[Décembre 2007]Cassandre Deneos : philosophie (appliquée)

Le sujet était passionnant et passionnait. L'enthousiasme démontré par Georgia en était la preuve, mais en réalité, tous les élèves avaient leur mot à dire, même Kitty. Cassandre réprima à grande peine un sourire qui tentait d'animer un peu son expression faciale.

"Allons Juliette, ne va pas jeter la pierre sur ce pauvre Math." dit-elle doucement à l'intention de la jeune gothique, dont les paroles dépassaient bien souvent son propos. Elle commençait à connaître Juliette et sa tendance à se laisser emporter pour faire valoir son opinion, mais le but n'était pas d'accabler les autres participants au point de leur passer l'envie de s'exprimer.

"Ce que j'entends par là Juliette, c'est qu'il est important d'apprendre à remettre en question les ordres établis, que ce soit par nous ou par d'autres. Vous vous doutez bien que vous pouvez nous faire confiance, mais... l'erreur est humaine." souligna-t-elle en accentuant ce dernier mot avec amusement.
"Ce que j'aimerais au final, c'est que vous réfléchissiez par vous-même." conclut-elle avec simplicité. Elle se tourna vers Georgia, dont l'allusion aux psy n'était pas sans éveiller la perplexité.

"Tu peux considérer que ce que tu viens de dire est tout le propos de ce cours en réalité. Il s'agit bien de s'approprier ce mot." lui dit-elle, en tournant à l'angle du couloir. Ils s'étaient éloignés de l'aile des salles de classes et s'enfonçaient dans les ailes de vie de l'institut. Ils finirent par déboucher sur le foyer.

"C'est un peu comme s'approprier une pièce." dit-elle en entrant dans le foyer. Tout était rangé comme à l'accoutumée, à part une bâche qui traînait contre le mur du fond.
Elle invita les élèves à entrer avec elle, puis se retourna vers eux, les yeux fermés mais une expression dégagée sur le visage.

"Nous avons abordé les différents aspects de cette notion et plusieurs fils conducteurs ont fini par émerger. L'essentiel étant de les identifier, pas de les faire régner. Cette pièce vous la connaissez bien. Vous y venez tous les jours, elle fait partie de votre vie à l'institut. Pourtant... elle vous reste étrangère non ?" dit-elle en désignant le mur vierge situé derrière elle. La pièce était chaleureuse, mais rien n'était là pour la démarquer des autres pièces de vie, rien ne la désignait comme le lieu sacré des élèves. Les foyers des établissements où elle avait eu l'occasion de travailler étaient différents, les jeunes y avaient toujours laissé une marque indélébile.

"En un sens, c'est un peu comme cette condition de mutant. Nous ne l'avons pas voulue, mais elle est là, elle fait partie intégrante de nous et de notre vie. Et pourtant, elle nous reste, même à nous vos professeurs, étrangère par certains aspects. L'accoutumance ne fait pas tout. Considérez votre mutanité comme le foyer. On vous l'a donné mais vous ne l'avez pas accepté, vous ne vous l'êtes pas encore approprié. Nous allons arranger ça tous ensemble aujourd'hui. Ce mur n'attend que vous pour prendre une couleur, une image, pour représenter ce que vous aurez voulu qu'il représente." dit-elle dans une transition métaphorique certes, mais qu'elle pensait instinctivement compréhensible.
Elle se pencha pour soulever la bâche. En dessus se trouvaient des pots de peinture, des aérographes, et tout le nécessaire pour réaliser une fresque murale. Cassandre farfouilla dans un sac et en tira des T-shirts, qu'elle tendit à chaque élève.

"Enfilez ça pour ne pas vous tacher, votre directeur les a écrits lui-même, ils disparaîtront quand nous aurons terminé." leur expliqua-t-elle, après quoi elle arrangea la bâche contre le mur pour protéger le sol.

"Utilisez vous-même nos réflexions de tout à l'heure, transformez-les, donnez-leur une substance imagée. A la fin du cours, ce mur devra répondre à l'intitulé de la séance selon vos propres critères étayés par notre réflexion de groupe. Si vous avez besoin d'un coup de main, n'hésitez pas." leur dit-elle en s'écartant pour leur laisser la place d'investir l'atelier peinture du jour. L'activité pouvait sembler inhabituelle, mais elle lui apparaissait comme un prolongement logique de leur travail en classe. Il y aurait du ressenti, de la réflexion intérieure et de groupe, leur sensibilité humaine en somme, mêlée à la thématique du cours et ses implications, le tout en forçant les élèves à s'impliquer personnellement dans le sujet, de s'approprier la pièce ET le mot du jour, de trouver des liens entre leurs pensées et les images... Car c'était bien ça, le sens éthymologique du mot "intelligence" après tout : c'était créer des ponts là où il n'y en avait pas.

[hrp : continuez de jouer au tour par tour. Clairement, votre objectif est d'élaborer ensemble une fresque murale sur le mur du foyer, avec pour thème la condition mutante. Vos discussions devront amener à la réalisation graphique en rp du projet dans le temps imparti jusqu'à la fin du cours. Les pouvoirs sont autorisés mais la faisabilité de vos actions sera vérifiée avec vos barèmes, ne faites pas n'importe quoi (en cas de doute, faites une résolution partielle). Considérez que vous disposez de tout le matériel dont vous avez besoin. Si vous arrivez en plus à produire une véritable création graphique de qualité à la suite de ce cours, ça sera très apprécié mais ce n'est pas une obligation. Si vous avez des questions, ma boîte mp est là.]

Ainsi c'était donc ça ? Le but du cours était de réaménager un mur blanc aux couleurs de leurs espoirs, de leurs combats, de leur être... Cassandre était finalement très moderne comme psy ! A moins que ce ne soit qu'un moyen détourné pour analyser leur inconscient et en faire sortir autant d'hystériques, de bipolaires ou de psychotiques qu'il y'avait de mutants présents dans la salle (avec peut être pour Georgia un début de maladie de Pick, on ne savait jamais...) à l'aide de ce test de Roschach improvisé...

Toutefois, l'idée lui plaisait bien. Allez au delà des mots pour s'exprimer en agrégats émotionnels et visuels... Etrange pour une aveugle toutefois...

Georgia retira le vieux débardeur qu'elle portait sur le dos et l'envoya valdinguer dans la salle. Pas de pudeur en art. Il fallait se dévoiler. Le mur ne serait que le support. La matière, la peinture et tout ce qu'ils pourraient trouver. Le médium, les pinceaux, les bombes, elle même... Elle allait tout donner, ça oui, elle le savait...

Toutefois, avant de se lancer à faire n'importe quoi et à ruiner un mur qui n'en demandait pas tant, elle fit face à ses camarades :

"Bon, moi comme je vois le truc, c'est qu'il faut exprimer ce mot, mutanité, qu'on a déjà du mal à définir. Il est essentiel toutefois que chacun d'entre nous mette sa touche personnelle, ses idées, sa personne... Et Cassandre, y compris ! Moi ce que j'aimerai, c'est que cette fresque soit un chantier perpétuel où chaque personne de passage ici pourrait y ajouter quelque chose. Cette fresque doit être notre expression de la communauté. Et une communauté c'est ouvert ou ça meurt..."

Elle observa à nouveau le mur. Un peu perplexe.

"Pour moi, ce truc, la mutanité, c'est effectivement un lien entre nous et les autres. Entre le passé et le futur. Entre nos espoirs et nos craintes"

Elle avala sa salive.

"Moi je vois un truc qui pourrait se lire de gauche à droite. Ca peut permettre de traduire le passé comme le présent ainsi que le futur. Mais aussi, par dessus, nos craintes comme nos espérances. D'un côté une communauté qui se sclérose, qui souffre, qui est repliée, persécutée... L'enfer social en somme où la misère de nos frères mutants nous touchent... Et de l'autre, ceux vers quoi on tend, la cîté, celle où les conditions de vie minimum sont assurées pour tous. Au delà de ça, la mutanité c'est le changement, la différence... Ca veut dire, pour moi, que nous sommes à la fois si loin et si proche des humains normaux. Là on pourrait jouer en prenant plusieurs photos de nous, par exemple et en les retouchant par petites touches pour jouer sur la similitude et la différence. Si notre génome est différent de celui des humains, nous sommes aussi différents les uns des autres. Et puis mettre des visages humains, c'est toujours renvoyer l'autre à un effet miroir qui réfléchit et fait réfléchir"

Commencer lui démanger, mais il fallait finir d'exposer sa vision.

"Enfin, si on est une communauté c'est aussi pour se battre. Et une communauté qui se bat, son lien c'est la terre et les morts. Notre terre c'est l'Institut et partout où les notres souffrent. Les morts, il faut les honorer, s'en souvenir... De plus, j'aimerai bien que l'on écrive les mots qui nous font souffrir dessus, pour une fois pour toutes les neutraliser, les détourner, les pervertir, les approprier, pour désarmer l'adversaire..."

Et pour conclure :

"Et il faudra mettre beaucoup de relief à cette peinture. Il faut pouvoir la toucher et la ressentir. Et pas que pour Cassandre. A mon sens, la fresque sera une expérience émotionnelle compléte et évolutive ou ne sera pas !"

Georgia venait d'envoyer paître ses godasses et les fit rejoindre son débardeur. Le TShirt d'Olivier toujours à la main, elle se préparait à faire de l'art en action et du body art... Salut l'artiste !

Il avait bien semblé que le chemin emprunté s'écartait des salles de cours et Jenifer resta perplexe lorsque Cassandre tourna dans le Foyer. Apparemment, elle avait bien préparé son coup avec la grande toile accrochée au mur, les peintures et tout le matériel. Elle avait même pensé aux T-shirt evanescents made in Fleury.

Si le lieu était incongru, la raison était bonne, pas forcément simple à mettre en oeuvre mais elle était intéressante. Peindre une fresque, s'approprier le lieu et le message, c'était engageant mais loin d'être évident. On lui aurait demandé de prendre des photos ç'aurait été bien plus simple, Jen avait pris le coup à présent et ses clichés gagnait en qualité.

Georgia arracha un soulèvement de sourcil inquisiteur à Nova. La jeune femme était-elle possédée ou simplement déjantée ? Peut-être un peu des deux... Son striptease termina d'éberluer Jenifer. C'était décidé, elle était complètement cinglée cette fille. Et son speach n'était pas pour infirmer cette idée.

* Bah après tout... des barrés yen a d'autres ici... * se dit-elle en haussant les épaules.

Jen se tourna vers la toile blanche. Trouver une idée pour illustrer les conceptes évoqués... facile à dire ! Comment exprimer son sentiment face à la condition mutante, ses espoirs, ... enfin tout ce fatra qui lui passait par la tête. Le plus simple était de coller à ce qu'elle savait faire : la photographie. Quelle photo aurait pu illustrer ce qu'elle pensait ? ...

- J'ai une idée... je verrais bien un homme de face, torse nu, les bras croisés devant lui et les mains tenant la hanche opposée comme s'il cherchait à ne pas se diviser car, par exemple, la moitié gauche de son corps est... "normale", alors que la moitié droite est un mélange avec des parties couvertes de fourrure, d'autres avec des écailles ou des flammes... Pour illustrer l'unité, le fait que mutant et humain ne sont pas dissociés et ne le souhaitent pas... du moins je l'espère.

Jen balaya ses camarades du regard, cherchant une réaction quelconque à son idée.

[hrp : étant donné les absences pour les fêtes, finalement vous pouvez poster en roue libre comme en mode vie (laissez quand même des portes ouvertes pour permettre aux autres de participer). Faites en sorte d'avoir terminé entre le 5 et le 10 janvier grand max et tant pis pour ceux qui n'auront pas pu participer, j'avais prévenu.]

Math suivit Mlle Deneos jusqu'au salon. Il n'y avait encore jamais mit les pieds, une autre destination à inscrire dans son calepin ... L'idée était maintenant de créer, sur un murs du salon, une fresque philosophique qui représenterait ce que sont les mutants en quelque sorte. Georgia semblait très motivé ... tellement motivé qu'elle en oubliait d'être pudique...

*je savais que Georgia était folle, mais à se point là !*

Elle explica ensuite ce qu'elle voulait sur la fresque, et Jenifer pris sa suite.

-"Pour reprendre ton idée, que je trouve superbe jenifer, pourquoi ne pas rajouté à cet homme deux bras suplémentaire un peu comme un dieu indien qui tiendrais au dessus de sa tête, la terre, pour renforcer ce sentiment d'unité mondiale ? Un genre d'Atlas qui au lieu de porter le ciel porterait la terre qui est son fardeau, comme nous nous portons nos pouvoirs qui sont en quelques sorte des fardeaux dont nous nous sommes accomodés !"

Math ne savait si son idée allait plaire mais lui la trouvait très symbolique, et les symboles marquent l'histoire et défi le temps ! Plus cette fresque contiendra de symbole, plus elle deviendra symbolique, plus elle prendra en valeur historique ! Georgia avait aussi raison il fallait laissé de la place pour chaque membre de l'institut actuel ou futur puisse y rajouté sa petite marque.

Kitty avait suivit Cassandre à travers les couloirs de l'institut. Ils arrivèrent finalement devant le foyer. La fillette suivit les autres dans la pièce. Cassandre commença à expliquer ce qu'ils allait devoir faire. Ils allaient peindre sur un mur. Cette activité enthousiasmé la petite fille. Elle trouvait ça beaucoup plus intéressant que de discuter dans une salle de classe. Elle prit le tee-shirt que lui tendait la psychologue et le mit. C'est alors qu'elle vit Georgia se déshabiller mais pourtant elle ne mit pas le tee-shirt. Elle se mit à parler puis envoya ses chaussures rejoindre le débardeur.
La petite fille trouvait vraiment cette fille bizarre.

*Mais elle est complètement allumée cette fille. Pourquoi elle fait ça?*

Kitty ne comprenait pas où Georgia voulait en venir. Elle écouta ce que disait Jenifer. La petite fille répondit:

"Moi je suis d'accord avec toi Jenifer. Et on pourrait aussi faire des personnages qui représentent les humains tenant la main de personnages avec des ailes, de la fourrure ou tout bleu pour bien montrer que les humains et les mutants peuvent vivre ensemble et qu'on est semblable même si on a une petite différence. Que mutanité n'est pas différent d'humanité."

La fillette fit un sourire à la X-Rays et s'empara d'un pinceau. Elle attendit les suggestions des autres élèves. Toutefois, elle garda un œil sur Georgia intriguée par ce qu'allait faire la jeune fille.

Joachim vit Georgia se mettre en tenue. Se désapper à moitié en fait.

*Mignone, impudique mais mignone...

Il déboutonna sa chemise. Tant pis pour le géopolymère, quelques taches de peintures n'étaient pas très grave, au pire... la peinture a une légère phase organique, il pourrait essayer de la faire partir de manière violente... Il s'approcha de Georgia, regarda le mur puis reprit de la distance. La psy du coin ne voulait pas uniquement les voir dessiner, elle voulait du sens dans l'image. Il allait falloir jouer très finement.

"J'aime beaucoup l'idée de l'humain typé Double-face dont chaque moitié retient sa moitié, désolé Kitty... je préfère vraiment l'image de la dualité dans un même individu plutôt que la réunion de deux être, le sens est différent je pense. L'idée de porter sa croix je suis pour aussi. Mais je dois avouer que l'idée de Georgia me plaît beaucoup, un mur d'expression, voilà ce qu'il nous faudrait... un endroit où chaque personne qui passe par là et qui soit équipé d'un pinceau ou d'un marquer puisse ajouter sa touche, dans le respect de ce qu'il y a avant bien sûr ! Ce qu'on pourrait faire, c'est construire ce mur autour de la fresque de l'homme séparé. Par contre, si chaquemoitié retient l'autre, alors, peut-être laisser un "trou" pour montrer qu'il y a une séparation à défaire pour réunir les choses. Qu'il y a une différence outre l'apparence, qu'il y a des éléments qui se repoussent... Peut-être un petit peu gore, mais représentatif à mon sens."

Il marqua une pause, et souriant, il se tourna vers Cassandre

"Excusez-moi... mais... je pourrais avoir les dimensions aproximatives du mur si vous les connaissez, c'est important au niveau composition...

(HRP : Vous inquiétez pas on fera un rendu graphique... c'est impotant, j'vais bosser là-dessus moi, mais faudrait un chouia plus d'éléments d'abord)

Rachel avait les sourcils arqués et la bouche dans un sourire en coin. Ce n'était pas le fait que Georgia retire une partie de ses vêtements...Mais c'était surtout le fait qu'elle réfléchissait vraiment à ce qu'ils pouvaient faire comme montage. Elle écouta attentivement ce que Jenifer et Kitty avait à dire et hocha vivement la tête. Elle s'exclama:

"C'est une bonne idée, Jen!"

Rachel réfléchit encore un moment et exposa l'idée qu'elle avait eu avant d'entendre celle de Jen et Kitty. Elle ne savait pas si cela vallait la peine d'être dit. Ce n'était peut-être pas pertinent. La bonne humeur de Rachel prit sur le dessus sur les doutes qu'elle avait. Elle dit:

"J'avais d'abord pensé faire une ligne de temps. Mais après avoir entendu l'idée de Jen, j'ai pensé à autre chose. Sur la première partie du siècle on pourrait voir un homme moitié caucasien et à moitié noir. Puis, maintenant sur la ligne du temps, on pourrait montrer un homme à moitié mutant et à moitié "normal".

Ou bien, en restant avec ma ligne de temps, faire évoluer les personnes qui se donnent la main avec le temps. Au début, juste des blancs, puis d'autres races, puis des mutants."

Cassandre s'était écartée des artistes en herbe, s'était posée silencieusement sur le bras d'un fauteuil. Au ton des voix, elle sentit une certaine effervescence dans le groupe, comme les bulles frémissante à la surface d'une eau portée à ébullition. Elle était contente de déceler un tel enthousiasme parmi les élèves, de voir quelque chose les motiver, leur arracher un sourire ou un rire. C'était ce genre de petits détails qui forgeaient une vocation comme la sienne.

L'une des remarques de Georgia la toucha plus particulièrement, sans que la jeune fille ne semble s'en rendre compte. Elle s'était volontairement écartée des élèves pour signifier qu'il s'agissait là d'un projet d'élèves réservé aux élèves dans une pièce qui était censé être leur lieu de détente, l'endroit où il pouvait faire un peu ce qu'ils voulaient. Le fait que l'adolescente songe à l'inclure dans le projet lui décrocha un léger sourire.

"Ne vous en faites pas pour moi, j'ai plus de façons de voir votre oeuvre que vous ne le pensez. Une oeuvre en perpétuelle évolution... c'est une jolie métaphore de la condition humaine, en effet..." répondit-elle, les yeux rivés au plafond. Lorsqu'on y pensait, sa touche personnelle était intrinsèque à l'oeuvre elle-même, quelle qu'elle soit. Elle écouta pensivement les idées qui fusaient, non sans une certaine satisfaction à voir tout lemonde participer, même la petite Kitty qui semblait prendre le projet à coeur.

"Avez-vous déjà entendu parler de l'homme de Vitruve ?" demanda-t-elle alors. Les élèves cherchaient visiblement à donner une ampleur symbolique à la fresque, aussi crut-elle utile de leur suggérer une piste supplémentaire pour accompagner leur travail.

"Il s'agit d'un croquis très célèbre de Léonard de Vinci. On y voit un homme inscrit à la fois dans un cercle et un carré. Il existe toute une théorie sur les proportions de cet homme, mais ce n'est pas là ce qui nous intéresse le plus. On a parfois désigné ce croquis sous le nom d'homme universel. L'idée de Jenifer me rappelle un peu ce dessin... et puis il y a un cercle pour ton globe, Math." dit-elle après quelques secondes de réflexion. Ce n'était là qu'une idée de plus.

"Ce mur fait très exactement 9,01 mètres de longueur sur 2,53 mètres de hauteur. Cela vous laisse la place de faire une composition évolutive à plusieurs facettes. La ligne temporelle de Rachel et Georgia pourraient également y avoir sa place..."

Cette dernière idée lui rappelait fortement ces vieilles frises de l'évolution humaine depuis la préhistoire qu'on trouvait dans les salles de classe en maternelle et en cours de biologie. Avec les idées qu'ils venaient d'exposer, ils partaient sur de bonnes bases pour véhiculer un message sur différents niveaux de lecture.

Georgia était excitée comme une petite puce ! Les idées fusaient et l'histoire de la figure au centre de la fresque lui semblait plus qu'intéressante...

"Cassandre, quand je pense notre oeuvre, je pense à toi aussi... Là on est sur du culturel, je pense que la barrière prof / élèves peut se lever quand on aborde de tels lieux, non ? Ca serait bien que tu fasses quelque chose, n'importe quoi, un truc qui te vient du coeur"

Elle avala sa salive. Elle avait encore des détails techniques à faire partager mais surtout, surtout, sa vision générale de ce que devrait être ce truc...

"Si à travers ça, il faut faire partager ce qu'est la mutanité, il ne faut pas tomber dans le piège du localisme... Certes, on a chacun nos particularités, nos sensibilités... Toutefois, tout ça mis bout à bout, ça doit faire un peu d'universel... A la fin, je pense que ça va faire un truc commun à nous huit... Mais pour aller au delà, il faut accepter que d'autres puissent y ajouter, leurs idées, leur vision de la chose... L'oeuvre doit être évolutive. Plus le terme de mutanité prendra du sens, du réel au fur et à mesure des mois à venir, plus cette oeuvre devra se complexifier. Il faut que cette fresque soit une chaîne nous reliant tous, un messager qui soit compris de tous..."

Georgia se mit dos à la fresque.

"Les bonhommes qui se tiennent la main, ça me plait assez, mais ce n'est qu'un aspect. La mutanité c'est un point de passage obligé. Mais ses ramifications seront nombreuses. Que ça soit vers une amitié sans limite ni distinction très bien... Mais ça sera aussi des croix à porter... Des combats à mener. Nous ne devons pas nous cantonner à mon sens, à une interprétation purement optimiste de notre futur... Parce que le passé ne l'est pas, tout simplement..."

Elle mit les mains sur les hanches.

"Moi ce que j'aime c'est le jeu graphique sur les mots. Les mots de nos maux, on pourrait dire. A ce titre, pourquoi ne pas intégrer à notre fresque des slogans qu'on pourrait récupérer dans de vieux exemplaires de la Sentinelle ? En les détournant, en les pervertissant, en les retravaillant, en en faisant une critique subversive ? Faire en sorte que leurs grenades textuelles, deviennent autant de pêtards mouillés..."

Georgia releva la tête. Elle était fière de participer à cette oeuvre.

"J'ai en tête un certain nombre de slogans que je verrais bien sur cette fresque. Certains sont littéraires. D'autres sont de vieux graffitis de mon quartier. Nous pourrons en trouver d'autres. Les mots, c'est des clés pour comprendre notre monde... Parce qu'à l'origine était le verbe !"

Elle compta sur ses doigts les phrases qu'elle égrenait une à une, comme autant de composantes d'un chapelet imaginaire...

"Le monde est en flammes / Silence = Mort / Je ne veux pas que tu meures / L'enfer social est à nos portes / J'ai besoin d'amour / Information = Savoir / L'ignorance est un ennemi / l'Académie en péril... Ce genre de trucs qui ne portent pas sens en tant que tels, mais qui face aux chocs des images fait ressortir le poids des mots / des maux..."

Enfin elle déplia ses bras et les tendit à hauteur d'épaules...

"Bon pour votre bonhomme à la Da Vinci, il n'y a plus qu'à me jeter dessus un pot de peinture et il apparaîtra en négatif... Parce qu'on ne peut se définir que par ce qu'on n'est pas... Vu qu'on ne sait pas qui on est. En plus, ça fera un bel effet Hiroshima, non ? La mutation faite homme en somme..."

Georgia attendait qu'on lui jette la première dose de peinture...

Juliette demeura perplexe aux paroles visiblement agressives de Jennifer... Un mouton..? Et alors..? la jeune femme lui aurait bien volontiers répondu que au moins, les moutons c'était tout mignon, contrairement aux langues de vipères qui ne cessaient de jeter leur venin plein de hargne aux pauvres petites boules de laine sans défense... Mais elle s'en abstint, jugeant être bien au dessus d'un tel comportement et, plus important, bien plus sensée que la petite sauvage qui s'en prenait ouvertement à sa personne sans qu'elle ne sache trop pour quelle raison. Juliette ignora donc avec une superbe éhontée la jeune fille, et se concentra de nouveau sur une personne véritablement importante à ses yeux...

Une fois de plus, Cassandre avait tempéré avec douceur la fâcheuse tendance de la gothique à toujours mettre en avant son point de vue, sans froisser celle-ci. Mais force était de reconnaitre, que la psychologue avait une grande facilité en la matière, tant Juliette voulait lui plaire. En fait, elle-même reconnaissait avoir été un peu loin envers Math, même si elle ne regrettait pas un seul instant son propos que, en aucun cas, elle ne reniait. Math voulait le beurre et l'argent du beurre, et cela était une chose impossible pour le jeune femme, surtout dans un tel débat philosophique. Lorsque Cassandre lui signifia qu'ils se devait toutefois de réfléchir par eux-même et de remettre en question les propos tenus par les professeurs car l'erreur était fatalement humaine, Juliette sourit doucement et dit à la jeune femme d'un ton légèrement taquin :

"Entendu, la prochaine fois que vous voudrez me fausser compagnie, je ne vous laisserais pas faire, c'est promis Cassandre !"

Juliette, ou l'art et la manière de détourner un propos et son sens premier... Tout une histoire, lorsque l'on y songeait... Mais elle aimait visiblement cela.

Finalement, les pas de la petite troupe les menèrent... Au foyer..? Pour une surprise, cela en était une. De plus, Juliette ne venait pratiquement jamais dans cette pièce, si ce n'était l'espace de quelques minutes... Trop de monde, ce n'était pas là, la tasse de thé de la gothique. Elle se demanda ce que Cassandre pouvait bien leur apprendre sur le sens du mot mutant dans cette pièce, lorsque la psychologue dévoila l'objet de sa pensée sous la forme d'un éventail d'outil pour peindre et dessiner. A la fois étonnée mais ravie, Juliette afficha un sourire lumineux qui se dissipa quelque peu lorsque Cassandre leur expliqua son projet.

Une fresque illustrant le mot mutant dans son sens le plus large..? Un travail de groupe..? Juliette détestait dessiner à plusieurs mains, ce n'était pas son habitude... Trop d'avis à prendre en compte, trop de refus de ses propres idées, de ses propres ressentis... C'est d'une main peu engagée, qu'elle attrapa un des tee-shirt gracieusement créé par Olivier, sans toutefois le mettre. De toute manière, Juliette ne pouvait l'enfiler avec sa robe... les soyeuses bretelles sombres qui tombaient sur ses bras gêneraient l'ajustement des manches de ce dernier... Et il était hors de question qu'elle se tâche avec de la peinture... Finalement, Juliette n'avait pas d'autre choix que de se contenter de rester en retrait du travail collectif, ce qui en soit l'agréait plutôt à vrai dire... Elle aimait dessiner, mais... Seule... Et puis la encore elle devrait batailler pour imposer sa propre vision artistique du sujet, ce qui lui faisait craindre, de la part de Cassandre, une certaine lassitude à son égard. C'était une pensée insupportable pour la gothique, qui, pour la peine, arrivait finalement à maitriser son perpétuel emportement... Le miracle de l'amour..? Allez savoir...

Pendant ce temps, les idées fusaient chez les autres élèves, dont certaines lui paraissaient absolument délirantes... Toute aussi délirante, que le comportement de Georgia qui se mit pratiquement à demi nue devant tous le monde. En soi, cela ne la gênait pas le moins du monde, mais peut-être que tous ne seraient pas de cette avis... Sans oublier Kitty, quelle image c'était là pour la fillette, que de se dévêtir ainsi devant des garçons...

Les idées fusaient donc dans tous les sens, certaines assez bonnes, et d'autres... Originales... Toujours en retrait de par son incapacité à porter le tee-shirt protecteur, Juliette se contenta d'écouter les avis et propositions de tous un chacun, lorsque Cassandre intervint avec une idée des plus excellente. L'homme de vitruve, l'un des plus célèbre dessin de Léonard de Vinci, et peut-être même, le dessin le plus connu au monde après l'indétronable Joconde et son plus que énigmatique sourire délicieusement tendancieux. Ne voulant toutefois pas rester en reste par rapport groupe, au moins pour montrer à Cassandre qu'elle faisait de son mieux pour s'intégrer, Juliette proposa une idée qui, selon elle, devrait satisfaire les avis de tout le monde...

"Et si on imageait le fait que la frontière entre le mutant et le non mutant est finalement très flou dans l'absolu, par un brume qui baignerait tout la fresque..? Elle symboliserait l'idée que personne ne sait véritablement ou s'arrête l'humain, et ou commence le mutant... Ce serait, à mon sens, une manière très juste d'illustrer l'incertitude dans lequel le terme de mutant baigne, depuis que nous sommes réapparu dans le monde..."

Oui... L'idée paraissait assez bonne à Juliette, et en plus cela n'empêcherait nullement les autres d'apposer leurs propres visions, fut-elle totalement insensées pour certains.

"En revanche..." ne put-elle se retenir d'ajouter en dépit de ses bonnes résolutions "Je trouverais stupide de rajouter des mots ou bien des phrases... Le dessin se doit de se suffire à lui-même dans son expression la plus métaphorique. Si on voulait utiliser les mots, on en aurait un bien meilleur usage en écrivant un texte, purement et simplement..."

Fidèle Juliette, qui malgré ses bonnes intentions ne pouvait décidément pas se retenir de tenter d'imposer au moins l'un de ses avis qu'elle jugeait très juste... Mais dans son esprit, la chose était très clair : une fresque s'exprimait soit à travers le seul dessin, soit à travers les seuls mots... Les deux n'étaient certes pas incompatible, Juliette en convenait bien volontier... Mais pas dans le cas présent...

Georgia baissa les bras... Personne ne se dévouait pour l'asperger de peinture et la transformer en pochoir humain ? Décidément, il fallait tout faire toute seule ici...

"Ben oui, Juliette... Stupide, c'est le mot... Après tout, il convient bien non ? Tu ne trouves pas ? On ne peut pas toujours s'adresser aux mutants intelligents... Du coup faut aussi trouver des trucs pour que ça marche aussi pour ceux qui ne savent pas... Mais savoir quoi ? Parce que bon, la mutanité, on en a une toute petite idée, pas énorme, individuelle... Et en y réflechissant bien on ne sait pas trop ce que c'est. Alors, il faut trouver des symboles, des signifiants pour coder notre message, pour que quiconque regarde notre fresque puisse se dire "Ca me questionne, ce truc de mutants !". Donc, ouais il faut rester ouverts. Et métaphoriques. Pour faire sens"

La New Yorkaise s'approcha d'un pot de peinture. Noir ? Rouge ? Bleu ? Vert ?

"Et bon le texte, faut pas le voir comme une légende... Non, faut considérer la graphie des lettres, la symbolique qu'il peut y'avoir derrière les mots, ce genre de choses... Et puis, c'est une oeuvre qui doit être collective et représenter quelque chose pour nous tous... Du coup, on se concerte, on palabre, mais chacun fait ce qu'il veut..."

Georgia venait de se saisir d'un pot de peinture verte. Elle l'observa et à la réflexion le reposa.

"De toutes manières le trait de peinture que l'on pose sur la toile ne nous appartient plus à partir du moment où on le pose... C'est aux autres, ceux qui viendront voir, qu'il appartient momentanèment... On est acteur de la toile, dans le sens où c'est elle qui nous agit et pas l'inverse... Je ne fais pas sens, Juliette, mais en art ce n'est pas important de faire toujours sens... Sur ce, ma belle, j'ai rendez vous avec un mur"

La New Yorkaise se retourna par pudeur et par goût de la dramatisation. Puis rapidement, d'un seul trait, elle envoya valdinguer son soutien gorge, se saisit du pot de peinture verte et se le vida sur la tête de manière à s'asperger l'intégralité de son corps d'artiste un peu vrillée.

Enfin elle alla se plaquer contre la toile. Pour faire le bonhomme de l'autre italien. En tampon humain ce coup ci. Deux bras. Quatre bras. Six bras. Le compte était bon.

Son pinceau à la main, Kitty écouta les idées des autres élèves. Elle fit la moue à la réponse de Joachim. Pourquoi on prendrait l'idée de Jenifer et pas la sienne? C'est comme ça qu'elle voyait le mot mutanité et pas autrement. Puis Rachel prit la parole. La fillette aimait beaucoup son idée.

"Moi j'aime bien ton idée Rachel. Et il y a assez de place pour faire les deux frises."

Puis Cassandre prit la parole donnant son avis sur ce qui avait été dit. Elle parla de l'homme deVitruve. Kitty ne savait pas ce que c'était mais sa curiosité fut vite assouvit car la psychologue leur expliqua. La petite fille trouvait que ça serai une très bonne idée d'un faire un en version mutant. Mais elle n'eut pas le temps de le dire que déjà Georgia et Juliette donnait leur avis sur la question. Kitty remarqua que la gothique restait à l'écart de la peinture et n'avait pas enfilé le tee-shirt. Elle ne comprenait pas vraiment le discours de Georgia mais Juliette semblait l'avoir compris puisqu'elle répondit à la jeune fille. Cette dernière répondit à la JustiX puis quand elle eut finit de parler, elle leva son soutient gorge, se versa de la peinture verte sur la tête jusqu'à ce que son corps soit recouvert et alla se plaquer contre le mur. Kitty ne comprenais pas pourquoi la jeune mutante faisait ça. La fillette resta bouche bée et les yeux écarquillés devant la scène à laquelle elle venait d'assister. Kitty ne bougeait plus et elle ne savait plus quoi dire. Un air d'incompréhension se lisait dans son regard.

*Mais qu'est ce qui lui a pris de faire ça?*

Peut-être par soucis de réconciliation ou parce qu'elle trouvait l'idée intéressante, Jen commenta l'idée de Juliette, non sans un air presque gêné quant au fait d'approuver une idée de la gothique :

- J'aime bien l'idée du flou entre humain et mutant, c'est une idée à creuser... enfin c'est pas mauvais du tout quoi ! dit-elle dans une légère imitation de Juliette.

- C'est pas tout ça mais faudrait s'y mettre, le tableau est presque tout nu... Enfin je veux dire qu'il est tout vide ! se reprit-elle en sentant l'allusion au pinceau plus que cocasse de la givrée de service.

- Maintenant que la base pour le mutant de Vitruve est faite, on peut faire la frise en tourbillon. Si quelqu'un veut bien m'aider pour mon Janus sur fond flou parce que je risque d'avoir un peu de mal !

Jenifer prit un pinceau et resta pensive devant la peinture à employer. Elle ajouta :

- On peut même imaginer un raccord un peu flou entre les deux moitiés du personnage... dit-elle à qui voudrait l'entendre.

Cassandre hocha pensivement de la tête une fois que Jenifer eut terminé de parler, comme si elle tentait de déterminer si le groupe était prêt à commencer ou non. Quelques secondes plus tard, elle se leva du bras de fauteuil sur lequel elle s'était assise et se rapprocha du mur-toile, main sous le menton, le coude soutenu par son autre main dans une expression contemplative. Bien qu'elle ne voyait pas à proprement parler le mur, elle sentait la fresque prendre forme et semblait boire des yeux le mur vide à peine entamé par Georgia.

"Oui... Nous avons amplement de quoi appliquer toutes vos idées... Vous n'avez qu'à vous regrouper pour travailler chaque aspect différent de la fresque et vous répartir le long du mur. Georgia De Vinci par là..." indiqua-t-elle d'un geste vague de la main.

"Un autre groupe pour la ligne-tourbillon... et puis un autre pour Janus... Si l'on rajoute des mots, ça sera plutôt vers la fin je pense... Joachim, tu m'as l'air de t'y connaître en art plastique, non ? Tu peux m'aider à marquer les repères spatiaux sur le mur ? Si l'on parle perspective, mieux vaut ne pas tout faire directement à la peinture." dit-elle en se penchant vers une des boîtes de laquelle elle tira un crayon de papier qu'elle glissa derrière son oreille. L'atelier était un vrai plaisir et l'implication des élèves signifiait beaucoup pour la jeune femme.
Elle fit quelques pas pour se placer derrière Juliette, posa ses mains sur ses épaules et la poussa doucement en avant pour l'inciter à aller rejoindre les autres.

"Tu es notre spécialiste de la brume il me semble, je crois que tu es la mieux placée pour aider Jenifer." lui dit-elle avec un sourire, avant de se rapprocher du meuble hi-fi pour allumer la radio.

"Allez, nous avons une fresque à peindre !"

Elle alla ensuite près du mur pour commencer à y tracer les traits directeurs qui délimiteraient grossièrement les zones de travail et donneraient un aperçu des formes à créer, le tout à main levée et les yeux fermés. Elle procédait méthodiquement en lisant le mur du bout des doigts pour repérer l'endroit exact où poser la mine du crayon, prévoyait la trajectoire à suivre pour obtenir l'effet escompté et traçait les traits, de la même façon que lorsqu'elle voulait écrire à la main.

[hrp : je vous charge de la playlist du 21ème siècle]

Georgia était devant son bout de fresque consacrée à ses petits délires artistico-thérapeutiques.

Elle regarda pensive et dégoulinante de peinture le coin de toile blanche qu'elle n'avait pas encore cochonné avec style et classe.

La New-Yorkaise se frotta un peu le visage. Histoire de se dégager les yeux et la bouche. Les premiers pour voir ses inconséquences artistiques. La seconde pour s'adonner à son activité fétiche : blablater.

"Bon, juste pour info, je vais entamer à mains nues ma conception de la mutanité..."

Georgia commença à peindre un fond noir après s'être rincée les mains dans un pot de la même couleur. Le noir c'était classe comme couleur. Et puis, elle voulait faire son petit coin de mutante dépressive, parce qu'être mutant c'est pas toujours drôle... Un mélange de noir, de rouge et d'orange, ça serait pas mal non ?

Une fois ses trois couleurs du désespoir placées, Georgia s'arrêta pour s'essuyer les mains avec un chiffon. Le résultat était pas mal : une tâche noire, en relief, vu la dose qu'elle y'avait mis, tirant sur le rouge et l'orangé à la périphérie...

"Ca c'est l'Enfer, mes loulous, l'Enfer social dont je parlais... Et ça..."

Elle traça au gros pinceau un X rouge de bonne taille avant d'ajouter en plus petit l'inscription "Silence = Mort" toujours dans la tâche.

"Ca c'est la discrimination, c'est notre stigmate, le fait que la société nous rejette et nous enregistrera tôt ou tard si on ne réagit pas positivement. Parce que si on ne parle pas, si on n'en parle pas de notre mutanité, c'est comme si on était déjà tous morts..."

Et Georgia laissa sa main choir, le pinceau encore sale à la main...

Rachel se frotta la tete et pencha la tete sur le coté en regardant Georgia s'activé sur la fresque. Elle se demandait vraiment ce que ca ferait! Ne verrait-on que ses seins et la partie plus basse de son ventre si elle s'écrase sur le mur. Elle avait entendu parler d'artistes qui avaient fait cela il y a beaucoup beaucoup d'années. Au moins, ils auraient la silhouette pour faire le bonhomme complet. Elle se tourna vers Joaquim et lui donna un vif coup dans l'estomac, lui envoyant un clin d'oeil pour la meme occasion.

"Hey...Tu louches..."

Elle se tourna vers Kitty et la prit par la main. Elle l'entraina vers un les crayons de plombs et lui en tendit un. Elle lui sourit joyeusement et dit avec tout autant d'entrain:

"Tu veux m'aider? On va s'occuper du tourbillon! Quelles seront les couleurs?"

Joachim aurait voulu ajouter quelquechose avant que tout le monde ne commence à faire plein de choses sur le mur. Ca n'allait pas arrangerson affaire mais le coup était rattrapable.

"Euh... Avant qu'on ne commence trop à faire plein de choses, j'aimerais signaler un point de détail qui n'en est pas un. Et j'aimerais que vous vous approchiez un peu que je vous montre que le dessin, et encore moins la fresque n'est pas un assemblage d'objet décousu de réflexion.

Il sortit une feuille de son sac et s'approcha de la table espérant que les gens écouteraient au moins et viendraient voir.

"Si je dois avouer que je ne suis pas un grand philosphes, mais connaissances en conception graphique sont plus développée. Si on fait une fresque, il faut prendre en compte une chose très importante. La composition. Ce qui regroupe tout les choix e typo et couleur, je ne pense pas que le problème viendra de ce point, mais aussi les lignes de force et les lignes directrices. Les lignes directrices ne sont pas répertoriées dans des cannons, et je trouve qu'il serait interessant de creer desn lignes directrices qui se recoupent et zig-zag un peu. C'est une manière subliminale de faire passer notre incompréhension. De plus, les lignes de force, elles, sont ancrés dans 4 types de "composition" : règle axiale, des tiers, nombre d'or et faux rectangle d'or. Personellement je recommanderais une règles axiale pour notre oeuvre dans la mesure où c'est la règle de l'opposition par défaut et que nous allons quand même travailler un peu sur ça."Il faisait des petits shémas riffonés pour expliquer son propos."Le deuxième chose d'importance capitale est lafaçon dont va être lu notre fresque par les yeux des gens qui passeront. Il y a la aussi des règles. l'oeil aime ce qui est horizontal, ça lui donne une impression de stabilité, aussi je pense qu'il serait interessant de ne pas travailler avec elles. La mutanité n'est pas une situation stable dans nos esprit je pense. Ou plutôt la situation de la mutanité n'est pas stable. Ensuite l'oeil va aimer le premier plan, et il va chercher son semblable. En clair, la silhouette humaine, puis le visage, puis l'oeil. Si on fait un visage détaillé pour le personnage de Jennifer. Alors la logique veut que l'oeil voit ce personnage en premier, sauf s'il n'est pas au premier plan. On peut utiliser ce jeu-là et celui des lignes de forces our amener les spectateurs à voir autre chose d'abord. C'est important de penser à ça."

Il se retourna en souriant."aintenant que vous savez ces bases, il faut savoir ce qui doit être vu d'abord. Le personnage de Jennifer, la silhouette de Georgia, ses mots la spirale ou autre chose ? Pendant que vous y réfléchissez je vais mettre des repères sur le mur."



Il s'approcha de Cassandre et lui prit doucement et délicatement le crayon de décorateur des mains. Il se demanda 30 secondes ce que provoquait la sensation du géopolymère quand on ne le portait pas tout le temps. Il récupéra un mètre, et commença à prendre des mesures.

"Il faut commencer par là proffesseur Deneos, la composition axiale se fait à moitié/moitié plus les quarts. Donc on va devoir noter ça, vous pouvvez m'aider si vous voulez."

(HRP : Au passage, histoir ede ma la péter un peu... ce que j'ai dit là c'est mon premier cour de composition graphique en simplifié. C'est pas des bêtises, et.... le pire c'est que c'est des trucs qui sont appliqués depuis l'antiquité...)

Tout le monde commençait à s'activer autour de la surface à peindre. Kitty semblait un petit peu perdu dans les premières minutes. Elle regarda Georgia faire son œuvre et Jenifer proposa son idée. La fillette ne savait pas ce que c'était qu'un Janus. Elle vit Rachel donner un coup de coude à Joachim puis s'approcher d'elle. Elle la prit par la main et l'entraina vers les crayons de plombs. La jeune fille lui en tendit un et lui demanda si elle voulait bien l'aider à faire le tourbillon. Kitty lui répondit joyeusement:

"Oui bien sûr."

La petite fille se mit à réfléchir sur les couleurs à utiliser. Il fallait des couleurs vives pour qu'on le voit bien. Mais pas de noir. Parce que le noir c'est pas joli. Après cette réflexion elle répondit à Rachel:

"Pourquoi pas du rouge, du orange et du jaune? Comme ça on le verra bien."

Puis Joachim prit la parole. Kitty ne comprit rien à ce qu'il disait. Pourquoi faire si compliqué? Et c'est quoi ces règles axiales bidule truc? Perplexe, la fillette demanda à Rachel:

"Rachel, qu'est ce qu'il a dit Joachim? J'ai rien compris."

Son crayon à la main, la petite StryX attendit la réponse de la jeune femme.

Georgia s'était déja lancé dans la conception d'un partie de la fresque. une fois qu'elle eut "Finit", Math pencha la tête de coté en regardant le résultat qu'il trouvait assez jolie et en plus assez représentatif du cours mais version Georgia. Il vit aussi Rachel s'aprocher du mur avec Kitty pour commencer leur tourbillon, que la jeune fille voyait bien en rouge orange et jaune. Quelques couleurs que Math avait choisit. Il fallait qu'il change ou rajoute autre chose pour ne pas faire du tont sur tont.

Joachim pris alors la parole. Math ne compris pas tous mais l'essentiel. Il fallait faire quelques choses qui est l'air déstructuré tout en étant finement structuré pour avoir une signification particulière, une explication artistique de leurs pensées commune. Voila que Math se plaisait à philosopher intèrieurement sur l'art et la pensée.

Il se raprocha de Jenifer. Il voulait participer à la conception de l'homme "double".

-"Si tu accepte, j'aimerais participer à ton idée qui me plait enormément !"

Math trouvait que cet homme le représentait assez. L'adolescant était partagé entre sa mutanité et son humanité, il revendiquait sa mutanité mais voulait être considéré comme humain et l'idée de Jenifer expliquait parfaitement ses sentiments.

-"Euh Joachim, je t'avoue que je n'ai pas tous compris..." d'ailleurs il n'était pas le seul, kitty semblait être dans le même cas. "Enfin je pense tout de même avoir saisit l'essentiel, étant donné que tu as certaines connaissances sur l'art et moi aucune, ce serait cool si tu nous guidait grand picasso !"

Math se saisit d'un crayon noire, car comme la plupart des adolescant il dessinait parfois sur ses cahiers ou son agenda et il commençait toujours par faire les contours en noire avant de colorer son dessin. Un peu comme pour la bd. Il en avait presque oublié la demi nudité de georgia qui n'hésitait pas à se mettre à nue, dans tous les sens du terme, pour illuster ses convictions.

Georgia écouta les idées et propositions de Joachim. Bon, lui c'est un pro, un type qui s'y connait un petit peu en création graphique... Ca se voit, ça se sent et ça se sait maintenant. Au final, c'est pas comme ça qu'elle bossait, elle s'était plutôt faire d'abord et réfléchir après à comment intégrer ses tâches dans un ensemble plus grand.

La New Yorkaise contempla sa silhouette façon saint suaire imprimée sur la fresque. Ainsi, les miches de Georgia serait un point essentiel de la fresque ? Elle sourit : elle l'avait un peu cherché en osant n'importe quoi mais elle était contente d'elle même et du résultat...

Mais elle réalisa en même temps, en observant sa tâche noirâtre sensée illustrer l'enfer social qu'elle ne pouvait pas non plus se permettre de poser des trucs comme ça, en espérant que tout s'imbrique... Bon, ça peut s'imbriquer quand même, coller et tout et tout... Mais ça pouvait aussi coincer.

"Ca me va, pour tes propositions Joachim. La frise, les lignes de force, le Janus, la brume, tout ça... Faut avancer de toutes manières, mais ce que tu nous dis là me semble plutôt pertinent pour organiser la marche générale des choses. Sinon, pour ma tâche que je viens de faire [cf. précédent post], j'aimerai organiser autour, si possible, ma vision complète de l'enfer social, de la misère mutante et de notre futur s'il n'est pas aussi glorieux qu'on le pense..."

Le pinceau à la main, Georgia était prête dès consensus mou autour de sa modeste proposition à se relancer dans la réalisation du tout. De repeindre en noir tout. Partout. Tout le temps.

Quelque peu désemparée, Juliette regardait les autres élèves s'activer autour du mur élu pour la fresque, avec une certaine forme de dépit dans le regard... L'art moderne n'avait jamais véritablement été sa tasse de thé, et ce que Georgia et les autres proposaient, s'en rapprochait terriblement selon la jeune femme. A ses yeux, un dessin ou bien une oeuvre devait certes s'adresser à une grande majorité de gens, mais en même temps elle se devait d'être quelque peu personnelle... Et un travail avec autant de mains, c'était tout selon elle, mais en aucun cas quelque chose d'intime et de personnel.

L'art en groupe, c'était une chose que la gothique n'avait décidément jamais compris, quelque soit le domaine artistique en question.

Même si son idée paraissait avoir trouvé un semblant d'écho, Juliette ne put s'empêcher de se sentir de trop, de ne pas être à sa place dans cette création collectif... Une création, dans laquelle elle ne se reconnaissait absolument pas. Tandis que tous le monde s'affairait tel des fourmis autour du mur et du concept théorique qui avait été échafaudé par une poignée d'élèves hardis, georgia en tête, Juliette se retira en silence du petit attroupement. Elle laissa là les créateurs en herbes entièrement plongé dans la réalisation de leur oeuvre commune, et elle alla s'assoir tout simplement sur le canapé qui se trouvait non loin de la frénésie créatrice qui semblait avoir subitement envahi les élèves.

Un soupir silencieux fusa alors de ses lèvres closes, tandis qu'elle finit de s'installer sur le meuble moelleux. Elles se laissa doucement tomber sur le dossier de ce dernier, tandis que ses mains resserrèrent quelque peu leur étreinte sur l'éphémère tee-shirt immaculée. Juliette porta de nouveau son regard en direction de ses camarades de cours, et un profond sentiment de ne pas être à sa place s'empara alors de sa personne... En dépit de ce qu'elle considérait être des efforts réels de sa part, La jeune femme ne pouvait s'empêcher de se dire que le fossé qui la séparait des autres élèves était décidément bien plus large qu'elle ne l'avait imaginé jusqu'ici...