San Francisco

Jessica observa le vieil homme rangé son instrument, puis le suivit sans rien dire. Finalement, elle était contente d'avoir trouvé quelqu'un qui semblait l'aider. La ville était trop grande pour elle, ou serait-elle allé ?
S'essuyant les yeux, elle voyait Panpan les suivre sagement. Il remettait en question ce qu'elle pensait d'eux, mais n'y pensa plus dès qu'ils approchèrent du post.

En arrivant devant le commissariat, elle attendit qu'il demande à un agent de lui gardé Panpan et ses affaires, et l'emmena à l'intérieur. Elle s'arrêta sur le seuil, effrayé par tout ce bruit... Puis l'agent de la réception la regarda, et leur demanda d'aller s'assoir.
Elle n'aimait pas cette endroit, et un cri d'un garçon qui s'était fait arrêter par la police lui fit peur, par réflexe, elle attrapa le bras de l'homme avec qui elle était, et s'assit près de lui sur le banc.

Le vieil homme eut un sourire bienveillant. Bientôt un inspecteur s'approcha d'eux.

"Bien, c'est la petite fille perdue?" demanda-t-il en regardant sa montre.
Le vieil homme se leva et ouvrit la bouche pour expliquer l'histoire. L'inspecteur secoua vaguement la main pour l'arrêter.

"Merci pour votre preuve de civisme Monsieur, on s'occupe d'elle maintenant." dit-il pour le congédier.

"Mais je..." commença-t-il à baffouiller. Il connaissait bien les flics et savait à quoi s'en tenir. "Bon je..." il tapota Jessica sur la tête "Et bien, je crois que nos chemins se séparent ici petite."

Jessica dévisagea l'inspecteur, puis agrippa un peu plus la manche de Vitalis alors qu'il s'apprêtait à partir. C'était le seul qu'elle 'connaissait', si on peut dire...

Pourquoi devrait-il partir ? l'inspecteur était arrivé comme si il s'agissait de l'affaire suivante sans importance... Et ça n'arrangeait pas à calmer la petite fille perdue.

L'inspecteur dévisagea le vieil homme.

"Vous la connaissez?" lui demanda-t-il.

"Je... non pas vraiment...enfin on s'est rencontrés dans la rue..."

"Bon et bien je m'en charge dans ce cas." décida l'inspecteur anonyme, et prenant l'autre main de Jessica.

"Par ici petite, on va retrouver ta famille en un rien de temps."

Déjà Jessica était traînée dans un bureau dont l'isolation phonique était à l'image de l'amabilité des inspecteurs. Par la fenêtre, Jessica put voir le regard attristé de son ami. Il détourna les yeux, hésitant un instant, puis sortit du commissariat.

L'inspecteur tira une chaise en bois pour Jessica et s'assit derrière son bureau, devant un ordinateur.

"Bien. Nom et Prénom?" demanda-t-il sans lever les yeux de l'écran.

Pas tendre les inspecteurs... elle ne pouvait rien faire face à lui, et regarda Vitalis s'en aller, pensant qu'elle ne le reverrai probablement jamais. L'inspecteur lui posa une question qu'elle entendit à peine, et il fut obligé de répété, ce qui valu à sa montre un nouveau coup d'oeil.

"Qu'est ce que ça peut faire. Je lui ai déja dis qu'ils étaient tous morts!"

Déjà que Jess n'était pas à l'aise dans cet endroit, l'inspecteur ne l'y aidait pas. Et tout ce qu'elle trouva à faire c'était de s'énerver en face de l'homme qui ne pensait qu'a rentrer chez lui, Vitalis aurait été plus efficace. Et il l'avait fait partir.

L'inspecteur haussa un sourcil.

"Commence par me donner ton nom et ton prénom, et on préviendra un de tes proches. Ensuite tu pourras me parler de ce qu'il t'est arrivé." reprit l'inspecteur avec un peu plus de compéhension.
Les gosses perdus c'était pas ce qu'il manquait à San Francisco, et il savait que certains traînaient de sales histoires derrière ou étaient en état de choc.
*Je me demande si ce vieil homme....* pensa-t-il avec suspicion en attendant une réponse.

HJ/ ici c'est San Francisco. /HJ

"Commence par me donner ton nom et ton prénom, et on préviendra un de tes proches. Ensuite tu pourras me parler de ce qu'il t'est arrivé."

Jessica comprit que le seul moyen pour qu'on lui fiche la paix était de parler, et ensuite, elle verrait bien ce qu'il adviendrait d'elle.

"Jessica Ryder..."
Sans attendre plus de question, elle prit les devants et donna d'elle même son adresse, se doutant qu'on lui demanderait si elle la connaissait.
Et elle ajouta :
"Vous trouverez personnes là-bas..."

Ashern était toujours là, assis sur les marches devant le péron de son ancienne maison. De son ancien "chez lui" ... Quelques gouttes s'écrasèrent sur sa main. Non pas des larmes, il n'était pas désespéré à ce poitn, mais de la pluie. Merde, il commenssait à vaser ... 'Chier, déjà que ça s'annonçait mal, mais si en plus mère nature s'en mélait ... La nuit allait être longue. Longue, et fastidieuse. Mais c'est pas en restant là qu'il allait la retrouver ... Non, il devait se ressaisir. Le regard dur, l'alluer déterminée, il se leva, et sans un dernier regard à la batisse derrière lui il s'engagea dans une ruelle sombre.

*Bon, si j'étais une gamine seule et déboussolée, voir traumatisée, où est-ce que je me réfugierais ? ... Chez une amie, ouais c'est ça.*

L'espoir commençait à renaitre en lui, quoiqu'il ne l'ait jamais abandonné. Mais soudain, un détail gros comme un 747 le fit s'arreter net. Une amie ? Quelle amie ? Il ne savait rien d'elle ! Quel con ... Elle ne lui avait jamais écrit, jamais ... Honte de son frère ? Honte d'avoir un lien de parenté avec un voyou ? Les pensées embrumé par divers doutes, il se mit à marcher sans but, déambualant dans les rues.

Il pleuvait des cordes à présent. Il était seul, sans savoir où était sa soeur, à vacquer sur les trottoirs sans raison. Sans savoir où chercher. Non, il ne devait pas abandonner. Il ne pouvait pas la laisser seule, ici, à San Francisco. Trempé jusqu'à la moëlle, il cherchait une piste, un indice, une idée, quelque chose qu'il l'aiderait. Bon, autant commencer par le commissariat. Il y avait bien un service des personnes disparues non ? C'était la chose la plus logique à faire ... Oui, c'est ça ...

Il passa donc une rue, déserte, en parte à cause du mauvais temps, mais aussi par le fait qu'il était une heure surement assez avançée dans la nuit, et qu'il n'était pas bon de trainer dans le coin le soir. Lui s'en foutait, il avait un Deagle coincé entre sa ceinture et son dos. Au moindre danger, il pouvait descendre un mec sans scrupules.

Il arriva en fait au bureau de police sans encombre. Oh, il y avait bien eu quelques mecs louches qu'il surveillait du coin de l'oeil, mais rien de bien méchant. Il monta quelques marches, mais hésita. Ces souvenirs ... Combien de fois son père était venu le chercher ici ... Et ce jour ... Cette journée, qui marqua un tournant dans sa vie, et le sépara de sa soeur.
Il secoua la tête pour se remettre les idées en place et poussa la double porte à battant. Tel un cow-boy entrant dans un saloon, il détailla chaque personne du regard. On ne semblait pas faire attention à lui.

*Bah, tant mieux ...*

Il s'approcha de l'accueil et s'assit sur un siège, attendant patiemment son tour. Il en fallait une sacré dose de patience, pour rester assis à attendre alors que sa soeur courait peut-être un quelconque danger.

Dans le bureau

L'inspecteur entra les données dans le fichier central, et décrocha son téléphone pour composer le numéro qu'il avait trouvé. Il patienta quelques sonneries, sans résultat.

"Bien, apparemment c'est juste, personne ne répond. Alors où sont tes parents?" demanda-t-il en reposant le combiné.

L'accueil

Personne ne semblait s'occuper des gens sur les bancs. Le voisin d'Ashern y était d'ailleurs menoté. Le type avait l'air balaise et peu commode. Il dévisagea Ashern des pieds à la tête en machouillant un cure-dent.

Jess le regarda droit dans les yeux, chose qu'elle ne faisait que rarement, et lorsqu'elle était énervé.

"Vous écoutez pas ce que je dis ?! Ils sont morts!"

L'inspecteur ne perdit pas son calme, il se leva et sortit de la pièce.

"Ne bouge pas de là, je reviens."

Le cas semblait plus grave qu'il n'y avait paru. Il se dirigea vers le bureau du commissaire, à l'étage du dessus.

Ca faisait 1/4 d'heure qu'il poireautit là. La pluie tambourinait sur la fenetre non loin de lui, et ça commençait à lui donner mal de crane, tout en le stressant. Le mec d'a coté avait pas l'air très amical. Menotté à sa chaise, il arborait de manifique biceps. Ashern se diait qu'avec une carrure comme la sienne, il aurait bien trouvé sa place dans l'armée comme artilleur de soutien. Mais il fut extirpé de ses pensées par un brave téléphone qui sonna à l'accueil. Toute cette agitation ... Ca y est, il en avait marre. Prendre son mal en patience n'avait jamais été sa tasse de thé ...

Il se leva de sa chaise énergiquement, et sans attendre, il fila à l'accueil. Marre de devoir passer pour un voyou attendant sagement qu'on lui donne sa chance. Il s'avança au comptoir et s'adressa à une femme derrière son ordinateur.

"Euh, excusez moi ... Ce serait pour une personne disparue ..."

N'ayant jamais été dans ce cas de figure, il paraissait un peu hésitant, et il devait l'admettre, il avait eu toujours du mal avec la flicaille.

La bonne femme donna un coup de coude à l'agent à côté d'elle.

"C'est pour toi çà." lui lança-t-elle.

"Vous voulez déclarer la disparition de quelqu'un? Il me faut une description, noms, photo si vous en avez. Si la personne a disparu depuis moins de 48heures, on ne peut rien faire pour le moment." récita-t-il avec l'habitude du type qui ne fait que çà tous les jours.

Comment ça il ne pouvait rien faire si elle avait disparue il y a moins de 48h ? Au contraire, il y avait bien plus de chances de la retrouver pendant un court labs de temps ! Ah ces flics, toujours aussi doués, hein ...

Portant sa main à son visage, il massa longuement ses paupières, signe de fatigue ou d'énervement. Bon, de toute façon, il n'avait rien à perdre ... Suffisait juste de choisir entre le mensonge et la vérité. Pour ce qui était de la photo, c'était bon, il en avait 2 ou 3 dans son portefeuille. Le nom, il ne pouvait pas l'oublier non plus ... En fait, le seul bémol était la date de sa disparition. Se décidant enfin, il prit une voix calme et assurée, cachant son manque de patience et sa colère naissante. Car oui, il ne lui en fallait pas beaucoup pour s'énerver, surtout lorsque le membre le plus important de la famille, à ses yeux, était porté disparu.

"Bon écoutez moi. La personne en question, c'est ma soeur. En dehors d'elle je n'ai que mon père, qui vient d'être interné à l'hopital il y a quelques heures. Apparement, son état est plutot critique, et il risque de décéder. Jusque là, vous suivez ? Bien, alors comprenez bien qu'elle n'a que moi, et elle est perdue dans cette ville, n'ayant nulle part où aller. Donc vous seriez bien aimable de diffuser un avis de recherche et vite. Pour ce qui est des photos et compagnie, je vous donnerais tout ce dont vous aurez besoin, mais je vous en prie, faites quelque chose."

Son regard planté dans celui de l'agent, il avait un air grave et sérieux. Un de ces airs qui vous hérisse les poils dans le dos, surtout lorsqu'il vous fixe avec ses yeux bleus clairs.

Il tatonna légèrement l'arrière de son pantalon, vérifiant que son Deagle était bien planqué. Pas question de montrer une telle arme dans un commissariat ... Il n'était pas suicidaire non plus.

Le gaillard ne broncha pas d'un cil. La plupart des gens faisaient ce genre d'éclats sans comprendre les implications d'un avis de recherche lancé à la va-vite.

"Ecoutez jeune homme. Si la disparition de votre soeur n'a pas atteint 48heures, légalement on ne peut rien faire pour vous. Vous imaginez si c'était aussi facile? Tout le monde pourrait lancer de faux avis de recherches et les vraies personnes en difficultés seraient oubliées. Donc à quand date la disparition?" expliqua l'agent d'une voix bourrue.

"Quelques heures ... Je sais que ça n'en fait pas 48, mais essayez de comprendre : son père s'est fait agréssé par un animal qui lui a sauté à la gorge ! Je ne sais pas si elle a vu ce qu'il s'est passé, mais c'est surement elle qui a découvert le corps ! Vous imaginez le traumatisme ?!"

Les yeux pleins de rage, il se mettait de plus en plus en colère, voyant bien que l'agent n'avait pas le moins du monde l'air affecté par son histoire. Putain, une petite courrait un danger dehors, c'était son boulot non ?
Ashern en avait rien à foutre de ses excuses toutes faites mais véridiques : il s'inquiétait pour sa soeur ! Etait-ce un crime ?
Le desespoir le gagnant peu à peu, un bruit de papier froissé dans sa poche arrière le fit tilter. Il plongea sa main dans la-dite poche et en sortit une photo un peu cornée.

Une petite fille prenait la pose, en habits d'été. Derrière elle se dessinait un paysage magnifique : une longue plage de sable chaud, la mer s'écumant sur le rivage, les pins bordant le tout. L'une des photos qu'ils avaient prises lors de l'unes de leurs rares vacances. Oui, ils partaient que rarement avec leur parent lors des vacances. L'argent ... Ca régissait tout cette saloperie.

Il s'appuya sur le comptoir, manquant presque de tomber en avant, pour bien montrer la photo de sa soeur à l'agent qui n'était pas très compatissant.

"Regardez la bien dans les yeux, et dites lui que vous ne pouvez rien pour elle !"

Il avait presque hurlé. Le silence s'était fait dans le poste de police. Tout le monde s'était retourné vers eux. Mais il s'en foutait, rien ne comptait plus que de retrouver sa soeur. Obnibulé par la pensée d'un jour pouvoir la serrer à nouveau dans ses bras, il lança un regard d'acier à l'agent.

Même le plus dur des coeurs ne pourrait avoir une réaction face à ce cas de figure. Impossible. Si le flic ne réagissait pas à ça, il n'y avait plus aucun espoir pour l'avis de recherche ...

"Pour sûr que je peux quelquechose pour elle, elle est dans l'un des bureaux avec un inspecteur. Un vieillard l'a amenée au poste y a de çà une vingtaine de minutes." répondit l'agent avec un air placide.

"Demandez l'inspecteur Harris."

Les pupilles du jeunes mutants se dilatèrent. Elle était là ? C'était vrai ? Elle était là ? Les yeux devenant humides sous l'émotion, il cligna plusieurs fois des paupières. On lui avait toujours appris à cacher ses émotions ... Mais merde, il était plus à l'armée là ...

Il fit rapidement le tour du comptoir, ouvrit la petite porte de bois et prit l'agent dans ses bras.

"Merci. Je vous adore."

Est-ce ça allait sceller sa réconciliation avec la police ? Assurement pas, mais il en avait une meilleure opinion du moins ...
Lachant l'agent, il fit volte face promptement, et se précipita dans le couloir. Etait-ce la bonne direction ? Il n'en savait rien, mais il finirait bien par trouver. Du moins l'esperait-il. Après quelques observations de bureaux et de rencontre de flics, il finit devant une porte de bois. Sur la vitre était gravé sur une plaque "Inspecteur Harris". Fallait vraiment être con pour la louper. Il saisit la poignée, mais hésita. Allait-elle le reconnaitre ? Le repousser ? Fondre en larmes ? Tellement de questions, tellement de doutes ... Après ces deux années sans nouvelles, comment pouvait-il croire qu'elle l'aimerait toujours ? Mais il devait s'y accrocher. Non, il avait fait tout ça pour elle ... Ca ne pouvait pas se passer comme ça.
Il avait l'esprit plutot embrumé, et secoua la tête pour chasser ses idées noires. Prenant son courage à deux mains, il frappa, puis tourna la poignée et entra après avoir inspiré un bon coup.

La pièce était plutot spacieuse. Un beau bureau, avec un siège apparement confortable, la vie ici ne devait pas être désagréable ... Mais il n'eut aps le temps de détailler le reste du mobilier que son regard se fixa sur une petite fille, paraissant déboussolée, assise sur une chaise en face du bureau, lui montrant son profil gauche.

C'était elle. Finallement, elle n'avait pas tant changé. Enfin si, elle avait grandi, elle avait les cheveux plus longs. Mais ce visage ... Non, il n'aurait su l'oublier. Il aurait voulu crier, hurler de joie et de soulagement, et se ruer vers elle pour l'étreindre ... Mais l'émotion qu'il ressentit lui fit perdre ses moyens, et il ne put emettre qu'un faible murmure.

"Jessica ..."

Là, elle était là, devant lui. Il l'avait retrouvée ... Rien ne pouvait expliquer ce qui se passait dans sa tête à ce moment là.

Jessica avait regarder l'homme sans rien dire, il semblait vouloir demander de l'aide...mais pourquoi ? lui aussi aurait pu l'écouter, si Vitalis pouvait l'aider il aurait pu aussi. Il voulait sans doute se débarrassé d'elle pour pouvoir s'en aller...

La porte claquant, elle restat assise la un moment, le regard dans le vague. Il y avait de l'agitation ici, même en pleine nuit, enfin ce serait plutôt, 'surtout' en pleine nuit... Jess espérait que l'homme reviendrait vite, ou que quelqu'un arriverait. Elle ne se sentait pas à sa place ici, lorsqu'un jeune homme ouvrit la porte...
Elle était perdu dans ses pensés essayant d'échapper au bruit du commissariat, et ne remarqua d'abord pas son entré. Puis elle l'entendit murmuré quelque chose d'inaudible, et tourna la tête... Se redressant brusquement, elle regarda son frère comme s'il s'agissait d'un fantôme. C'était lui ? elle hésita, mais il n'y avait pas de doute. Personne ne pouvait lui ressembler autant, et lui aussi semblait figé.

Elle resta d'abord planté sur sa chaise, les yeux brillant, puis se leva doucement. Elle ne savait pas ce qu'elle ressentait. De la joie ? de la colère ? les deux ? après deux ans...
Finalement, elle avança doucement vers lui. Elle avait l'air fatigué, mais semblait aller bien, compte tenu de la situation dans laquelle elle se trouvait...

"Ashern...?"

Jessica termina d'arriver jusqu'a lui, et leva la tête. Il en faisait bien trois de plus qu'elle. Elle l'étreignit comme si elle ne voulait plus jamais le lacher, plus jamais... Après tout ce temps ? elle le retrouvait dans le lieu ou elle l'avait vu partir, et c'était bien la dernière personne qu'elle pensait voir entré dans cette pièce qu'elle trouvait sinistre...

Elle s'avança lentement vers lui, planté comme une potiche. Elle le prit dans ses bras et le serra du plus fort que ses petits bras lui permettait. Un immense soulagement allié à un énorme bonheur faillit le faire fondre en larme. Bordel, le sang d'encre qu'il avait pu se faire ...

Il s'accroupi pour lui faire face, et passa les bras de sa soeur autour de son cou, pendant qu'il passait les siens sous ses épaules. Il la serra à son tour, murmurant à son oreille.

"Oui c'est moi ... Je suis là maintenant."

Tentant de la rassurer, s'imaginant l'épreuve qu'elle avait du surmonter, il s'interrogea sur leur avenir. Qu'allaient-ils faire ? Passer voir leur père à l'hopital ? Pas de suite, il ne savait même pas ce qui s'était passé à la baraque, et n'avait pas envie de la choquer une fois de plus. Non, ils allaient prendre une chambre dans un hotel, et il aviserait ensuite. Il avait mis assez de coté pour vivre environ trois ou quatre ans sans avoir à se plaindre. Et puis il pourrait trouver un boulot. Ils prendraient un appart', Jessica irait de nouveau à l'école ... Mais il chassa ses projets un instant, préférant savourer l'instant présent, en l'occurence les retrouvailles avec sa soeur.

Il la lacha et se recula un peu, toujours accroupi, l'air serein, appaisé.

"Je suis déolé p'tite soeur ..."

Désolé de n'avoir pas été là, désolé de na pas avoir donné de nouvelles, déolé d'avoir été si loin, si lontemps ...
Il la fixa dans les yeux, les pupilles dilatées. Trop d'émotions d'un coup ...

Jessica ne pensait plus à rien. Elle essayait de se persuader qu'il était bien la, serrant pour s'assurer que son frère était bien réel. Il s'accroupit à son niveau et la serra dans ses bras à son tour, puis s'écarta doucement pour la regarder en face.

Après quelques instants, il parla.
"Je suis désolé p'tite soeur ..."

La regardant dans les yeux, Ashern voyait des larmes sur son visage, elle eut un mouvement de recule, bien qu'il ne la lacha pas.
"Mais où tu étais...pourquoi t'es partit!"

Il la sentait s'énerver, elle s'agitait, ne sachant plus comment réagir, pensant à trop de chose...lui, elle, leur père...sa disparition, elle n'avait jamais eu d'explication...

Finalement, entre deux morceaux de phrase incompréhensible, elle lachat sans pouvoir tenir plus longtemps. Il fallait qu'elle en parle, il fallait qu'il le sache.
"C'est de ma faute Ash...Papa...le chien..."

Il se doutait bien qu'elle allait se mettre un peu en colère : passer deux ans sans le voir, ça peut amener à se poser des questions ... Surtout que la dernière fois qu'elle l'avait vu, il était au tribunal, jugé pour multiples meurtres et autres délits en tout genre. Un chef de gang quoi ...

"Ils m'ont pas donné le choix p'tite soeur. C'était soit l'armée, soit le mitard ... Et je pouvais pas accepter l'idée d'être mis derrière les barreaux. J'tenais à rester un minimum libre."

Il lui fit un grand sourire, comme pour la rassurer. Mais son état n'était guère encourageant. Ce qu'elle avait affronté avait du être terrible, plus que que sa mission au Nicaragua ... Un sacré bordel ce jour là. Il s'en souviendrait toujours ...
Puis Jess finit par lacher ce qui pouvait être un aveux entre deux phrases incompréhensibles.

"C'est de ma faute Ash...Papa...le chien..."

Comment ça de sa faute ? Si jeune ... Elle devait culpabiliser de n'avoir pu rien faire. Il la prit alors une nouvelle fois dans ses bras, le souffle haletant de la jeune fille caressant son cou.

"T'inquietes pas, tout va bien. On va se prendre une chambre, t'as l'air crevée. Il faut que tu dormes, tu tiens presque plus debout."

Il se leva, prit sa petite main et lui souria de nouveau. Il était si heureux de la retrouver saine et sauve ...
Il ouvrit la porte et l'entraina avec lui. L'odeur de la flicaille le dérangeais quelque peu.

Jess avait pu lui dire, elle se sentait un peu mieux, même si ça ne suffisait pas à la calmer. Elle serra de nouveau son frère.

"Ils m'ont pas donné le choix p'tite soeur."

Il n'avait pas eu le choix... cette idée la réconforta d'une part, car cela voulait dire que si il l'avait eu, il serait resté.
Maintenant qu'il était la, elle se demandait comment elle avait pu pensé qu'il l'avait oublié.

Ashern se releva et l'entraina en la tenant par la main. Elle le suivit sans rien dire, trop fatigué pour résister à quoi que ce soit.

"Hey! Vous! Où est-ce que vous croyez aller comme çà?" s'écria l'inspecteur harris d'une voix autoritaire, accompagné d'un homme en costume.

Il s'approcha de Jessica et Ashern et toisa ce dernier d'un oeil suspicieux.

Jessica ne posa pas plus de question et s'appretait à le suivre lorsque l'inspecteur Harris fit son come back. 'L'avait pas l'air commode le flic ... A peine les avait-il vu qu'il gueula sans crier garre. C'était bien la volaille ça : tous les mêmes, à jaqueter à tout bout de champ ...

D'un mouvement du bras, il cala Jess derrière lui. Il tata son dos pour vérifier si son flingue était toujours là, au cas où il faudrait faire diversion et courir. Il était un déserteur maintenant, et l'Etat n'aimait pas beaucoup ça ... Et il se voyait mal passer en Cour Martiale.

"Je suis son frère. Ya pas de problème, j'allais pas l'enlever. Je comptais le dire à l'accueil, voyant que vous n'étiez pas là ..."

Il regardait l'inspecteur sévèrement. Il n'aimait pas qu'on lui gueule dessus alors qu'il n'avait rien fait de grave.