[Mars 2009]Vadim Volkov&Cassandre Deneos - Tactique

De retour à sa place, elle suivit avec plus d’attention les exposés qui suivirent. Impossible de dire si c’était les gargouillements de son estomac, signe d’une faim grandissante, qui l’avaient réveillée, ou si cette heure de cours l’avait définitivement émergée de sa nuit passée, mais la surfeuse se sentait à l’affût, approuvant l’originalité des idées soumises par un hochement de tête convenu, relevant les remarques des deux professeurs.

Ce qui était acquis, c’est que la récente édition de la Sentinelle, encore cachée sous son cahier et qui l’avait fait bondir un peu plus tôt, était à présent oubliée.

Quand vint son tour de critique, ses lèvres se plissèrent légèrement de fierté… elle aurait alors payé cher pour que son ancienne prof de maths soit transportée dans la salle de classe. Elle l’aurait regardée droit dans les yeux et lui aurait balancé : « Ah ! J’suis p’têt pas douée pour l’algèbre mais j’suis pas si mal pour évacuer la future zone d’impact d’un astéroïde apocalyptique ! Et c’est nettement plus utile que j’sache… ça vous en bouche un coin Miss Jones, hein ?! ». Sa revanche imaginaire la ravit sur le moment.

Bien sûr, son plan n’était pas parfait.
Il y avait ces fameux clones et elle réalisa que sa définition du normal n’était désormais plus partagée par la majeure partie des gens. Mais l’observation de Cassandre la chiffonna un peu plus. Le constat était juste ; elle ne connaissait pas si bien qu’elle le pensait les capacités de ses camarades.

Un peu par culpabilité, beaucoup par impatience, elle ouvrit son cahier, arracha un coin de feuille, y écrivit un mot. Puis elle écrasa le papier en boule, question d’aérodynamisme et l’envoya discrètement dans les airs, en direction de Rachel.

Spoiler:

Elle porta ses yeux sur Vadim qui annonça la fin du cours par un débat sur l’expérience de chacun en matière de tactique et de mission. Ca tombait bien, elle avait survécu à sa première chez les Oryx. Les derniers mots de Jeremiah lui arrachèrent un éclat de rire…

« I’doit y avoir autant de réponses à ça que d’élèves partis ! »

Elle reprit son sérieux et se tourna vers le geek, prête à partager sa longue expérience de vétéran qui a roulé sa bosse en faisant les quatre cents coups.

« Eh bah moi… enfin nous, les Oryx, on est partis l’aut’ fois à la Nouvelle Orléans. On cherchait un groupe de mutants qui se planque dans les égouts… imagine l’odeur. Et c’était génial ! On s’est fait attaqué par un énorme rat mais le chien de Jess l’a chopé… et ensuite on est passé à travers un mur et puis on nous a envoyés des pics dans la figure et Jason et Camille ont tout repoussé, du coup, on a rien eu. Après, on a tous discuté tranquille et on a pu repartir avec ce qu’on voulait… »

Le récit manquait sans doute de clarté mais le cœur y était. L’Australienne, dépassée par sa propre histoire, se laissa basculer en arrière sur sa chaise, presque rêveuse. Elle repensa à ce qu’avait dit Vadim… force et faiblesse.

« Tu vois, ce qui était super, c’était nous ! On s’était bien mis d’accord pendant le brief’ sur c’qu’il y avait à faire et on est restés ensemble, c’était ça not’ force. »

Elle se pencha alors en avant, faisant appui sur sa table avec ses coudes et sur un ton de confidence, ajouta : « Mais alors par contre… là où on a fait une boulette niveau tactique, j’te l’dis, c’est qu’on n’a pas pensé à prendre des grandes bottes en caoutchouc ! Ca m’a coûté une paire de chaussures cette histoire… Ouais, on a déconné là. »

Elle détourna ses yeux graves vers le serbe, concédant qu’il y avait sans doute pire que de perdre ses chaussures.

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