrent aux coins de ses yeux, dégoulinant sur son visage porcin.

"Quel cadeau des Dieux ! Moi qui pensait ne jamais trouvé une femme aussi belle pour m'accompagner pour l'éternité !" lança-t-il visiblement ému.

Le Docteur opina du chef au signe d'Erika. Visiblement, il avait compris que la mutante avait une idée et ferait tout pour l'épauler.

C'est donc dans la fourgonnette que le petit groupe s'éloigna en direction de l'océan. Laissant au loin cette maison inconnue qu'Ally maudit entre ses dents.

Une fois sur place, Monsieur White conduisit Erika au bord de l'eau, tandis que le Docteur et Ally restaient en arrière...

Il y avait bien 500 mètres entre le couple formé par le pervers et Erika et ses deux amis. La nuit était belle et l'océan majestueux. Au loin, bien peu de bruit... Tout au plus Erika pouvait-elle entendre des bruits de circulation et de moteur...

L'homme s'épongea une dernière fois le front tout en observant les vagues. Il lança :

"Tu veux qu'on fasse quoi ? J'aimerai bien que tu te fasses des couettes... Oh, oui, j'aimerai bien..."

Il semblait comme hypnotisé par les vagues.

Perth était sur la cote. Ils n'auraient qu'à choisir entre deux directions maintenant. En sortant de la camionnette, Erika avait bien pris garde d'observer où l'homme avait mis les clefs de la fourgonnette.

Arrivé au bord de l'eau, Erika prit une profonde inspiration d'air marin. Elle était à nouveau libre... Presque. Un demi kilomètre, une minute et trente seconde, de course, peut être un peu plus vu que c'était sur du sable qu'il allait falloir fournir l'effort. Arriverait elle à le distancer?

Erika avait la conviction que tout pouvait déraper à chaque instant.

"Des couettes? " répéta t elle sans avoir à feindre la surprise. Elle ajouta " C'est mignon"

Tout pour lui permettre de gagner du temps afin de trouver une idée.

"Il me faudrait de quoi attacher les cheveux..." dit elle comme si elle acceptait avec joie et coquetterie la suggestion.

[HJ: je préférai savoir où se trouve les clefs avant d'agir. Si, bien sur j'ai pu observer ou Monsieur White les a mises.]

L'homme sourit comme un dératé.

"Oh, oui... Oui, quelque chose pour les attacher..."

En fait à la réflexion il était limité. Mais un peu pervers tout de même, comme en témoignait le fait qu'il ne regardait jamais réellement Erika dans les yeux.

Monsieur White tâta ses poches à la recherche de quelque chose qui pourrait servir à faire des couettes. La poche gauche semblait bien épaisse. Quand il la palpa, cela fit un son métallique, comme si elle contenait des pièces de monnaie ou des clés de voiture...

Finalement, le gros chauve dut se résoudre : il n'avait pas de nœud ou quoi que ce soit pour faire des couettes.

"Désolée, ma toute belle. J'ai rien là. J'ai des menottes en revanche dans mon véhicule..." lança-t-il de manière somme toute très peu logique.

Il soupira et regarda à nouveau l'océan.

"Tu veux que j'enlève mon pantalon ?" ajouta-t-il de but en blanc.

Erika remarqua que le Docteur et Ally étaient montés dans le camion, dans le but évident de le faire démarrer même sans clés...

Des menottes... Le comportement de l'homme était de plus en plus fou. Elle allait perdre le peu de contrôle qu'elle exerçait sur lui. A force de le provoquer, elle n'allait plus pouvoir reculer. Pourtant, elle devait continuer à ce qu'il se concentre sur elle et sur elle seule.

"Si tu me donnes ton pantalon, je te donne mon chemisier." surenchérit Erika.

Qu'est ce qu'elle venait de dire! Gagner du temps. Soit le docteur et Ally réussissaient à faire démarrer cette maudite fourgonnette et alors, Erika devra courir comme jamais elle n'avait courut, soit elle troquerait dans une caricature de jeux son chemisier contre le pantalon et donc les clefs. Elle ferait alors mine de se diriger vers le large comme pour jeter le pantalon à l'eau avant d'obliquer en direction de la camionnette. Avec un peu de chance il ne réagirait pas tout de suite, et Erika l'espérait, il ne se montrerait pas directement entreprenant.

L'homme se mit les deux paumes sur les joues. Sa misérable existence était largement enrichie par Erika ! Et tout cela pour à peine 300 dollars ! C'était trop beau pour être vrai !

Tandis qu'il luttait pour retirer au plus vite son pantalon, la jeune mutante constata que malheureusement le Docteur et Ally étaient peut-être de très bonne compagnie mais qu'ils étaient absolument nul pour démarrer un véhicule sans les clés.

Le troc honteux eut donc lieu.

Le pantalon se retrouva donc à la flotte après avoir été délesté de ses clés.

Le pervers regarda bêtement l'océan, ne comprenant pas encore très bien qu'il venait de se faire avoir.

Alors que la pièce vestimentaire sombrait dans les flots, Erika s'éloignait, tenant son pantalon avec les mains, exhibant son soutien-gorge aux oiseaux de nuit et aussi vite que ses pieds nus lui permettait d'aller.

Elle était déjà bien loin quand le pervers en slip décida de la courser, ayant finalement compris qu'il venait d'être doublé.

Ally et le Docteur lui firent bon accueil dans le fourgon. John Dee s'écarta de la place du conducteur pour laisser Erika s'installer et la jeune pyrokinésiste, bien sur les nerfs, demanda rapidement à son amie :

"On va où maintenant ?"

Essoufflée, rouge comme une pivoine, défiant du regard l'un des deux autres occupants de la fourgonnette de faire le moindre commentaire, fébrilement, elle verrouilla le véhicule et démarra.

"On s'éloigne vite !"

Elle éloigna le véhicule sur un bon kilomètre bon-an mal-an . Erika a 17 ans n'avait pas le permis. A quoi cela servait de l'avoir vu que Sam avait sa voiture... William, tout en se moquant d'elle, lui avait inculqué quelques manœuvres basiques qu'elle venait de mettre en application. Elle grogna au docteur:

"Prenez le volant, éloignez nous de ce porc....Essayez de rejoindre Perth. Ma famille... la bas.....J"

Erika était devenue toute blanche et tremblait de la tête aux pieds. S'était le contre coup du stress, de la colère et de la peur refoulées. Les yeux dans le vague, elle réalisa qu'elle avait échappé à bien d'horrible chose.

Elle éclata soudain en sanglot entrecoupée de "Pourquoi ?". Elle croisa ses bras sur sa poitrine pour palier l'absence de chemisier. "Pourquoi moiiiiiiii" Erika essayait de stopper ses larmes et ses tremblements sans résultats. C'était comme si son corps lui refusait momentanément le contrôle. Elle n'avait jamais vécu ça....ni la situation de laquelle elle venait de s'échapper.

La conduite n'était pas très réglementaire et si une patrouille de police avait croisé le chemin de la fourgonnette il y avait fort à parier qu'Erika soit verbalisée lourdement avant même d'avoir pu passer son permis !

C'est avec un soupir de soulagement que le Docteur Dee prit la place de la mutante. Le véhicule redémarra pendant que la jeune fille se faisait cajoler par Ally.

La pyrokinésiste, qui avait semblé jusque là si frêle, si faible, venait de reprendre le dessus. Peut-être était-ce la communauté de destin dont elles avaient été l'objet ? Toutes deux mutantes, toutes deux ravies d'avoir Samuel Briggs comme petit ami, toutes deux trahies, kidnappées, vendues et...

Le Docteur Dee venait de freiner en urgence.

"Il y a un véhicule arrêté en travers de la route..." commença-t-il. avant de se stopper net.

Les portes du fourgon furent ouvertes de force. Bobby côté Erika. Raul côté Ally. Tous deux armés.

La porte du conducteur fut également ouverte. Samuel menaçait le Docteur Dee d'un petit révolver. Il sourit aux filles.

"Salut les copines ! On vous a dit qu'on allait vous laisser tranquille, n'est ce pas ? Et bien on avait menti !"

Et effectivement le cabriolet rouge de Sam barrait le passage du fourgon...

Le brusque coup de frein, fit relever la tête d'Erika, dont les yeux écarquillèrent à la vue du véhicule bloquant la route à la fourgonnette.

"NON !!!!! CONTINUEZ !"

Trop tard, les portes verrouillées, furent forcées, ils se retrouvèrent chacun avec une arme braquée sur eux. Erika qui venait d'arriver à endiguer le flot de larme, sanglota et du mobiliser beaucoup d'énergie pour ne pas craquer. Les joues humides, les bras croisés sur sa pointrine, Erika s'enfonçait dans son siège. Abattue, elle répétait:

"Non. Non. Non. Non."

Ça ne pouvait pas recommencer. Elle chercha un signe sur les visages de John ou d'Ally qui lui disait que c'était un cauchemar, une blague. Non, ils s'étaient fait reprendre. Elle geignit un "Laissez nous...." Elle savait que c'était inutile.... Qu'est ce qu'elle pouvait fire.... Quoi qu'elle fasse, ils allaient toujours la reprendre. Si elle attaquait Bobby, elle arriverait peut être à le désarmer mais Raul ne tirerait pas sur Ally ?

"Qu'est ce que vous voulez ?"

Samuel sourit. Mais pas avec son sourire si enfantin et si attachant. Non. Il s'agissait plutôt d'un rictus pervers et glacial.

"Raul et Bobby vous avez dit qu'ils allaient se servir de vous pour devenir des mutants, non ? En fait, j'suis pas sur que ce soit bien vrai ce qu'ils pensent mais je m'en fiche au fond... Ils ont lu un article d'un docteur, pas le votre de docteur bien sur... D'ailleurs c'est peut être le seul truc qu'ils aient jamais lu"

Ses deux acolytes ricanèrent comme des ânes. Visiblement, ils étaient trop stupides pour comprendre ce que Samuel racontait. La tête et les jambes. Le tout composait un corps décidément bien pourri...

"Enfin, bref... Ce docteur pense que les mutantes transforment les humains en mutants en faisant valoir... Comment dire ? Ah, oui ! Certains de leurs charmes... Quoi qu'il en soit, je pense que le spectacle va valoir le détour, Mesdemoiselles... Mais je suis navré. Moi je ne suis là que pour le fric et le frisson. Alors soyez fortes et..."

Samuel n'eut pas le temps de terminer sa phrase. En fait, il n'aurait pas non plus l'occasion de la reprendre un autre jour. Sa tête venait d'exploser suite à une détonation d'arme à feu.

Raul et Bobby se regardèrent stupidement : le coup ne venait pas de leurs armes ni de l'intérieur du véhicule. Ils...

Raul s'effondra également au sol, transpercé par une autre balle. Ne restait plus que Bobby. Il allait faire usage de son arme sur Erika...

L'habillage verbale n'enlevait rien à l'horeur de l'annonce, ils étaient là pour les violer elle et Ally. Erika essayait de puiser de l'énergie de cette situation désespérée pour sortir de l'état de choc. Plutôt mourir que d'être touché par ces deux minables. Agis!

Les détonations firent rôle de catalyseur. Erika se propulsa de coté pour s'éloigner de la bouche du canon qui se levait vers elle. Dans le même mouvement, elle pointa les doigts de sa main gauche vers l'arme et sentit ses cheveux hérisser lorsqu'elle fit appel à son pouvoir pour électrocuter Bobby via son arme. L'objectif était de le faire lâcher le fusil de douleur.

Restait à espérer que ces coups de feux ne viennent pas du gang de motards et de leur chef qui avaient facilement abandonné l'enchère.

Elle cria à l'attention du docteur: "Marche arrière, démarre, faut pas qu'on reste là !!!"

Bobby, prenant la décharge de plein fouet, n'eut pas le temps de faire feu. Il s'écroula au sol pris de spasmes frénétiques.

Avant que le Docteur n'ait eu le temps de démarrer à nouveau le véhicule, le tireur mystérieux fit son apparition.


Il s'agissait d'une militaire, américaine vu l'uniforme, qui tenait à la main son arme de service. Elle sourit au Docteur. Et dit :

"Docteur Death, cela fait bien longtemps que je vous cherche. Les deux filles sont avec vous ?"

Le guérisseur regarda rapidement Erika puis Ally avant de répliquer :

"Oui. Elles n'ont rien à voir avec ma captivité. Elles m'ont aidé"

Il avait l'air inquiet. Et même plutôt deux fois qu'une !

La militaire ajouta à son attention :

"Ne vous inquiétez-pas. Je ne suis pas là pour faire exécuter ce mandat d'arrêt ridicule mais plutôt pour vous conduire aux USA. Nous avons du travail pour vous"

Elle fit quelques pas en direction des cadavres. Les regarda avec mépris et commenta :

"Quel bordel..."

La militaire logea une balle dans la tête de Bobby qui était toujours au sol en train de gigoter. Elle s'adressa aux deux jeunes femmes :

"Il va y avoir une enquête et vous allez certainement être auditionnées. Je ne pense pas que votre disparition a du laisser indifférents vos parents. Je ne vois qu'une solution..."

Elle leva son arme... et la rangea dans son holster.

"Nous pouvons vous fournir un alibi. Et un travail aux USA. Si vous avez aidé le Docteur au péril de vos vies, j'imagine que vous avez décidé de vouer vos pouvoirs au bien-être public. Inutile donc que vous perdiez votre temps avec des services enquêteurs un peu étroits d'esprit..."

Tout s'enchaina, les coups de feux, la neutralisation de Bobby, la venue de la militaire. Erika ne releva même pas la transformation du Dee en Death. Elle cherchait à calmer les battements de son coeur. Elle vérifia qu'Ally allait bien et lui adressa un sourire crispé.

L'accent de la nouvelle venue, indiqua à Erika sa nationalité plus que l'uniforme qu'elle n'aurait pas différencier de celui d'un autre militaire. Pour elle c'était tous les mêmes. Erika sursautta à la nouvelle détonation. Elle regarda avec stupeur la femme puis fit l'erreur de regarder Bobby.
Le spectacle en direct de la mort du garçon, lui arracha un hoquet d'horreur. Erika se plia en deux prises de nausées et vomi. Souhaiter la mort de Bobby était une chose, le voir gisant en été une autre. Le geste de la militaire était superflus, Erika aurait bien fait passer au garçon tout envie de toucher une fille mais là... C'était juste une froide exécution.

Travailler aux USA ? Erika ne comprenait pas et n'avait pas envie de chercher à le faire. Elle était fatiguée. La seule chose qu'elle voulait c'était retourner chez elle et si possible trouver quelque chose à passer au dessus de son soutient gorge. Elle hocha donc la tête à l'intention de la militaire en signe d'assentiment. Erika avait appris qu'il ne fallait pas contredire quelqu'un d'armée.
Elle porta discrètement sa main droite vers le docteur cherchant à être rassuré par lui sur les bonnes intentions de la femme habillée de noire.

Le Docteur fit un sourire empli de compassion à Erika. Visiblement, il faisait confiance à cette femme.

"Tu verras, tout va bien se passer" commenta-t-il tout simplement.


Les trois acolytes montèrent dans le véhicule de la militaire. Ils roulèrent longtemps et arrivèrent finalement au consulat des États-Unis d'Amérique. Là, du personnel civil s'occupa de trouver des vêtements pour les deux jeunes filles qui venaient d'être séparées du Docteur : l'étrange capitaine souhaitait lui parler en tête à tête.

Après avoir pu manger et se reposer, sans que le personnel n'accepte de répondre à ses questions, Erika fut conduite dans un petit bureau où se tenait la militaire.

Cette dernière sourit de manière crispée et lança tout de go :

"Asseyez-vous Mademoiselle. J'imagine que tout ceci doit paraître bien brusque pour vous mais nous pensons avoir trouvé une solution à tous vos problèmes. Vous êtes mutante, c'est un fait et impliquée bien malgré vous dans une affaire plutôt sordide... Nous vous proposons de nous occuper de tout cela pendant que vous suivez des études aux USA dans une école spécialisée pour les mutants"

Petite pause pour laisser à Erika le temps d'encaisser la nouvelle.

"Bien entendu, vous pourrez l'expliquer à vos parents juste après notre petit entretien. Un agent des affaires éducatives vous accompagnera pour vous aider à les convaincre... Mais peut être avez vous des questions au préalable ?"

Des études aux USA ? Dans une école spécialisée ? Erika cligna des yeux cherchant une explication, un lien logique un sens à cette proposition.

"Qui êtes vous ? Pourquoi aux USA ? Où est le Docteur Dee ?"

Erika baissa les yeux et enchaina

"Pardon... Je voulez vous remerciez de nous avoir sauvé.... Ils nous ont vendus... Ils voulez nous.... Merci."

Elle joua avec l'ourlet d'une des manches du chandail qu'on lui avait donnée.

"Je ne comprends pas... C'était juste Raul, Bobby....."

Elle ajouta avec une grimace

".... Et Sam. C'est terminé maintenant."

Erika essaya de regarder la militaire en face mais elle n'y arrivait pas longtemps.

"C'est terminé. N'est ce pas ?"

Silence

"J'ai rien fait. Pourquoi partir ?"

Avec une petite lueur dans les yeux:

"Dans cette école, on peu faire de l'escrime? Vous croyez que je pourrai concourir au championnat ?"

"Mon nom n'a que peu d'importance, jeune fille. Je travaille pour les opérations spéciales. Et j'ai été mandatée pour récupérer le Docteur John Dea... Dee. Il sera rapatrié dans la soirée pour les États-Unis"

Elle ne souriait pas beaucoup cette capitaine qui ne semblait jamais quitter ses lunettes de soleil. Peut-être était-ce son travail ? D'avoir l'air éternellement froide et mécontente ? Quoi qu'il en soit, elle poursuivit :

"Vos agresseurs sont morts. Il y aura enquête. Je ne vous cache pas que mes services ne comptent absolument pas intervenir dans cette affaire. Nous nierons toute participation. Et c'est là où cela peut poser problème pour vous : vous êtes impliquée. Du moins en tant que témoin. Et vous êtes mutante. Même si l'Australie n'est pas le pire endroit au monde pour un mutant, je vous informe que récemment votre pays a accepté qu'un de ses ressortissants mutants, mineur de surcroit, soit extradé vers Génosha où il a été condamné à mort et exécuté"

Le Capitaine servit un verre d'eau à Erika.

"Et il n'y avait rien dans le dossier..."

Nouvel essai de sourire. Nouveau rictus grimaçant.

"Vous avez intérêt à partir le temps que ça se décante. Cela vous évitera bien des tracasseries... d'autant plus que cette école vous permettra de poursuivre vos études et vos loisirs sans trop de difficultés. Et que par la même occasion vous aiderez le Gouvernement Américain et la sécurité mondiale... nous avons en effet besoin d'avoir des yeux et des oreilles dans cet établissement. Il y aurait dans cet établissement une cellule terroriste qui prévoirait d'agir contre des intérêts américains"

Erika prit tremblante le verre d'eau mais n'y porta pas les lèvres. Une de ses nouvelles résolutions étaient de ne plus boire quoique ce soit qu'elle ne s'était pas elle même servit.
La jeune fille se sentait de plus en plus mal à l'aise en face de la militaire qui était aussi chaleureuse qu'un iceberg. Erika se trémoussa nerveusement sur sa chaise.

On l'envoyait aux Etats-Unis. A l'école, dans une école qui pouvait accueillir des terroristes. D'un autre coté, la capitaine les avait sauvés. Elle s'était déplacé jusqu'en Australie pour aider le docteur Dee.

Erika devait l'avouer, elle avait souffert de sa mise à l'écart de la compétition d'escrime, du regard des autres à l'école. Seul sa famille et la rencontre avec Sam lui avait permis de bien vivre ce changement... Et elle avait vu ce que ça lui avait coutée. La vie sans les parents pouvaient être plus libre.


"Bien. J'irai...."

Hésitation

"Ally viendra avec moi?"

"Nos projets pour votre amie sont légèrement différents... Disons qu'elle ne souhaitait pas retourner à l'école et qu'elle a préféré une autre proposition de nos services. Mais elle sera bel et bien sur le territoire américain, non loin de l'endroit où vous irez en cours..."

Le Capitaine sourit enfin pour de vrai quand elle commença à se lever : l'entretien était donc terminé.

"Mademoiselle, je vous laisse voir avec nos agents des affaires éducatives pour tous les détails. Quoi qu'il en soit, le Gouvernement Américain est fier de vous pour le sauvetage du Docteur Death ! Vous avez bien mérité de vous reposer"



Au bout de quelques heures et après avoir signé une quantité astronomiques de rapports, décharges et procès-verbaux en tout genre, Erika fut enfin ramenée chez ses parents.

Elle put souffler quelques heures avant que les agents des affaires éducatives viennent toquer à sa porte pour convaincre Monsieur et Madame Dwight de laisser partir leur fille au loin.

L'argument massue fut la gratuité de l'Institut. Et le fait que le Gouvernement prenne en charge, lui-même, le transport. Pour le reste, c'était le choix d'Erika et il fallait le respecter.

Très rapidement, le Capitaine réserva son billet d'avion à Erika.


"En partance pour le Québec. Les élèves de l'Institut sont en vacances là-bas et j'ai balisé votre trajet jusqu'à leur lieu de villégiature. J'ai pris la liberté de vous acheter des vêtements chauds pour... enfin, vous verrez"

Il ne restait plus grand chose à se dire au fond. Une autre personne que le Capitaine aurait peut être pleuré ou pris Erika dans ses bras. La militaire se contenta de dire :

"Ouvrez l'oeil et le bon. Vous serez contactée quand nous aurons besoin de vos rapports"

[Et c'est ainsi que s'achève ta phase de courtier. En espérant que tu as pris autant de plaisir à la jouer que moi à la masteriser je te souhaite une excellente continuation. Tu peux d'ores et déjà ajouter 2 points à ton barême et poster dans ce sujet !]