Chambre d'Ivy et Jenifer

Georgia se raidit quelque peu au contact de la chose... Elle prit sa respiration et essaya de rester zen... Il ne fallait pas affoler Ivy sur son état. Et puis, si Ivy, qui était son amie tout de même, l'avait laissé la prendre dans ses bras, c'est qu'elle ne risquait rien...

Avec sa main libre, elle se mit à caresser la liane, le tube, le truc qui s'était enroulée sur l'autre... Comme si c'était une extension d'Ivy, ce que ça devait certainement être à la réflexion...

"Ma puce, calme toi, ce qui t'arrives, t'arrives, c'est un fait... Faut voir ce qu'on peut faire avec c'est tout. Mais, on va trouver une solution à tout ça OK..."

Comme passant du coq à l'âne, Georgia ajouta :

"Et je parlerai à Anna"

Le bien être physique d'Ivy passerait certainement par son bien être psychique... Et cette Anna, que Georgia ne connaissait que de vue, semblait être un truc (dé)structurant chez Ivy. A voir, donc...

"Pour moi ? Bah, tu sais je guéris les gens... Mais je récupère leurs blessures... J'ai à la main une cicatrice de mon père par exemple... Mais c'est pas grave, je m'y ferais..."

L'Irlandaise commençait à se calmer un peu. Le gros de la tempête était passé semblait-il. La résignation s'emparait d'elle.

"Y a pas de solution... J'arrive pas à redevenir comme avant... Tu vois c'est comme Kitty l'écureuil... Kitty c'était une coéquipière animorphe avant, mais comme toi et moi hein, enfin surtout toi maintenant, pis un jour eh bah elle a disparu, pouf ! Quand on l'a retrouvée, elle s'était transformée en écureuil, et elle est jamais redevenue humaine ! Elle se promène dans le parc, on la rencontre de temps en temps, eh bah jamais elle redeviendra comme avant, et moi je sais que c'est pareil..." expliqua-t-elle, ponctuant son discours de petits reniflements nerveux.

Parler à Anna... Ca aussi ça lui semblait illusoire, mais elle était touchée que Georgia soit prête à aller voir le leader des NGX pour elle. Ca c'était une amie. Georgia elle avait peur de rien. Ivy contempla la silhouette de la New Yorkaise avec un mêlange de reconnaissance et d'admiration dans ses mirettes, qui étaient peut-être une des seules choses encore fidèles de son corps. Intriguée par le discours de Georgia, Ivy s'empara des mains de Georgia, ouvrit la gauche bien à plat pour regarder la cicatrice dont elle lui parlait. Elle ne voyait qu'une ligne noire mais passa son doigt dessus. La consistance actuelle de sa peau atténuait sa perception des reliefs. Cette cicatrice, c'était une cicatrice de guerre dans l'esprit d'Ivy. C'était le symbole de Georgia et de son côté Jeanne d'Arc. Elle lui apparaissait comme une sainte, un porte-drapeau, un héros qu'on aurait pu suivre les yeux fermés. La façon dont elle semblait accepter l'idée d'être un jour un boxeur était à la fois terrifiante et impressionnante. Ca c'était sûr, Ivy devait prendre de la graine de cette fille. Elle caressa quelques secondes la marque du martyr de la jeune fille.

"T'as raison... Même si t'es couverte de trucs, moi je saurai qui tu es." finit-elle par chuchoter comme un serment d'allégeance. Pourtant, bien qu'elle pensât ses paroles, elle se refusait à accepter son propre changement. Georgia avait raison, elle devait trouver une solution pour redevenir normale, c'était tout ce que la nature lui avait donné de bien. Les gens de son village s'accordaient sur ce point unique, c'était la seule chose qui la rachetait. Elle n'était pas intelligente, ni brillante, elle n'était pas riche ni pieuse... Tout ce qui lui restait c'était ça. No brains, good looks, bad omen. Bien sûr, pour eux, c'était une raison de plus de la croire possédée par le Malin, mais ça ne changeait rien pour elle.

Georgia sourit en regardant Ivy droit dans les yeux.

"Nan, tu sais pas... OK ? Et c'est ça qui te perturbe... C'est nouveau, brutal, traumatisant... Mais tu l'as dit toi même, tu sais pas ce que c'est. Olivier, lui il saura. Alors le mieux c'est d'aller le voir. Si tu veux, je peut même t'accompagner pour genre... Te tenir la main ? Ou brailler sur Olivier s'il est pas sympa, ou dire des bêtises... Ou : être juste là..."

L'histoire de l'écureuil lui sembla en revanche surréaliste. Genre réincarnation bouddhiste foirée. Si Georgia venait à disparaître là, elle aurait accompli quoi ? Pas grand chose... Alors ? Le bousier ? Le raton laveur ? La souris ? Encore des questions métaphysiques, comme s'il y'avait une urgence à faire des trucs, à vivre, à se chercher et puis se trouver...

En gros, ça rejoignait les paroles d'Ivy. Qui était elle ? Georgia la folle ? La mutante prolétaire anarchiste ? Bizarre, bizarre... Et troublant à la fois !

"T'es mignonne Ivy, c'est bien de savoir que quelqu'un te connait. Parce que dès fois, j'ai tendance, peut être que ça te le fait aussi, à oublier un peu qui je suis... Tu vois ? Tu te sens vide et puis petite et inutile et tout et tout... Tu te dis : A quoi bon ? Et une amie, là, peut faire la différence..."

C'était drôle, alors que Georgia se retrouvait pas mal en Ivy, celle-ci accordait un grand crédit à la New-Yorkaise et pas du tout à elle-même... Humilité ? Manque de confiance en soi ? La petite était décidément très complexe et quelque peu paradoxale... Ce qui faisait le côté attachant aussi...

Mais bon, Georgia avait envie de distribuer des gnons là... Elle prit sa copine rousse par les épaules et la secoua quelque peu avec un grand sourire...

"T'es pas petite, t'es pas nulle, t'es pas inutile... Tu n'es rien de tout ça. Ceux qui te l'ont dit, c'est distribution de marrons surprise demain... Et double ration de rata pour ceux qui mouftent ! Parce que c'est pas possible, parce que tu es mon amie... Et que ce que tu dis à propos de moi, tu peut te l'appliquer à toi même ! Alors secoue toi les puces, ma vieille..."

La mitalienne se calma un instant. Puis reprenant d'une voix douce, elle s'adressa une nouvelle fois à Ivy :

"Je vais te dire ce que dit tout le temps mon grand père Pat. D'abord, ne fait jamais comme tout le monde, l'opinion majoritaire c'est souvent comme une boussole à l'envers. Et puis vaut mieux se tromper seule, qu'avec un paquet de demeurés... C'est plus responsabilisant. Ensuite, ne laisse jamais personne t'accrocher un badge de flics sur ton torse. Ca craint. Essaye toujours d'être juste et droite. Doute parce qu'on avance comme ça, mais ne te laisse pas abattre par le premier ricanement. C'est souvent signe que t'es dans le vrai. Et enfin, conserve toute la distance que tu as avec toi même pour te garder du jugement des autres..."

Elle s'arrêta un peu essoufflée.

"Ivy, tu es parfaite. Ne change pas. Je t'aime"

Puis, plus détendue, comme pour changer de sujet...

"Guérir les âmes ? C'est sympa, je pourrais peut être faire psy alors ?"

Un grand sourire s'afficha sur le visage de Georgia : Ivy semblait avoir retrouvé la pêche ! Ca faisait plaisir à voir d'autant plus que, peu de temps auparavant, elle semblait au bout du rouleau...

"Bon on va pas se laisser faire, ma belle. C'est ça qu'il faut retenir. ON VA PAS SE LAISSER FAIRE"

Elle beuglait presque. C'était ni très féminin, ni très class'... Bref comme d'hab' la classe américaine, façon prolétaire anarcho-libertaire...

"Bah les vieux, ça dépend qui... Y'en a certains, je te jure... Vivement qu'on les colle dans le tas des personnalités devenues inutiles par la force des choses. Genre l'équipe rédactionnelle de la Sentinelle. Ou tous les fous de Jésus qui veulent nous brûler. Ou : le gouvernement des Etats-Unis d'Amérique, eux aussi... Des fois ça serait cool que les fantômes ça existent. Genre celui de Jefferson ou de Jimmy Carter pourraient se lever pour aller leur botter les fesses !"

Un mènage semblait s'imposer aux yeux de Georgia : un grand coup de balai dans les commissariats, les hôpitaux psychiatriques, les rédactions de presse, les think tanks, les lieux de culte, le congrès et la Maison Blanche, et peut être, peut être qu'on pourrait enfin respirer et marcher sans avoir à filer droit... C'était ça son rêve américain ? Peut être bien...

"Bah les psy, c'est naze dans le sens où ils croient toujours que parce que t'es comme tu es, tu n'es pas comme il faudrait que tu sois. La plupart des pathologies mentales, c'est des inventions petits bourgeoises pour conserver leur bout de gras. Nan, la psychiatrie comme elle est pratiquée doit changer ! Parce que là, quoique tu fasses, quoique tu dises, t'es pas bien dans ta tête. Parce que, si tu rêves d'un truc : c'est que tu veux un phallus ou que Papa/Maman ont pas été très catholiques avec toi. Et si tu trébuches sur un mot : c'est que t'es homosexuel. Ou ce genre d'âneries. Si tu doutes de la thérapie : c'est que tu refoules. Si tu détestes ton psy : c'est que tu es en plein transfert. Bref quoique tu dises, quoique tu fasses, ils ont raison, et toi t'es folle ! Mon Grand Père a été psy, il pourrait t'en raconter de bonnes ! Nan, le ménage doit être fait, et l'avant garde intellectuelle et ouvrière doit y contribuer ! Moi je veux bien être psy pour aider les gens pas pour servir la soupe à un état policier et liberticide. Le droit à la folie, à l'extravagance, à l'impudeur et à la subversion intellectuello-artistique, CA ça devrait être dans la Constitution... A la place du droit de se trimballer avec un pistolet de cow-boy..."

Elle était vraiment barrée. Elle le savait. Elle savait aussi que si un jour, elle passait les portes du pénitencier psychiatrique, ça serait radical et définitif...

"Mes cicatrices ? Bah, ça va me faire des souvenirs de guerre... Peut être même que ça serait sympa à force... Enfin, j'sais pas... Mais si ça va pas, j'irais prendre de ton baume spécial bonne humeur... Tu es un médicament pour la pensée, ma belle..."

Le vertige ? Georgia ne s'était jamais trop posée la question... Peut être que oui, peut être que non... Mais premier principe des copines loufdingues : les âneries ça se fait à deux, ou ça se fait pas... Alors...

"OK pour les sensations fortes. Mais si je m'accroche à toi c'est peut être parce que je t'aime beaucoup, à la folie, passionnément... Ou peut être parce que j'ai peur... Ou peut être les deux !"

Jimmy ? Jeff ? De qui parlait Ivy ? Des présidents des USA ? Ou alors des partenaires disparus de Georgia ? La coincidence était pour le moins troublante... Jimmy serait il mort ?

Bizarrement à cette pensée, la jeune New-Yorkaise révoltée ne pensa rien... Elle essaya de mimer la tristesse. Mais non, rien à faire... Elle s'en carrait. Pour sauvegarder les apparences, elle fit une micro grimace et dit :

"Le plus triste c'est que Jimmy n'est même pas mort pour la cause... A la limite on pourrait lui faire un enterrement politique... Mais bon, sourire me fait mal aux lèvres"

Georgia se recoiffa une mèche qui lui tombait sur le visage. Le travail de deuil fut bref.

"M'enfin, je vais peut être pas non plus contacter Jimmy, non plus... Déjà de son vivant j'avais pas grand chose à lui dire... Alors là ? Lui demander si l'enfer c'est pire que chez les Stryx ? Non, je vois pas trop... Mais pour le spiritisme on pourrait faire plus fun : ta mémé a l'air particulièrement cool, on pourrait peut être la présenter à mon grand-père ? Parce que Mamy a tendance à lui prendre les bourses... Ils auraient plein de trucs à se dire. Et pis, y'a aussi Oscar Wilde, il nous apprendraient à être toujours classe en balançant des gnons aux gens qui saoulent... Et pis Warhol, aussi, il nous apprendraient à bien se tenir en soirée tout en rigolant... Et pis..."

Georgia marqua une pause : le spiritisme, c'était une affaire sérieuse et là elle prenait quand même ça un peu trop à la rigolade... Mais les gens droles de leur vivant, surtout s'ils sont au Paradis, à s'embêter gentiment, aimeraient peut être passer une bonne soirée en compagnie de deux créatures délicieuses et d'une bonne bouteille, non ?

"Bah j'en sais des choses, oui et non... Disons que c'est l'éducation classique de toute fille d'ouvriers qui se respecte. Parce que le savoir de l'intellectuel est toujours partiel par rapport à celui du travailleur manuel. J'ai été à la meilleure école en fait. Mais tu verras, si un jour tout se calme, je t'inviterais à la maison, on va t'y adorer !"

Le Sven ascentionnel ? Qu'est ce donc que cela ? Bah, l'expérience faisant toujours la différence et Georgia s'étant jurée de toujours tout tester, au moins deux fois, elle rendit un grand sourire à Ivy :

"OK. Bah si tu te mets une couverture, ça peut le faire. Quand on fait plein de bêtises comme toi et moi, une excentricité de plus ou de moins, ça ne choquera personne... Et pis, on s'en fiche. Mais ouais on n'a qu'à aller chercher Sven"

Et comme pour décider son amie et anéantir ses éventuelles résistances, Georgia se leva et sortit de la chambre, non sans avoir lancé :

"Qui m'aime me suive..."

A la recherche de Sven... Donc au finish jardin !

Ivy manqua de s'étouffer. Après une quinte de doux, elle côassa :

"Jimmy est mort ???!!!"

Ca en foutait un coup... Elle qui n'était pas remise de la mort de ses coéquipiers, ça lui faisait sacrément bizarre de parler de l'enterrement, politique ou pas, d'un StryX. Elle ne l'avait connu que de vue, mais c'était pas très rassurant de voir leurs camarades tomber comme des mouches. Ils étaient peut-être plus en sécurité séparés les uns des autres en fin de compte, là ils jouaient aux cibles vivantes à défaut d'être mouvantes. En fait, la mort de Jimmy remettait plutôt leur propre mortalité sur le tapis. L'espérance de vie des mutants était nettement plus courte que celle des humains classiques.
Elle songea à Vayne. Le prof lui inspirait encore moins de sympathie maintenant qu'un de ses élèves était mort dans des circonstances encore mystérieuse, et cela malgré les prétentions du bellâtre.
Elle regarda à nouveau Georgia. C'était décidé, elle ferait en sorte de l'empêcher de suivre le triste destin qui s'acharnait sur les nouveaux mutants. Du haut de ses trois pommes, elle protègerait la veuve, l'orphelin, le prolétariat.
Elle prit quelques secondes pour se remettre.

"... Ah ça pour sûr, ma mémé c'était super mamie, d'ailleurs je comprends même pas qu'elle soit morte, je la croyais immortelle tellement elle était forte. Mais elle aimait bien faire des surprises, donc elle est partie pouf comme ça." expliqua Ivy en claquant des doigts. "Mais si ton papy veut être peinard, c'est pas Mamie Ayme qui faut lui présenter, ça non..."
La tournure de la conversation lui rappelait un passage d'un livre que sa grand-mère lui avait lu justement, à raison de quelques pages par soir quand elle était petite. Raconter une histoire, c'était une des seules façon de tenir en place la rouquine turbulente. Dans ce bouquin, Gulliver rencontrait un bonhomme qui pouvait faire revenir les morts à travers un miroir, tout un programme. Elle réfléchit deux secondes, puis ajouta à la liste :

"Moi je voudrais voir... hum... mes parents peut-être bien. Ils devaient bien avoir un ou deux gènes de traviole et j'aimerais bien savoir lesquels..." dit-elle pensivement. Si ça se trouve, ils étaient mutants et sa grand-mère ne lui avait rien dit. Peut-être même qu'ils avaient péri dans des circonstances aussi tragiques qu'héroïques.

"... et après j'appellerai... Le jardinier super puissant là, même qu'il a fait des jardin dans un château en France... Je me souviens plus de son nom, mais j'ai vu des photos, on peut dire qu'il devait avoir la main verte celui-là !" dit-elle avec un peu plus d'entrain. Ainsi donc Georgia était fille d'ouvrier. C'était rare d'entendre parler des parents à l'institut, comme si tous autant qu'ils étaient, étaient devenus des sortes d'orphelins recueillis par une grandeeeee famille d'adoption.

"Je veux que tu m'apprennes plein de trucs qui se respectent comme les filles d'ouvrier !" lui lança Ivy. Fallait bien s'ouvrir un peu au monde qui les guettait à la sortie de la grille. Lui apprendre les trucs de survie qu'elle ne connaissait pas.
C'était la deuxième invitation qu'elle recevait depuis son arrivée. Juliette l'avait en effet invitée à visiter l'Italie un jour, mais ce projet là était nettement plus utopique compte tenu de leur situation actuelle... New York c'était prêt, elle avait pu s'en rendre compte la veille au soir durant la mission, et donc tout était possible. Elle devait aussi aller faire un tour des fjords chez Sven, mais c'était plus une mutuelle proposition qu'une invitation.

"Chouette ! Je suis jamais allée chez quelqu'un, ça doit être marrant, et puis je pourrais voir ton pépé, hein ?"

Georgia avait l'air motivée pour s'envoyer en l'air, litteralement. Devant le peu d'enthousiasme des autres (ou leur méfiance ?), elle n'allait pas laisser filer une partenaire de saut comme elle ! Ivy bondit sur ses pieds et se dirigea de son petit pas sautillant vers le lit, mais fut vivement tirée en arrière par "la chose" accrochée à Georgia.

"Roh, la barbe... lâche-la !" s'écria-t-elle avec agacement en gesticulant dans la pièce. Après quelques jurons irlandais, Georgia fut libérée. Vu qu'Ivy dormait sans couverture en général, et que Jen n'était pas rentrée, elle tira la couverture de sa colocataire et s'emmitoufla dedans des pieds à la tête comme un fantôme justement, ce qui ne fut pas difficile vu son mètre cinquante.

"Jeeeee suisssss prêteeeee..." dit-elle, d'une voix faussement sépulcrale étouffée par la couverture. Les bras en avant, elle sortit de la pièce non sans s'être cognée contre le linteau de la porte, puis suivit son amie vers de nouvelles aventures.

Jardin - Terrain de sport

Cuisine

La journée n'avait que trop duré. Jenifer était épuisée, brisée. Son pouvoir n'était pas en cause cette fois, elle n'avait pas atteint ses limites, cette fatigue sans commune mesure ne se réparerait pas avec la lampe magique d'Adam Zachary, ou par une nuit de sommeil. Les deux mutants avaient eu raison de Nova, pas en combat à la loyale mais en brisant ses espoirs et ne lui laissant qu'une cuisante défaite qui soulevait plus de craintes pour la suite que de satisfaction. Il était absurde de croire que l'instrument qui les sauverait était parmi les autres objets ramenés, qui à part Adam serait en mesure de les identifier et de les comprendre ? Pendant ce temps, leur professeur, leur protecteur, celui qui les avaient réunis et sauvé de la commission Eden, celui qui en avait guidé tant vers cette Insitut...

Adam était prisonnier... quelque part... pour une raison inconnue... par des personnes inconnues.

Il avait délivré Olivier Fleury et cette fois, malgré son pouvoir, il était dans une cage à sa mesure.

Jenifer s'allongea sur son lit, elle n'avait même pas pris la peine d'allumer la lampe magique. Elle voulait tant dormir mais elle savait bien que ce ne serait pas si facile, peut-être même pas pour cette nuit du tout...

Jenifer entendit le message d'Ivy comme une goutte d'eau tombant dans un lac. La voix lui parut lointaine et perdue dans un océan de lassitude. Elle ne voulait pas bouger de la chambre, de son lit, elle souhaitait tellement oublier cette journée, reposer son esprit à bout de force après les épreuves du jour. Et pourtant...

Ivy avait toujours été l'étincelle qui allume la mèche, comme une inépuisable source de gaieté, toujours en pleine forme, une vraie tornade verte et rousse. Et si finalement elle n'avait pas besoin de repos de cette façon ? Et si la meilleure façon de reposer sa tête était de se changer les idées ? Le corps était lourd mais surtout parce que l'esprit ne voulait plus qu'il bouge.

* Ban sang... bouge-toi ma fille ! Tu vas pas te laisser crever sur ce lit alors que ton amie te propose de t'amuser ! Bouge tes fesses et fonce la rejoindre ! *

S'arrachant de sa couchette comme si elle pesait plusieurs tonnes, Jenifer se dirigea vers la fenêtre, l'ouvrit et entreprit de descendre par leur passage secret.

- Purée Ivy j'espère que tu sais ce que tu fais ! J'ai pas envie de me suicider moi ! Si je meurs je reviendrai te hanter jusqu'à la fin de tes jours ! dit-elle, penchée vers le vide, un léger sourire sur les lèvres.

Alors que Jenifer se mettait assise sur le rebord, elle sentit des branches bouger vers elle et l'attraper avec délicatesse, l'arrachant de la pierre froide.

- Je devrais pas douter de toi Ivy...

Ce qui n'était pas prévu c'est que les branches se tendirent et soudain, Jenifer fut propulsée dans les airs telles une fusée.

Jardin

(==> reserves de nourriture et accessoirement chambre de Niko)

Niko se dirigea, la tête encore dans le brouillard vers la chambre de la fille à la gueule de bois et de son allumée de coloc. Ne se souçiant aucunement de savoir si elles dormaient encore, il frappa fortement à la porte et dit.

- Ivi? t'es là! Youhou? Ya quelqu'un?

Puis attendant une réponse, Niko se calla contre le mur. Le réveil de Lucas l'avait mis de mauvaise humeur et n'ayant pas assez dormi, il sentait que sa journée allez particulièrement être mauvaise!

chambre d'Alixtide

La porte des deux mutants Iacobo et Joachim était fermée, et Alixtide colla son oreille pour avoir un indice sur le caractère vivant de la pièce. Il n’entendit rien, et mit sa main libre sur la poignée, l’autre tenant sa tartine de banane et fromage pourris.

Soit les deux gaillards dormaient encore, soit un seul gaillard, soit aucun. Dans tous les cas, ça ne devrait poser aucun problème pour cambrioler quelques chaussettes usagées. Alixtide s’était habitué à sa propre saleté corporelle, et recherchait maintenant des goûts divers et raffinés, afin de marier les effluves de transpiration en tisanes ou en soupes. Il y avait tout un pant de la science culinaire à découvrir, et nul doute que les chaussures du Serbe alcoolique ou du gothique pourrisseur de choses étaient des hymnes à la gastronomie.

Ravi à l’idée de commettre un forfait si facile, il s'aprêta à pousser la porte, mais s'interrompit pour jeter tout de même un regard au bout du couloir, même s’il doutait que quiconque ait l’idée de venir à lui, tout au bout de l’aile des garçons.

*Hé purin ... y'a le gros Niko tout au bout ...*

Impossible de se tromper sur la corpulence du mutant, même s'il était à l'entrée du couloir des filles. Alixtide laissa tomber provisoirement son plan de cambriolage, et courut allègrement jusqu'à son comparse obèse.

"Oh Niko !!! Tu fais quoi ici ? Rien du tout ! Viens m'aider à chercher les chaussettes de Iacobo et Joachim ..."

Dit-il d'un air joyeux sans faire attention à la morosité de son ami.

Saut temporel

Jenifer s'était levée tôt ce matin ! A croire qu'elle était pressée d'aller travailler comme une forcenée... Alors que sa coloc quittait la pièce, Ivy avait vaguement ouvert un oeil en se prélassant dans son lit, puis au bout de quelques minutes, se décida à se lever. Elle n'avait pas changé d'un pouce depuis sa transformation, à son grand malheur, mais trois mois, ça laisse un certain temps pour, sinon accepter la situation, s'y habituer quelque peu et la reléguer au fond de son esprit. Ses amis n'étaient d'ailleurs pas étrangers à ce phénomène et lui avaient permis de s'occuper l'esprit comme elle savait si bien le faire, de petits détails bêtes et de projets grandioses et fantasques. C'était bien les amis quand même.

La digne héritière du géant vert saut du lit comme elle en avait l'habitude, puis alla prendre une bonne douche. Elle en ressortit les cheveux trempés, puis s'était vêtue d'une jupette et d'un petit haut, verts tous les deux. Elle s'était bien vite rendu compte que la couche d'écorce qu'était devenue sa peau atténuait le froid. De toute façon, elle ne sentait plus la chaleur de sa peau depuis sa transformation.
Elle s'apprêtait à prendre une pomme à son pommier magique lorsqu'une voix de garçon attira son attention. Elle ne reconnut pas immédiatement la voix. L'Irlandaise décroche délicatement la pomme de son arbre à petit-dèj, puis se dirigea tranquillement vers la porte, qu'elle ouvrit à la volée.
C'était Niko. Elle dévisagea le garçon sans mot dire des pieds à la tête, puis croqua dans sa pomme, mâchonna quelques secondes en se demandait ce qu'il faisait là, puis constata :

"Gabrielle dort pas avec moi." dit-elle comme si Niko avait pu se tromper de chambre. Elle recroqua un autre morceau de pomme qu'elle mastiqua tout en continuant d'observer l'Atom'X.
Elle avala son morceau, puis reprit :

"Qu'est-ce que tu fais là ?" s'enquit-elle. Peut-être voulait-il lui échanger un truc comme une lotion adoucissante. Avec la surface qu'il avait à couvrir, ça ferait de l'argent de poche à Ivy.
L'odeur d'Alixtide précéda le deuxième larron de la foire. Elle sourit malgré tout au jeune garçon. Sa propre condition lui avait appris à avoir pitié des gens dont la mutation était encore pire que de ressembler à une salade. Et puis le mutant était plutôt gentil, il mangeait son compost.

"Pourquoi t'essaie pas dans la buanderie plutôt ? Y a des chances qu'elles soient prop' celles dans leur chambre tu sais..." conseilla-t-elle, d'autant qu'il était nettement plus facile de s'introduire dans cette pièce commune que dans une chambre.

Avant d'avoir le son, Niko sentit l'odeur. Du bout du couloir, elle traversa l'aile des garçons et une partie de celle des filles. Le gros mutant soupira et prit une dernière bouffé d'oxygène pure avant de devoir supporter "l'infection ambulante " de l'institut.

*Purée! Pas lui ! Pas Maintenant!*

Le regard de Niko se tourna vers le jeune porcher. Il avait encore à l'esprit leur soirée démantielle du concert. Niko avait eut la trouille de sa vie en pensant qu'Alixtide voulait lui piquer son corps. Mais on lui avait apprit plus tard que son seul pouvoir était juste de puer et d'empester les autres. Mais dans le fond et sans vraiment oser se l'admettre, il l'aimer vraiment beaucoup.

Toujours un peu dans le brouillard, Niko prit la parole tout en se rendant compte que pour la première fois depuis son arrivée à l'institut, il ne s'était pas précipité dans la cuisine.

- Des chaussettes? Pourquoi tu veux leurs chaussettes? t'es de corvées de lessive?

Il daigna ensuite répondre à la dévoreuse de végétal.

- Gabye? je la cherches pas? c'est toi que je veux!

- J'ai eu une idée cette nuit pour qu'Alix puisses courrir avec moi sans trop glisser de mon dos. Mais j'ai besoin de toi pour ça! tu peux m'aider?

Il attendit tranquillement la réponse de la jeune fille et lui montra un dessin.

- Tiens regardes, ce serait un harnais que j'attacherais par devant. Comme ça Alix serait dans mon dos et j'aurais pas tout le temps essayer de le retenir pour pas qu'il tombe. Qu'est t'en dis? Par contre la liane doit pouvoir résister a de grandes vitesse!

Alixtide écarquilla les yeux à l’idée saugrenue du mutant-baudet. Puis il se mit à sourire car il n’y avait rien d’autre à faire. La jeune Ivy, légèrement vêtue comme d’habitude et les cheveux trempés, lui donnait des conseils sur la stratégie de pêche à la chaussette. Alixtide leva les yeux au ciel.

« A la buanderie … mais laisse donc faire les spécialistes. Ca ne sent déjà plus rien, à la buanderie ! Et puis toutes les odeurs de lessive, ça gâche tout. Les meilleurs chaussettes, sont celles qu’on pioche dès le matin, après une bonne nuit de baignade dans l’air de la chambre. »

Ses yeux se baladaient sur la peau d’Ivy, qui restait malgré tout une curiosité. Il voyait d’un mauvais œil ce genre de mutation horrible qui arrive sans prévenir.

*Ou qui arrive en mission quand on fait un peu n’importe quoi … Oui surtout ça …*

Se dit-il en recadrant le personnage d’Ivy et se souvenant de moult rumeurs sur l’expédition pharmaceutique de son équipe.
Intrigué par la manigance de Niko, il s’approcha et se pencha par-dessus le dessin pour tenter d’y voir quelque chose. C’est vrai que se déplacer à dos de Niko était un moyen de transport très pratique, et très confortable.

« Faut que je puisse l’enlever aussi hein ton truc … que je puisse sortir en route, au cas où … »

Fortement intéressé par ce sujet, au moins autant que par les chaussettes de Iacobo et Joachim, Alixtide continua à manger sa tartine tout en écoutant les plans de Niko.

Niko écouta tranquillement les propos des deux autres mutant. Son esprit était toujours un peu dans le brouillard, mais il essaya quand même de suivre ce qu'il se disait. Il se tourna vers Alix quand il parla d'avoir un moyen de se détacher.

- Sortir en route??? t'es dingue! on saute pas d'un NTV ( Niko à toute vitesse)... bon ok va pour pouvoir sauté en route, mais je veux qu'on intègre une sécurité enfant dans le système.

Il ignora la remarque comme quoi l'Oryx pouvait courir seul et se contenta de répondre.

- Bah ça pourra aussi servir pour les autres et puis peut-être que Rob en voudra un aussi! Je serais le premier mutant-taxi et ça fera bien dans ton CV de conception. Le lianYvi et après le HarnYvi et imagine l'attraction. On fait sauté les gens du nuage de Sven et après il font un tour en NTV... et j'ai arbitrairement désigné Alix comme cobaye! Si il résiste à la crasse, il peut peut-être résister à la vitesse! Donc si il meurt pas pendant l'essai, on pourra tenter avec quelqu'un de pas trop apprécié comme Math, Georgia ou Iaccobo!

Puis la jeune fille lui conseilla plutôt une liane résistante à la torsion.

-Bah c'est toi l'experte! Moi tu sais les végétaux, j'en veux même pas dans mon assiette!

Alixtide regarda incrédule l’insolente femme-arbre, la toisant avec insistance un peu comme elle venait de le faire pour lui. Il pensa avec défiance.

*Une gangrène de la bouche aux pieds ?? Non mais celle-là … elle prend un peu trop son cas désespéré pour une généralité …*

Alixtide avala une bouchée de pain en écoutant les deux ingénieurs. Il resta rêveur aux propos de la jeune dryade en voie de ramifications.

"Pourquoi courir alors qu'on peut aller bien plus vite ... Eh par contre, je veux bien être cobaye pour tout ce que vous voulez, mais faudra que Niko reste en tee-shirt. C'est ma seule clause de condition. Pas de combinaison étanche ou autre."

Dit-il en s'imaginant lové contre un énorme coussin imbibé de transpiration toute fraiche, à pleine vitesse en plus. Ivresse garantie. Le même dispositif sur Robin cadrait moins bien avec l'idée qu'Alixtide se faisait du confort première classe. Il eut une moue hésitante sur cette dernière proposition de Niko.

"Mouais ... Robin ... Je préfère être cobaye sur toi. Robin ce sera dans un deuxième temps. Et sûrement que je suis résistant à la respiration des vapeurs des sueurs de tous tes bourrelets. Résistant volontaire, purin ! Donc pas besoin de convoquer les autres cobayes. Heu bon tu me diras par communiqueur les essais ?"

Il se tourna vers la mâchouilleuse de pomme et lui tendit la tartine en la désignant de l'index.

"Aillevie faudra privilégier la sécurité du dispositif. Je suis résistant contre la sueur, mais pas contre les chutes de pommes."

Détail très important à formuler quand on se rappelait des dégâts potentiellement causés par le Sven-élévator, ou quelque chose du genre. Alixtide ne tenait pas à faire les frais des folies de ses comparses. Tout ce qui l'intéressait, c'était de se vautrer sur Niko, avec l'adrénaline en plus. Il regarda au bout du couloir, vers la lointaine chambre de Joachim et Iacobo. Il ne voulait pas laisser passer l'heure de la pêche à la chaussette.

Amateur...

On voyait bien que Niko débutait dans le monde des ingénieurs hautement qualifiés. Désigner un cobaye d'office... Il avait de la chance qu'Alixtide soit d'accord ! C'était un coup à s'attirer des ennuis ensuite sinon. Ivy elle, réussissait à recruter des volontaires, des vrais.
La sève d'Ivy ne fit qu'un tour alors que Niko développait son argument.

"Non mais dis-donc ! Qui c'est qui t'a dit que Georgia elle était pas aimée ?! J'vais te dire, Georgia c'est une pure volontaire, et y aura son nom dans le dictionnaire dans l'article réservé à nos inventions, mon vieux, ouais ouais, tu verras !" s'écria-t-elle, un poing sur la hanche, visiblement remontée. Elle avait été sur le point de leur claquer la porte au nez, mais d'un autre côté, elle était assez curieuse de voir Alixtide harnaché sur le Niko le percheron. C'était repousser une nouvelle fois les limites de ses créations : il faudrait en effet un sacré stretch pour supporter tout ça...
Elle se retourna vers sa chambre, farfouilla sur son bureau parmi les touffes d'herbe, et en sortit une des lianes en latex qu'elle avait conçues pour le Sven Ascentionnel. Elle en avait tissé de différentes taille pour s'adapter aux hauteurs. Celle qu'elle ramena aux deux compères était la plus courte.

"Pommes non inclues, Alixtide, c'est juste une Lianevi. Elles cassent pas parce qu'elles sont élastiques." expliqua-t-elle avant de se carrer le trognon de pommes entre les dents, de saisir la liane caoutchouteuse et de la tendre de ses deux bras pour prouver son élasticité aux garçons.

*Doing, doing*.

"Vous voyez ? Essayez avec ça. Passe-la comme ça..." dit-elle en passant la liane derrière la nuque de Niko, avant de faire un tour au niveau de chaque bras, de croiser les deux extrémités sur son ventre et de laisser les deux bouts censés attacher l'odorant chargement pendouiller.

"Tout est dans le noeud après. Y a plein de noeuds qui permettent des manips différentes. Selon le noeud, il pourra se détacher ou rester accroché à toi comme une tique sur le cou d'un clebard. Vous me direz si vous avez réussi, hein ? Moi je vous laisse !" dit-elle en sortant dans le couloir et en refermant la porte de sa chambre derrière elle. Elle avait en effet aperçu tout un petit monde dans le jardin enneigé, petit monde à qui elle avait l'intention de dire bonjour.
L'Irlandaise s'éloigna avec insousciance vers l'escalier.

Jardin

Niko haussa la tête en entendant l'argument de son compère qui vantait les mérites de se déplacer vite plutôt que de courir lentement comme la plupart des élèves de l'institut.

- En T-shirt? Par ce temps? Tu veux ma mort!

Puis Alix avoua qu'il ne voulait pas essayer sur Rob. mais il ne comprit pas trop l'allusion au bourrelets.

- T'as raison, il est trop lent Rob! c'est pas assez impressionnant! De quels bourrelet tu parles! J'ai pas de bourrelet! Juste une peau trop épaisse!

Mais il fut couper par Yvi qui prit la défense de Georgia!

- Oui mais avec son pouvoir elle peut se blesser et nous débarrasser des deux autres en leur passant ses propres bléssures! Moi je trouves ça intéressant!

Puis il regarda la jeune fille lui tendre la liane et commencer à l'enrouler avec comme si il était un rôti.

-Ha oui, c'est exactement ce qu'il me faut... mais par contre pour la sécurité enfant... Bah on mettra du scotch!

La dernière phrase s'adressait surtout à Alixtide car l'ingénieuse fille était déja partit. Puis il regarda sa montre et dit.

-A la limite, on peut éssayait ç maintenant, Tu me laisses quatre à cinq minutes le temps de peaufiner la sécurité et on se rejoind dan le jardin devant la porte d'entrer! Daccord? T'as qu'à faire ce que tu avais prévu de faire pendant ce temps là!


Niko enroula la liane autour de son bras et repartit en direction de sa chambre à nouveau de bonne humeur.

[ ==>Ma chambre et celle de Lucas ]

Alixtide resta perplexe devant les gesticulations d'Ivy. Certes la liane avait l'air solide, mais pour harnacher correctement Niko ce serait une autre affaire. Il avait déjà goûté à l'expérience d'étouffer sous le corps du gros mutant, et il ne souhaitait pas réitérer ce presque suicide à cause d'un noeud coulant mal fait ...

Il se déporta vers le mur pour laisser passer la jeune plante, non sans un regard vers l’intérieur de sa jungle de chambre. Puis reportant son attention sur son gros confrère, il opina de la tête.

"Oui oui, faut fignoler ça … c’est que la matière brute là … Aillevie, la liane, a raison concernant le tique et le clébard. Un harnais pour chien c’est fait de manière scientifique et adaptée. Heu … bref, je te rejoins dès que quand ben j’aurai fini la cueillette …"

Il raccompagna le Niko guilleret jusqu’à sa chambre, puis se sépara de lui pour reprendre son improvisation matinale. La journée commençait sous les meilleurs auspices avec ce projet de NTV.

chambre de Iacobo et Joachim

Foyer

Jen et Nan arrivèrent dans leur chambre verdoyante. Une fois au calme et après avoir déposé un bisou sur la joue de son amoureux, Jenifer lui glissa innocemment :

- Au fait... ça fait longtemps qu'on l'avait pas vu Iacobo... Wind était pas à sa recherche après les retours de mission ? Elle est surement pas au courant sinon elle serait surement déjà avec lui, nan ?! Faudrait la prévenir... ça lui fera certainement du bien de le revoir, même s'il semble... égal à lui-même ! dit-elle avec un sourire malicieux.

Ils s'installèrent sur le tapis de mousse et d'herbe "made by Dryade" et Jen se blottit de nouveau dans les bras de son aimé avant de relever la tête.

- La seule consolation que j'ai c'est d'être encore avec Adam, mais pourquoi est-ce qu'il faut que ce soit au prix d'être séparé de vous... de toi ?! Pourquoi on ne pouvait pas continuer les X-Rays comme... avant...

Il sembla qu'elle se rendait compte de quelque chose puis reprit :

- C'est peut-être mieux ainsi, pas d'être sans toi ou sans Wind mais... Après tout ceux qui sont partis... combler les trous aurait surement été impossible, déjà même la venue de Iacobo semblait comme essayer de remplacer Tim et Gaël... Enzo était là depuis si longtemps ! Il était déjà là quand je suis arrivée à l'institut ! Tim aussi était là depuis longtemps... Oh Nan... ils me manquent tous !

Cherchant à se défaire de ce sujet bien trop pesant, Jenifer tenta de dévier un peu :

- Je crois que nos professeurs aussi ont pris un coup. Mlle Marcin est encore plus glaciale qu'avant, et Cassandre... elle m'a l'air en piteux état, ça me fait mal au coeur de la voir ainsi. On dirait qu'elle n'a pas sourit depuis des mois ! Et sa canne !... Elle ne l'a jamais utilisé auparavant ! Depuis que je suis à l'institut elle s'est toujours déplacée comme si elle voyait, je suppose qu'elle utilisait son pouvoir mais là c'est comme si... elle ne s'en servait plus. Tu sais quand j'ai... l'hélicoptère... je me suis vraiment rendue compte que je pouvais faire du mal aux autres si je ne prenais pas garde. J'ose à peine imaginer ce qu'elle doit subir chaque jour, choisir le moindre mal dès qu'elle veut diriger l'avenir dans une direction... si ce n'avait pas été River peut-être... peut-être que 3 ou 4 élèves seraient morts à sa place ! Ou que Cérébra serait entre leurs mains pour servir leurs intérêts ?! Personne ne devrait avoir un tel poids sur les épaules. Je crois... je crois qu'on devrait aller la voir, ou... demander à Adam de lui parler ?

Posant ses grands yeux émeraudes dans ceux de son ancien équipier, Jenifer passa de longues secondes à sonder l'océan de calme de son regard. Elle finit par briser le silence et dit :

- Tu me promets de bien faire attention à toi, maintenant que je peux plus botter les fesses de Hope si elle t'attrape...

Un large sourire illumina son visage. L'important était qu'ils étaient ensemble, qu'ils était toujours là, que l'institut était toujours debout et plus vivante que jamais. Les nouveaux professeurs avaient au moins eu l'avantage de redonner un second souffle après les mois passés à panser les blessures tant physiques que psychiques et même le bâtiment éventré était de nouveau intègre. Cela redonnait tout de même un peu d'espoir dans les ténèbres actuelles.