[Irlande] Une visite au musée

Le pâle soleil de l’après-midi tombait sur les vitrines du Hunt Museum projetant des tâches claires sur le parquet vernis. Tâches que de grands yeux bleus observaient avec plus d’attention que les objets exposés, les regardant grimper sur les chaussures des visiteurs, glisser le long de leur pantalon pour revenir ensuite se poser au sol. La fillette releva la tête et retint une exclamation, son groupe avait pris un paquet d’avance sur elle, elle se mit à courir le plus silencieusement possible de façon à les rejoindre discrètement. Elle croisa les doigts en espérant que ses professeurs n’avaient rien remarqué, elle ne voulait pas ramener d’autres commentaires sur son attitude dissipée. Althya ne voulait pourtant pas se montrer impolie, c’était juste que son esprit et ses idées n’arrivaient pas à rester en place, elles vagabondaient d’elles-mêmes, attirées par un insecte, un nuage avec une drôle de forme…

L’enfant soupira… Elle avait sauté de joie quand son professeur d’histoire avait annoncé une visite au musée de Limerick. Les sorties scolaires sortaient de l’ordinaire et elle avait pensé que ce serait super intéressant, avec tout un tas d’objets bizarres extirpés au péril de la vie des archéologues à des temples truffés de pièges en tous genre. Force était d’avouer que ça n’avait rien d’aussi excitant même la croix d’Antrim dont tout le monde semblait faire tout un foin n’avait rien de vraiment extraordinaire. C’était une bête croix en bois, aux branches égales comme toute bonne croix celte, dont les extrémités étaient surmontées de plaques de métal terni. Même pas une pierre éclatante ou de l’or scintillant ! Bon sur l’écriteau, il était écrit que c’était une pièce inestimable parce que l’une des rares que les vikings n’avaient pas pillées. Certes… Tant mieux… Mais quand même, n’y avait-il rien de plus passionnant que des morceaux de poteries, des veilles cloches de bronze et des peintures écaillées ?

[HRP : Peux-tu lier ta signature à ta fiche ? Merci.]

Althya chercha à mettre de la bonne volonté pour suivre et s'intéresser aux objets qui trônaient dans le musée, mais rien y faisait, toutes les babioles que ses professeurs montraient avec force détails historiques qui auraient dû lui faire écarquiller les yeux n'eurent comme effet que de lui faire tomber les paupières et bailler à s'en décrocher la mâchoire. Et la visite semblait durer une éternité, ses petits pieds commençaient à la faire souffrir à force de piétiner sur place, elle aurait préféré cent fois pouvoir gambader dans un parc ou se promener dans la campagne plutôt que de rester enfermée ainsi pendant des heures. Certaines salles n'avaient même pas une seule fenêtre par laquelle s'évader en regardant dehors.

Alors que l'ennui allait finir par la tuer, Althya était de nouveau à la traine, le reste du groupe étant en bas de l'escalier pour continuer la visite alors qu'elle n'avait pas encore descendu une marche. Elle se sentait tellement vidée de son entrain qu'elle ne fit pas attention à Brian, Conor et Donn, trois terreurs de la classe, qui eux aussi avait trainé et jouait au viking en se racontant des massacres et des combats. Et alors que Conor venait de recevoir un coup d'épée en pleine poitrine, il fit un pas en arrière, pivota, et son épaule heurta Althya dans la dos.

Elle se sentit tomber, sans rien pouvoir agripper pour se rattraper. Elle n'eut pas vraiment le temps de réfléchir, soit elle tombait dans l'escalier avec bien assez de marches pour se briser la nuque, soit elle sautait en bas. Poussant sur le dernier appui qu'il lui restait, Althya s'élança jusqu'au pied de l'escalier. Le vol déversa un torrent glacé le long de son dos, elle sentit la panique monter à l'idée du choc sur le sol et pourtant...

Ses souliers firent un claquement sec en touchant le sol et ses muscles des jambes se tendirent brutalement pour amortir le choc. Althya était accroupie en bas des marches, le coeur battant à tout rompre dans sa poitrine. Lorsqu'elle se retourna, le souffle court, elle vit la hauteur de l'escalier et les trois garçons en haut, les yeux écarquillés et les bouches bées. Ils étaient tous les trois alignés le regard fixé sur la fillette qui venait de faire un bond incroyable et surtout s'était réceptionnée plusieurs mètres plus bas.

Mais, alors qu'elle tournait la tête vers le reste du groupe, elle aperçu un de ses professeur tourner la tête dans sa direction et sentit son regard se poser sur elle, chargé d'interrogation, il se fraya un passage parmi les enfants.

- Althya ?! Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

Il n'avait rien vu ?! Et les trois garçon... Que répondre ?! Que faire ?!

[HRP : Ben elle est liée ma sign déjà.... *comprends pas*]

Une expression effarée passa sur le visage de la fillette. L'épisode du chien du voisin venait de se répéter... mais cette fois-ci, il y avait des témoins. Que faire ? Elle ne pouvait pas leur dire qu'elle était un monstre, tout le monde la détesterait... Mais mentir était un péché, un péché véniel certes mais un péché tout de même. Et Dieu la punirait de nouveau. Elle ne devait pas faire le mal, elle devait monter au Père qu'elle se repentait, quelle que soit la faute qu'elle ait commis et qu'elle était décidée à ne plus jamais en faire d'autre. Elle se mordillait la lèvre inférieure, se tortillant sur ses jambes tandis qu'elle cherchait la conduite adéquate. Elle jeta un regard en arrière vers les trois garçons. Qu'allaient-ils dire ? Si elle ne les impliquait pas peut-être qu'ils se tairaient...

"Rien, monsieur, j'ai juste sauté au bas des marches, c'est tout." répondit-elle d'une voix polie, les yeux baissés vers ses chaussures.

Ce n'était pas un mensonge après tout, elle n'avait effectivement rien fait d'autre que ça... Elle s'abstenait simplement de préciser qu'elle l'avait fait depuis le haut de l'escalier. Etait-ce mal tout de même ? Difficile à dire, il faudrait qu'elle aille demander au père Flaherty. Elle étouffa un soupir, elle ne s'était pas confessée à ce sujet depuis l'incident au elle s'était retrouvée debout sur la branche. Elle aurait probablement dû le faire mais elle craignait que le curé ne la chasse de l'Eglise, la considérant comme un suppôt de Satan. Il n'aurait pas eu tout à fait tort... Ce qu'elle était capable de faire était forcément démoniaque. C'est pour ça qu'elle devait tout faire pour être gentille et ne pas attirer plus avant l'attention du malin.

Elle releva les yeux vers son professeur. Allait-il la croire ? Ou poser d'autres questions ? Ils étaient habitués à ce qu'elle soit un peu remuante... Si Connor, Brian et Donn tenaient leur langue, ça pourrait passer et elle ne serait ni obligée de mentir ni de révéler à tous ce qu'elle savait faire. Mais allaient-ils se taire ? Elle se tourna brièvement vers eux, une expression suppliante sur le visage.

**Ne dites rien par pitié..** pria-t-elle intérieurement.

[HRP : J'ai pas les images mais d'habitude je vois au moins un pixel avec le lien, pas chez toi... tant pis je ferai sans.]

Le professeur s'arrêta, la mine sévère il lança à Althya :

- Nous sommes dans un musée, il me semblait pourtant avoir été clair quant au fait de se tenir correctement !

La sanction allait-elle tomber ou pas ?

- Dépêche-toi de rejoindre le reste du groupe et que je ne t'y reprenne plus !

Puis, tournant le regard vers les trois gamins, il ajouta :

- Et ça vaut aussi pour vous trois ! Dépêchez-vous de descendre !

Ils obéirent sans perdre une seconde et passèrent à côté d'Althya alors que le professeur avait déjà rejoint le groupe. Brian passa sans même un regard vers la fillette, Donn la regarda avec des yeux ronds digne d'une truite sur une étale de poissonnier, mais lorsque Connor passa, il lui jeta un regard noir qui donna un frisson à Althya.

Prenant grand soin de rester à distance des trois garçons et ne quittant plus ses copines, Althya resta discrète pendant tout le reste de la visite, cherchant à se faire oublier.

A la fin de la journée, Althya ne se fit pas prier pour sortir de l'école et rejoindre son père qui l'attendait. Il l'embrassa et lui prit la main pour l'emmener jusqu'au transport en commun qui les conduirait à la maison.

- Alors ma chérie, ça c'est bien passé la visite du musée ? C'était intéressant ?

Des questions ordinaires pour une journée qui aurait dû l'être. Le regard de Connor lui revenait sans cesse, noir, effrayant, malsain... elle ne savait qu'en penser mais il n'avait rien de bon. Le reste de la soirée se déroula simplement avec ses parents. Le sommeil fut un peu difficile à venir mais elle l'accueillit avec soulagement.



Le lendemain, samedi, était un jour sans école. Le genre de journée où Althya aimait sortir et se dégourdir un peu les jambes pendant que ses parents s'occupaient de la maison, des courses et autres factures à payer. Une journée fraiche mais idéale pour se promener dans la campagne...

[HRP : T'ai rajouté une 'tite phrase dans la sign temporairement, liée à la fiche, histoire de te simplifier le travail ^^ Tu la vois ?]

La fillette avait profité d'une journée sans école pour traîner un petit peu au lit. Elle ne s'était levée qu'après dix heures, s'étirant comme un chat en baillant longuement. Pas d'école ! Althya en était heureuse, pas parce qu'elle n'aimait pas apprendre, bien au contraire mais parce que comme ça, elle ne croiserait pas de nouveau le regard noir Connor. Il l'avait hantée toute la soirée précédente. Il avait vu ce qu'il y avait en elle et, une chose était sûre, il ne l'aimait pas. Pourtant elle ne lui avait rien fait de mal... Mais après tout, avoir des pouvoirs était mal en soi alors il avait peut-être raison de lui en vouloir. Toutes ces questions s'embrouillaient dans la tête de l'enfant. Elle n'arrivait pas à en vouloir à Connor de la détester mais elle ne pouvait s'empêcher de trouver ça profondément injuste.

Elle secoua la tête et descendit prendre son petit déjeuner. Lait, céréales et jus d'orange, un repas équilibré pour bien démarrer la journée. Ils avaient appris ça à l'école, il n'y avait pas très longtemps. Elle loucha vers la fenêtre, la journée semblait fraîche mais il lui suffirait de bien se couvrir. Elle se leva, sourire au lèvre, laissant sur la table son bol vide et son verre, sans même que l'idée de les débarasser ne l'effleure. Elle remonta à toute vitesse dans sa chambre, enfiler un pull des collants et une jupe, redescendit en prenant au passage son blouson rose orné d'une douce fourrure blanche et ses bottes montantes.

"Maman, Papa, je vais me promener !" lança-t-elle d'un air guilleret en ouvrant la porte pour sortir.

Prendre un bol d'air, aller gambader dans la nature, lui feraient le plus grand bien et lui permettraient peut-être d'oublier les yeux mauvais de son camarade d'école.

[HRP : Merci pour cette délicate attention ]

Le Soleil brillait sur la campagne verdoyante, réchauffant la fillette emmitouflée dans son blouson telle une fraise tagada sautillante, elle respirait à plein poumon l'air frais et vivifiant, goûtant à la lumière rassurante et admirant le ciel azur. Elle décida d'aller se percher dans le grand chêne qui domine le vallon pour admirer la nature à perte de vue.

Elle escalada le muret, se rapprocha de l'arbre et grimpa de branche en branche, pas besoin de faire un exploit physique, elle avait tellement l'habitude que même les yeux fermés elle pourrait atteindre sa branche. Assise une jambe de chaque côté de la branche, dos au tronc, elle regardait les nuages cotonneux projeter des ombre mouvantes gigantesques sur les étendues vertes.

Perdue dans sa contemplation, elle ne vit pas approcher les trois silhouettes et ne fut tirée de sa rêverie que lorsqu'un caillou vint frapper la branche juste en dessous d'elle.

Jetant un regard en contrebas, elle vit les trois garçons, Brian, Donn et Connor, qui la regardaient. Si les deux premiers étaient un peu en retrait, l'air pas très rassuré ni convaincu, Connor se tenait droit, les poings serrés et fusillant Althya du regard, il hurla :

- Descend de là sâle monstre ! On est pas dupes de ton déguisement ! T'es un démon on t'a vu !

Le jeune garçon avait le visage déformé par la colère. Tout chez lui ne traduisait qu'une chose : il voulait du mal à Althya.

Ses deux compagnons étaient bien moins agressifs, tout juste se laissaient-ils des regards alors que leur copain semblait chercher à ouvrir les hostilités, ils restaient en retrait et regardaient Connor et Althya, cette dernière avec bien moins de velléités que leur compère.

[HRP : De rien ]

Althya écarquilla les yeux en découvrant les trois garçons au pied de son chêne. Même en l'absence d'école, elle ne pouvait les éviter. Etait-ce un signe ? Etaient-ils les instruments d'un quelconque châtiment divin ? Elle se mordit la lèvre et secoua la tête, le visage rouge et les traits déformés en une grimace hostile, Connor ressemblait bien plus à un démon qu'à la main de Dieu venue frapper un pêcheur. Elle ferma les paupières, prit une profonde inspiration, récitant mentalement son "notre Père" puis posa de nouveau ses yeux clairs sur le chef du groupe.

"Je n'ai jamais demandé quoi que ce soit... Je n'ai jamais voulu être un démon, Connor et je ne sais pas ce que j'ai fait de mal pour en être un. Mais je ne vous ai jamais fait de mal, ni à toi, ni à tes amis. Alors laisse moi tranquille s'il te plaît." répondit-elle d'une voix dont elle s'efforçait de maîtriser le tremblement.

Une larme solitaire roulait sur sa joue. Elle ne leur avait jamais rien fait mais lui, voulait lui faire du mal. Pourtant la religion prônait le pardon. Le pardon pouvait-il être accordé à un démon ? Le Saint Père pouvait-il le tolérer ? Devait-elle subir ce que son camarade voulait lui faire pour prouver sa foi au Seigneur ? Mais s'il n'était pas sa main, son représentant... Dieu la sauverait-elle malgré la souillure qu'elle portait. Le regard trouble, elle ne bougea pas de la sécurité que lui offrait son vieil ami sylvestre. Elle ne voulait pas souffrir. Si encore elle avait été sûre qu'il était SON envoyé... Elle serra les poings sur l'écorce, se concentrant sur chacune de ses aspérités pour tenter de fermer son esprit à toutes ces réflexions qui s'embrouillaient.

Lançant une autre pierre qui vint cette fois rebondir sur le tronc à quelques centimètres de Althya, Connor répondit avec toujours autant d'agressivité :

- T'es un démon et tôt ou tard tu vas faire le mal ! Casse-toi on veut pas de toi ici ! Retourne en enfer avec les tiens ! J'ai prévenu mon père et il va te chasser, toi et ta famille de démons !

Un rictus victorieux apparu sur le visage du garçon alors qu'il tournait des talons et partait. Ses deux compères lancèrent des regards qui se voulait un soutient à Connor mais qui en fait traduisaient plus le regret et demandaient même pardon.

La menace de son camarade de classe avait l'air sérieuse. Et Althya savait que depuis quelques temps, les gens conspiraient contre de supposés mutants, ou démons puisque l'un et l'autre étaient pareils. Il était facile de monter la population contre quelqu'un et il faudrait probablement peu de temps avant que tous leurs voisins ne soient devant leur porte pour leur demander plus ou moins gentiment de partir le plus loin possible. Ce que la fillette avait redouté était en train d'arriver, le bruit allait enfler et même si elle tentait de l'étouffer, la rumeur continuerait de galoper.

Quels choix lui restait-il ? Est-ce que ses parents allaient devoir subir les conséquences de la malédiction qui la frappait elle ? C'était un fardeau bien lourd pour une petite fille.

La fillette éclata en sanglots dès que les garçons eurent disparus de sa vue. Ses petites mains étreignaient l'écorce du vieux chêne comme si elles avaient voulu s'y enfoncer. Elle aurait dû partir tout de suite, à la toute première manifestation de son pouvoir mais elle n'en avait pas eu le courage. Elle avait espéré pouvoir vivre normalement, en le cachant, pour que personne ne soit au courant. Elle avait cru pouvoir défier le Seigneur en dissimulant le don reçu du Malin. Elle réalisait à présent l'arrogance dont elle avait fait preuve envers le ciel et peut-être ses parents allaient-ils devoir en payer le prix.

Elle releva les yeux et regarda sa maison trôner au loin. Celle que son père avait construite de ses mains. Ils allaient peut-être devoir tout quitter à cause d'elle ! Elle prit une longue inspiration, essuya ses larmes et serra les poings. C'était à elle de tout faire pour qu'ils souffrent le moins possible. Si elle leur racontait tout, que pourraient-ils faire ? Déménager ? Mais partout où ils iraient, la malédiction les suivrait, elle serait toujours un monstre et tôt ou tard, les gens finiraient par le savoir, elle venait d'en avoir la preuve.

Non, ils avaient bien pris soin d'elle jusqu'à présent, il était temps maintenant qu'elle le fasse à son tour. Le cœur gonflé de tristesse, de peur et de douleur, elle descendit de son refuge. Elle en étreignit le tronc, posant sa joue contre sa peau rugueuse et lui murmura :

"Adieu mon vieil ami... Je dois m'en aller à présent."

Elle se dirigea vers la maison. Elle en poussa doucement la porte et monta directement dans sa chambre en espérant ne pas s'être fait entendre. Là, elle s'assit sur le lit et contempla la vie qu'elle allait abandonner. Elle s'installa à son petit bureau, s'empara de son plus beau papier à lettre et de son stylo plume préféré, celui avec les petites étoiles qui s'allument, et commença à écrire.


Après une brève relecture, elle déposa le papier sur son bureau. Il fallait qu'elle organise son départ. Fouillant dans ses affaires, elle ressortit son vieux sac à dos nounours, il était un peu poussiéreux mais c'était le plus grand qu'elle avait, et puis... il lui tendrait compagnie. Elle attrapa deux changes complets, son écharpe toute douce qui la rassurait la nuit quand elle avait peur et les fourra dans le fond de son sac. Se hissant sur la pointe des pied, elle prit sa tirelire sur l'étagère et la vida consciencieusement avant d'en transférer le contenu dans son petit porte-monnaie en plastique violet. Elle sortit de son cartable, sa trousse et un cahier qui s'en allèrent rejoindre le reste à l'intérieur du ventre, à présent rebondi de l'ourson.

Enfin, à pas de loup, elle descendit vers la cuisine. Il fallait qu'elle emmène de quoi manger... Mais pour ça, il fallait qu'elle parvienne à ne pas se faire repérer. Le plus silencieusement possible, elle s'avança dans l'escalier, tendant l'oreille à l'affût du moindre bruit qui puisse lui permettre de localiser ses parents.

Chargée comme une mule, son ourson obèse sur le dos lui serrant les épaules malgré les sangles au maximum, Althya se faufila dans l'escalier... aucun bruit, pas le moindre souffle ni même un ronflement en provenance d'un parent endormi. La maison était d'un calme presque inquiétant. Un instant, la fillette espéra qu'ils n'étaient pas déjà arrivés pour leur faire du mal et qu'elle allait retrouver ses parents blessés ou pire...

Mais rien ni personne dans la maison. Elle descendit donc dans la cuisine, prit ce qu'elle pouvait en gâteaux, fruits et boisson pour tenir pendant son périple... un périple vers où d'ailleurs... elle n'en savait encore rien mais elle devait partir ailleurs, loin certainement.

Fini les bons petits plats de maman, les câlins, les vêtements repassés qui sentent bon dans l'armoire. Elle allait devoir se débrouiller toute seule... ailleurs.

Lorsqu'elle eut rempli le peu d'espace encore disponible dans l'ourson et gonflé ses poches au point que cela en devenait gênant, Althya se dirigea vers la porte d'entrée, prête à dire adieu à son foyer. Posant la main sur la poignée, elle poussa et fut presque déséquilibrée alors que la porte se dérobait. Elle releva le nez pour voir son père et sa mère, les bras chargés de courses et les yeux interrogateurs.

- Ma puce ?! Qu'est-ce que tu fais chargée comme ça ?! On dirait que tu pars en expédition ! s'exclama sa maman.

Prise au piège... Qu'est-ce qu'elle pouvait bien leur dire ? Qu'elle voulait fuguer ? Fallait-il leur raconter Connor et les autres ? En tout cas ses parents attendaient des explications et barraient la sortie.

La bouche de la fillette resta grande ouverte, en une expression muette de surprise. Boulette ! Tout s'était bien déroulé, il avait fallu qu'ils se trouvent derrière la porte juste à ce moment précis ! Que faire maintenant ? Elle n'aimait pas mentir, c'était mal et ça ne pourrait qu'accentuer son lien avec le Diable mais si elle devait se damner un peu plus pour sauver ses parents est-ce que ça n'en valait pas la peine ? Oui mais restait à trouver une excuse plausible... Une expédition ? Ah bah oui tiens pourquoi pas... Althya sourit de toutes ses dents en essayant de paraître la plus naturelle possible.

"Ben oui, je pars en expédition ! J'ai découvert une grotte dans les collines alors je pars pour l'explorer !" déclara-t-elle en affectant un ton enjoué, vibrant d'excitation.

**Tiens, j'ai pas pensé à prendre une lampe de poche d'ailleurs...** songea-t-elle brusquement.

Bon, c'était le mieux qu'elle avait pu trouver. Elle sentait une énorme boule battre dans sa poitrine, la culpabilité la rongeait de mentir ainsi à ceux qui l'avait toujours protégée mais il le fallait ! Elle devait les protéger. Dans son esprit se forma l'image d'un Belzébuth ricanant dans un nuage de flammes, jubilant de voir la fillette tomber un peu plus entre ses griffes. Elle crispa les mains sur les sangles de son sac à dos, clignant des yeux pour chasser cette vision effrayante. Elle le faisait pour la bonne cause, pour que tous les deux ne souffrent pas par sa faute. C'était toujours mal, certes, et elle était prête à en assumer la punition mais c'était purement altruiste... Ça ne pouvait pas renforcer Satan un acte altruiste, si ?

Judy et Liam se regardèrent un instant, sans rien dire, comme s'ils se parlaient par télépathie. Le mensonge était-il trop gros ? Althya avait-elle sous-estimé ses parents ? Tournant de nouveau leurs yeux vers la filette, Judy eut un regard attendri mais non moins soucieux et dit d'un ton calme mais particulièrement grave :

- Viens, ma chérie. Ton père et moi avons à te parler. On va rentrer les courses tout d'abord.

Judy posa délicatement sa main sur l'ourson-sac et entraina sa fille unique dans la cuisine où Liam commença à ranger les courses pendant que sa femme et Althya s'asseyaient côte à côte.

Judy, d'ordinaire toujours souriante, semblait vraiment préoccupée et cherchait vraisemblablement ses mots, le regard dans le vide, ne faisant qu'accentuer le malaise de la fillette se sentant déjà coupable avant cela. Elle finit par poser un regard certes plein d'amour mais également attristé :

- En faisant nos courses, on a croisé le père d'un de tes camarades de classe... Connor, et...

Les mots furent comme des poignards pour la fillette dont le coeur était prêt à faire craquer sa petite cage thoracique sous ses assauts. Elle sentit sa gorge se nouer au point presque de l'étouffer alors qu'elle était suspendue aux lèvres de sa mère, les jambes au-dessus d'un gouffre. Liam termina simplement de ranger les produits frais et vint se ranger aux côtés de sa femme qu'il soutint, lui posant amoureusement les mains sur les épaules. Elle sembla y trouver une nouvelle force pour continuer :

- ... il nous a dit que tu étais... spéciale. Ca nous le savions bien mais pas en ce sens. Tu sais, ma puce, pour nous tu es et tu resteras toujours un don de Dieu et... rien ni personne ne nous fera croire qu'il en est autrement.

Elle posa un main chaude et douce sur celle de sa petite fille avant de reprendre, la fixant droit dans les yeux :

- Nous t'aimons plus que tout ton père et moi, tu ne dois jamais en douter ! Mais...

Il fallait qu'il y ait un "mais", Althya s'y attendait tellement qu'elle en fut presque soulagée d'entendre qu'il arrivait enfin. Mais son petit coeur continuait de tambouriner violemment dans sa poitrine alors que la réponse se faisant attendre terriblement. Jusy avala sa salive avec difficulté et posa une main sur celle de son époux comme pour lui passer un relai invisible. Effectivement, Liam reprit :

- ... tu n'es plus en sécurité ici, ma chérie. Et nous ne pouvons pas supporter ça. Nous t'avons tellement désiré ta maman et moi qu'il nous est intolérable que nous ne puissions pas te protéger. Aussi nous avons prit une décision. Nous en avons longuement parlé avant de revenir et il nous semble que c'est la meilleure solution. Il y a ce docteur, Fleury, il dirige une école pour les gens spéciaux... comme toi mon ange. Tu seras en sécurité là-bas... aux Etats-Unis.

Judy serra plus fort la petite main de son enfant, posant l'autre sur sa propre bouche pour essayer d'arrêter les pleures qui commençaient à lui rougir les yeux.

Les yeux écarquillés, la bouche ouverte, la fillette cherchait de l'air. Il lui semblait que sa gorge était bloquée et que jamais plus elle n'arriverait à faire entrer la moindre parcelle d'oxygène dans ses poumons. L'inspiration arriva finalement, ce qui avait semblé être une éternité pour l'enfant n'avait duré qu'une seconde. Son regard se brouilla et des perles salées roulèrent sur ses joues pâles. Ses parents allaient se débarrasser d'elle ! Elle secoua la tête, la poitrine secouée de soubresauts. Voulaient-ils vraiment la mettre en sécurité ? Ou simplement éloigner celle qui était devenue un monstre ?

Les Etats-Unis ! Autant dire l'autre bout du monde ! Elle serra les poings trépignant de colère et de frustration. Elle en voulait à ses parents de proposer cette solution, même si à peine une demie-heure avant, elle en était arrivée aux mêmes conclusions. Ils auraient pu trouver autre chose, ils auraient dû trouver autre chose ! C'était eux les adultes ! Tout ça était tellement injuste ! Elle s'en voulait à elle, d'être un monstre, de ne pas être comme tout le monde, de ne pas être ce don de Dieu qu'elle représentait pour eux jusqu'alors. Elle en voulait au Seigneur d'avoir permis une chose pareille, d'avoir donné le jour à des humains faibles, corruptibles par le Démon. Elle en voulait à Connor d'avoir ruiné sa vie. Elle en voulait à tellement de monde que ça ne signifiait même plus rien...

Enfin, elle se calma, elle leva vers ses parents, un regard d'une profonde tristesse. Elle allait les quitter, et pas de la façon dont elle s'y était préparée. Ça aurait été tellement plus facile de partir sans un au revoir, de ne pas avoir à contempler leur visage. Elle les sentait déçus, même si ce n'était probablement qu'un effet de son imagination. Elle les avait déçu, elle n'était pas une petite fille sage, elle avait été punie. La tête lui tournait et elle sentait une boule au creux de sa gorge, enfler et palpiter à tel point que ça lui en donnait la nausée.

"Vous... ne venez pas avec moi ?"demanda-t-elle d'une voix faible, à peine plus haute qu'un murmure.

Elle mordit violemment sa lèvre inférieure. Pourquoi avait-elle poser cette question ? Elle craignait tellement la réponse. S'ils l'aimaient vraiment autant qu'ils le disaient, si ce qu'elle était ne changeait réellement rien pour eux, ils viendraient dans cet immense pays lointain avec elle. Ils ne la laisseraient pas seule là-bas, même dans une école... Maman avait mis tellement de temps à accepter l'idée qu'elle aille jouer dehors sans qu'elle puisse avoir l'œil sur elle...

Judy tira sa fille à elle et la serra dans ses bras alors que Liam répondait :

- Ce n'est pas si simple de partir tous ensemble. On a un travail ici, la maison... on ne peut pas partir tous si vite et puis... c'est juste le temps que les gens accepte que tu sois différente. et puis tu reviendras aux vacances ! Et lorsque les gens auront fini de croire des idioties tu reviendras aussitôt ma puce !

Ils se voulaient rassurant mais comment rassurer une fillette dont le monde s'écroule autour d'elle en un instant maudit.

Après maintes câlins et embrassades pour tenter de consoler leur fille unique, Althya resta seule. ses parents continuait les tâches ménagères, sa mère préparait le gâteau préféré de la fillette comme lot de consolation supplémentaire. Le départ était prévu pour bientôt. La semaine prochaine, Althya serrait parachutée dans une école voire même dans un pays étranger, loin de tout ce qu'elle connaissait et loin de tous ceux qui comptaient pour elle.

La fillette hocha la tête doucement tout en éclatant en sanglots. Ils avaient raison, elle le savait au fond d'elle mais ça n'empêchait pas tout son être de hurler contre une telle injustice ! Qu'avait-elle bien pu faire pour le que le ciel lui inflige un pareil châtiment ? Revenir pour les vacances ? Mais ils étaient sa famille, comment pourrait-elle vivre sans eux ? Elle n'était qu'une toute petite fille. Elle ne voulait pas partir ! Pas si loin... pas à présent qu'il étaient au courant et continuaient à l'aimer quand même. Elle avait l'impression que tout autour d'elle s'effritait, s'écroulait comme un vulgaire château de cartes. Il lui semblait tomber dans un gouffre sans fond avec pour seule compagnie l'écho de son cri d'agonie.

Pourtant Papa et Maman la serraient dans leurs bras, la câlinaient, tentant de leur mieux de la rassurer mais elle se sentait plus seule que jamais. Son cœur cognait si fort qu'il lui donnait l'impression de pouvoir bondir hors de sa poitrine. Et puis, il retournèrent à leurs activités. La fillette monta dans sa chambre, jetant son sac nounours sur le lit de toute ses forces, cognant encore et encore dans son oreiller sans que la douce odeur du fondant au chocolat qui s'élevait jusqu'à elle ne parvienne à la calmer. Quand elle fût épuisée, elle se laissa tomber, le regard dans le vide... Elle allait partir... aux Etats-Unis. Elle ne reverrait plus jamais ses amies... Elle allait rejoindre une école pour personnes comme elle.

Un frisson la parcourut et tous ses poils se hérissèrent. Une école pour démons ! Comment allait-elle pouvoir s'éloigner du Malin et faire pénitence si elle intégrait une école de monstres ? Ses parents n'en étaient-ils pas conscients ? Elle poussa un soupir à fendre de l'âme et se leva. Elle avait mal à la tête, elle ne savait plus quoi faire... Sa famille pour prendre soin d'elle, l'envoyait au cœur du mal, que devait-elle en penser ? Sa main se posa sur la lettre qu'elle avait écrite à ses parents, sa lèvre se mit à trembler et finalement, elle serra les poings et se remit à pleurer, tombant à genoux au sol, sa frêle poitrine secouée de larmes.

Le reste du weekend se passa de la même manière : des parents cherchant à consoler tant que possible leur petite fille par tous les câlins et cadeaux possibles en si peu de temps, les préparatif du départ quelque peu précipité de l'enfant, et le chagrin de la fillette devant se séparer de tout ce qu'elle chérissait. Rien ne put dissuader ses parents qui pensaient faire le meilleur choix possible en l'envoyant de l'autre côté de l'Atlantique.

Arriva le matin du départ. Les affaires de la fillette étaient prêtes, elle voyagerait assez léger et ses parents lui enverraient une cantine avec le restant de ses affaires directement à l'institut.

Malgré sa réticence, Althya ouvrit la porte d'entrée en premier ce matin là, et tomba nez à nez avec ce qui ressemblait à un épouvantail mais qui se voulait plus une caricature : un mannequin, vêtu comme une fillette, des dents de vampire en plastique en guise de bouche, des cornes sur la tête et des billes de verre rouges pour les yeux trônait face à la maison avec une pancarte autour du cou accrochée par un noeud coulant :

Vat-en démon ! Retourne en Enfer !

L'écriture maladroite et l'aspect grotesque de la chose faisait immédiatement penser à l'oeuvre de jeunes gens.

Aujourd'hui, elle allait partir, elle allait quitter cet endroit qu'elle aimait, où elle avait toute sa vie pour partir loin aux Etats-Unis. Ses parents n'en démordaient pas, elle devait donc se résoudre à la situation. C'est le cœur gonflé de peine qu'elle déambulait ce matin là dans la maison, effectuant chaque action par automatisme, ses pensées tournées vers tout ce qui allait lui manquer. Tout ce qu'elle allait perdre. C'est pourquoi il lui fallu quelques secondes avant de percuter devant la sinistre caricature. Elle resta un instant en arrêt, la bouche grande ouverte sous la stupeur avant de pousser un long cri strident.

"Mamaaaaaan ! Papaaaaaaaa !" hurla-t-elle d'une voix plaintive.

Elle s'écroula à genoux et sanglota doucement. Ses parents avaient été si gentils avec elle, malgré le fait qu'elle ait ce "don" qu'elle en avait presque oublié qu'elle était un monstre. Peut-être Dieu s'exprimait-il par la main de ces enfants pour lui rappeler quelle était sa damnation. Elle avait eût tort de mettre ça de coté, si elle voulait la rédemption, elle devait garder à l'esprit ce qu'elle était et tout faire pour que le Ciel lui pardonne.

"Oui, oui, j'y retourne justement..."murmura-t-elle tristement.

Elle leva son visage baigné de larmes vers le ciel et, les deux mains jointes, commença à réciter le Notre Père. Elle ne voulait pas être un démon mais c'était ainsi. Peut-être Connor avait-il raison, peut-être ferait-elle du mal un jour ou l'autre... Elle tenterait de toute sa volonté de résister mais si un jour elle n'y parvenait pas ? Ses parents avaient raison de l'éloigner, au moins elle ne les blesserait pas.

[Désolé pour l'attente, on continue]

Sa mère apparut en premier, voyant l'oeuvre qui trônait devant la maison, elle prit sa fille dans ses bras protecteurs, la couvrant de son corps. Liam arriva peu après et courut décrocher l'épouvantail, le lançant provisoirement hors de vue, il approcha aussi et posa une main rassurante sur la tête de la fillette noyée dans les bras de sa maman. Cette dernière répétait :

- Ce n'est rien ma chérie, ils sont bête... tu seras en sureté là-bas... on t'appellera tous les jours ma puce... Ca ne durera pas tu verras...

Ils avancèrent un peu les préparatifs pour éviter à la petite de souffrir encore d'avantage.



Althya arriva au port, le bateau était prêt à partir. Elle fut accueillie par une hôtesse charmante qui était chargée de prendre soin d'elle jusqu'à son arrivée à New York ainsi que de la mettre dans un taxi à l'arrivée. Althya serait néanmoins chargée de donner l'adresse au chauffeur.

Ses parents se mirent à hauteur de la fillette pour lui dire au revoir :

- Tu verras ma chérie, ce ne seras pas long. Tu nous appelles dès que tu es arrivée. Nous t'enverrons le reste de tes affaires dans quelques jours, tu as de quoi tenir jusque là. Nous gardons assez d'affaire ici pour quand tu reviendras nous voir. dit Judy.
- On t'aime de tout notre coeur ma puce ! Tu comprends bien que si on pouvait faire autrement on l'aurait fait, mais c'est le mieux pour toi... tu vas nous manquer mon ange ! lui dit Liam en ébouriffant les cheveux d'or de la fillette.

Le dernier mot de son père eut plus d'impact qu'il ne pouvait se douter. Comment comprendre dans quel état d'esprit était leur fille vis-à-vis de sa particularité. Ils étaient eux aussi croyants mais comment pouvaient-ils se résoudre à considérer leur fille tant désirée autrement que comme un don du ciel ?

La fillette regardait le bateau d'un air inquiet, pas qu'elle ait spécialement peur d'un accident, ni même du mal de mer mais le véhicule représentait tout ce qui l'attristait en ce moment. Ce qui allait l'éloigner de son foyer et de ceux qu'elle aimait. Elle serra contre elle la peluche blanche qu'elle avait emmené et adressa un faible sourire à l'hôtesse qui l'accompagnerait tout le long du voyage.

"Bonjour madame" déclara-t-elle poliment en inclinant la tête.

Elle reporta ensuite son attention vers ses parents et grimaça aux derniers mots de son père. Un Ange ? Elle ? Elle était tout le contraire... et c'était bien ce qui causait problème d'ailleurs. Les sourcils froncés, elle leva vers lui un regard voilé de tristesse.

"Il ne faut pas m'appeler comme ça, Papa. Je suis tout l'inverse d'un Ange et c'est pour ça que je dois partir." répondit-elle doucement, d'une voix grave qu'on ne lui connaissait pas.

C'était juste une constatation, une phrase qui n'attendait pas vraiment de réponse et qui reflétait ce qu'elle pensait de sa condition. Pourtant, le fait de s'entendre le dire, lui donna l'impression qu'une lame effilée transperçait son cœur et les larmes envahirent ses yeux clairs. Elle inspira profondément pour se calmer et reprit d'une voix moins contrôlée qu'elle ne l'aurait souhaité.

"Combien de temps va durer le voyage ?" questionna-t-elle, plus pour changer de sujet que par réel intérêt.

- Tu vas passer la nuit dans le bateau et tu verras, demain tu seras sur place dans la matinée.

Après une séparation qui sembla interminable, la fillette embarqua. Le navire se mit en route alors que l'accompagnatrice prenait soin d'Althya, désespérément triste. Au bout d'un temps elle renonça à lui changer les idées mais continua d'être attentionnée envers l'enfant.



Après une traversée plus longue qu'éprouvante, et alors qu'elle commençait juste à trouver le temps long, le voyage d'Althya touchait à sa fin. Elle était en vue de New York. Un peu de route et elle arriverait dans la pension dont lui avaient parlé ses parents. Elle fut guidée par l'accompagnatrice jusqu'à un taxi, prit place à l'intérieur et donna l'adresse de l'école. En voyant cela, le chauffeur eut un regard étonné, puis fixa l'enfant d'un oeil suspicieux avant de démarrer.

Durant tout le trajet, le chauffeur ne lui adressa pas un seul mot, ajoutant au sentiment de malaise de la fillette. Alors qu'il arrivait à Salem Center, le taxi s'arrêta et d'une voix bourrue lui dit :

- Je vais pas plus loin fillette. L'endroit où tu vas c'est un repaire de monstre et t'en est p'tête bien une... mais comme chui bon prince je te dépose en ville, tu pourras chercher un fou qui voudra bien t'emmener là-bas ou alors t'aura qu'à appeler tes congénaires et leur demander de venir te chercher ! Aller... file !

Une fois sortie du taxi, chagrinée, perdue dans cette ville inconnue, sans oser demander aux passants leur aide, avec un creux dans le ventre suite aux heures passées sur la route et à piétinner en ville, Althya aperçu un café. Un bon chocolat chaud et un beignet ne serait pas de refus pour faire passer cette mauvaise journée.


[HJ : tu peux poster dans le café en suivant le lien ci-dessus, je posterai tes points dans la section d'évolution des personnages, tu pourras les ajouter en copiant ton barême et le postant à la suite de ta fiche comme les autre joueurs]