Espagne- dans les rues de Barcelone

La jeune femme policier la regarda raconter d'un air compréhensif, puis elle répondit en signes.

"Nous aurons besoin de votre déposition ainsi que quelques questions concernant la personne qui a été tuée, mais je suis convaincue que ça pourra attendre demain matin.

Vous avez quelque part ou dormir ?"

Alors qu'elle signait, le véhicule s'était mis en route sans bruit et sans à-coups.

Jenny se détendit, enfin elle voyait le bout de ce cauchemar...
Une déposition... Si ça leur faisait plaisir, tout ce qu'il voulait, mais demain... Là où elle vivait, c'est tout ce qu'on lui demandait pour l'instant... Jenny faillit répondre sans réfléchir mais se retint à la dernière minute:

*Pour le moment, tout ce que je veux c'est me reposer...Je ne vais pas les emmener au squat, les jumeaux risqueraient des problèmes... Meme s'ils essayent de me coller dans un refuge, je me casserai...*

"Où j'habite...Nul part, en fait, je suis une sdf, je m'abrite là où je peux..."

L'agente de police hocha la tête. Manifestement, la jeune fille était éprouvée, et la harceler de questions n'était peut-être pas la meilleure des solutions dans l'immédiat.

*Je vous présenterai une personne à qui vous pourrez parler, si vous le désirez.*

Elle appliqua ensuite la procédure classique, lui tendant une sorte de main en plastique avec des petits anneaux pour passer les doigts : un dispositif classique et bien connu permettant d'identifier une personne. Ses mains prise, elle enjoignit Jenny à glisser sa main dedans d'un signe de tête encourageant.

*Mais qu'est ce que c'est que ça encore*

Jenny essaya de savoir ce que c'était que cette étrange main en plastique... Découragé par la fatigue, d'une journée qui resterait dans sa mémoire pour longtemps, elle fit ce qu'elle pensait être ce que l'on voulait d'elle... Glissant la main dans le gant, elle lança à l'agente un regard incrédule...

*Au moins, elle a arrété avec ces questions... J'espère juste qu'elle vas pas m'obliger à voir un psy...*

La jeune agente, portant un badge écrit "Betsy", consulta son écran de contrôle d'un air neutre, puis se reporta sur Jenny, alors que les portes du van s'ouvraient et que l'environnement fourmillant du poste de police se laissait apercevoir par l'encadrement de la porte.

*Je vais vous montrer où est mon bureau, puis je vais vous conduire à un endroit où vous pourrez dormir au calme et en sécurité, et je vous demanderai de me rejoindre demain matin à mon bureau. Notez qu'il n'y a rien d'officiel dans le fait que je vous fasse dormir ici, c'est ma chambre personnelle, alors ne vous faites pas remarquer, et ne sortez pas, sinon les gardiens ne seront pas contents.*

Puis elle l'emmena dans les quartiers d'habitations, vers une chambre au décor spartiate, mais semblant confortable, et elle lui montra son bureau : un petit cubicle dans un grand hall, avant de la raccompagner à sa chambre et de lui souhaiter bonne nuit.

Bien que fatigué, Jenny essaya de retenir ce qu'elle devait faire le lendemain matin...

*Elle est bizarre celle la, pourquoi elle prend autant de risques pour moi alors qu'elle ne connait pas? Enfin, je dois lui faire pitié...*

Trop épuisé pour réfléchir davantage à la situation, Jenny se laissa mené dans le bureau puis à l'endroit où elle allait dormir.
La pièce était carré, pas très grande, meublé juste assez pour qu'une personne puisse y dormir sans problème. Elle était lasse, si lasse qu'elle enleva ces chaussures et son pantalon des que la porte fut refermé. Elle se glissa sous la couverture posé sur le lit de camp et s'endormi presque instantanément.

Elle fut réveillée en sursaut par les lumières qui s'allumaient, un seau d'eau froide au visage, et une sonnerie de clairon dans la chambre.

Difficile de dire quelle heure il était en regardant par la fenêtre : celle-ci donnant vers le nord. En tout cas, il faisait encore bien nuit. Ou alors, c'était à peine le petit matin...

Son réveil matin personnel était constitué de 3 jeunes agents habillés avec des uniformes du siècle dernier, dont un garçon avec un tailleur de fille et des talons aiguille qui étaient manifestement hilares.

Jenny se réveilla en sursaut trempé et très énervée...

*Mais c'est quoi ce bordel!!! C'est qui ces blaireaux et cette tata...*

Elle releva la couverture sur ces jambes.

"Qu'est ce que vous me voulez? Qu'est ce que vous foutez là? Quelle heure il est? Et surtout pourquoi vous vous marrez comme des débiles?"

Ces mains bougeant très vite, elle était quasiment sur que même si il parlait le language des signes, il aurait du mal à comprendre mais elle s'en foutait... Cela sentait les ennuis à plein nez.

*Pourquoi j attire toujours les problèmes....*

Les trois zouaves rirent en voyant Jenny s'agitait.

"Hé les mecs ! Elle est épileptique ou quoi ?
- Arrête tes conneries ! C'est pas Betsy !
- Désolé madames ! Vous nous avez jamais vus !"

Et ils sortirent en riant, laissant Jenny toute seule, et bien réveillée, au milieu de la chambre, et de la nuit.

*C'était quoi ça?*

Jenny était énervée, déjà être réveillée à l'eau en pleine nuit ne lui plaisait guère mais de plus que ces trois débiles ne s'excuse même pas, c'était trop...

Elle tenta de se recoucher mais la tension était trop grande. Elle se leva donc, enfila son pantalon et se dirigea vers la fenêtre et regarda le ciel, son esprit dérivant sur sa vie et surtout sur les évenement de la journée.
Elle resta ainsi un long moment, combien de temps passa, elle ne saurait le dire, peut être s'était t-elle assoupi...

Lorsque l'heure du rendez vous arriva, elle partitdonc en direction du bureau où elle devait voir la femme qui l'avait "hébergé. Elle suivit le chemin de la veille en sens inverse. Elle estimait qu'elle serait bientot de nouveau en présence de la jeune femme...

Jenny arriva au matin : les agents commençaient à s'affairer en baillant, l'équipe de jour remplaçant celle de nuit dans une assez bonne humeur et un questionnement existentiel sur la qualité de la nuit.

Le bureau de Betsy était ouvert, mais il n'y avait personne dedans quand Jenny y entra.
C'est seulement après qu'elle se soit installée que la jeune femme entra, accompagnée d'un civil. Elle ferma la porte du bureau derrière elle, puis s'installa.

Elle signa ensuite que le civil était un interprète, puis demanda à Jenny si elle voulait du manger quelque chose, parce que la matinée allait être longue...

Jenny vit betsy et un homme entré. L'homme était un interprêtre...

"Oui je veux bien un café..."

Et se rappelant qu'elle n'avait rien avalé depuis quelque temps, elle poursuivit:

"Et un truc à manger aussi, merci. Au fait trois hommes sont venus dans la chambre et m'ont réveillé cette nuit. Je vous le dit car vous m'avez précisé que je devais me faire discrète."

Elle n'était pas réveillé. Mais surtout elle se demandait ce qui l'attendait aujourd'hui.

Betsy commanda trois cafés et une corbeille de croissants via son interphone, puis il expliqua :

"Oui, ce sont des compagnons de promo... Ils avaient prévu de me bizuther cette nuit. J'espère que vous ne m'en voulez pas trop d'avoir profité de votre présence pour empêcher cela... ça leur servira de leçon ! Une femme a battu trois hommes, ça leur fera les pieds à cette bande de machos."

Elle se râcla la gorge. Comme entrée en la matière, c'était pas le top, mais bon...
Elle s'assit derrière son bureau, tripota quelques papiers, alluma son ordinateur, et entama d'un air un peu gêné.

"Mlle Lorden, je suis très ennuyée, mais vos parents nous ont signalé votre disparition il y a quelques temps..."

Elle se râcla à nouveau la gorge

"...Mais dans l'immédiat, ce n'est pas ce qui nous intéresse."

Son ordinateur émit un petit bip, et elle commença à pianoter.

"Dites moi exactement ce qui s'est passé cette nuit avant qu'on ne vous trouve, et n'omettez aucun détail."

Jenny se tenait droite sur le fauteuil. Elle avait un peu de mal à encaisser la nouvelle, que cette femme a qui elle ne devait rien se serve d'elle afin d'éviter un bizzhutage...
Et maintenant en plus de paraître géné, elle lui demandait carrément une déposition...

"ce qui s'est passé, c'est que je suis arrivé au concert des diablos, un groupe de rock qui donnait un concert sauvage hier soir. Je venais de m'adosser à un arbre lorsque 4 mecs sont venus vers moi et m'ont accosté. "Leur chef" s'appelait Rony et on voyait bien vu leur état d'ébriété qu'ils ne venaient pas écouter la musique. Enfin, ils m'ont accosté et Rony a essayé de m'embrasser de force, en le repoussant, lui et ces amis sont tombés sur des gens qui regardaient le concert à coté et une bagarre à comencé.
Je suis allé prévenir les videurs, qui n'ont pas bougés. Finalement, la bagarre s'est arrété et j'ai rencontré Antonio, le chanteur des Diablos qui a proposé de me raccompagner...
Sur le chemin du retour, on est tombés sur Rony et ces potes qui sont venus nous menacés. Antonio a essayé de me défendre et Rony lui a planté un couteau dans le ventre... Lorsqu'il a voulu s'en prendre à moi, je me suis défendu et lorsqu'il m ' a maitrisé, vous êtes arrivés..."


Jenny n'en pouvait plus, déjà vivre l'histoire l'avait boulversée, mais devoir se la rappeller était excessivement dure...

Betsy pianotait sur son ordinateur, sous la dictée de son interprète.

"Vous connaissez ce Rony ? Vous connaissez son nom ? Qu'en est-il de ses amis ? Vous les connaissez également, vous sauriez les reconnaître, ou en faire un portrait robot ?"

"Vous les décrire...Oui je dois pouvoir..."

Jenny commenca alors une description de ces 4 aggresseurs. A part Rony, elle se les rappelais que vaguement mais elle essaya, ce qui fut un effort terrible pour elle qui ne demandait qu'a oublié...

Une fois qu'elle eu fini, elle s'arreta de parler, elle pensait à Antonio, se demandant si il allait bien...

L'agent de police nota la description avec soin dans un logiciel spécialisé qui projeta un portrait robot holographique au dessus du bureau assez criant de vérité.

"Comme ça ?"

Elle marqua un temps pour que Jenny lui réponde.

"Si c'est le cas, votre déposition est suffisamment accablante pour que vous n'ayez à témoigner aux assises. Je pense que vous avez été suffisamment traumatisée pour devoir apparaître comme témoin à charge d'un procès pour homicide... Mais si le procureur veut vous appeler, il faudra vous tenir prête."

Dans le genre --mettre les pieds dans le plat--, Betsy était une championne. Sans vraiment se rendre compte de la boulette qu'elle avait commise, elle embraya sur un autre sujet.

"Je suis très ennuyée, par contre, parce que comme je vous disais auparavant, vous avez été déclarée comme fugueuse. J'ai donc l'obligation de prévenir vos parents que nous vous avons retrouvée.

"Oui c'est bien eux."

Jenny était suprise, c'était ça son problème... Devait elle prévenir ces parents.

"Allez y prévenez les si vous voulez mais vous ne pouvez pas m'obliger à y retourner, je vous rapelle que je suis majeure désormais."

Elle avait répondu cela d'un ton un peu sec mais se rapeller la soirée d'hier et le fait qu'Antonio était mort l'avait contrarié au plus haut point...
Devoir aller témoigner l'ennuyait et la stressait beaucoup mais elle ferait tout pour que ces raclures payent...

Betsy ne se formalisa pas de la sécheresse du ton de Jenny, vu que l'interprète répondait d'un ton neutre.

"A votre guise... Toutefois, votre situation est irrégulière, et un juge peut exiger de vous replacer sous tutelle le temps que ça se régularise... A moins que vous n'ayez quelque part où aller, un logement, un emploi ?"

Cette affaire d'homicide semblait maintenant bien lointaine dans l'esprit de la jeune femme.

Jenny n'en croyait pas ces oreilles... Un juge, une tutelle, un emploi... Comment la conversation avait elle pu dériver ainsi...

"Et c'est pour sa qu'il est la, pour m'emmener avec les autres sans voix... He bas allez y, régularisez ma situation ou pas,je m'en fout, je ne retournerai pas chez moi..."

Jenny se leva alors violement et alla vers la fenêtre... Une larme lui courant le long de la joue... Elle ne voulait pas revoir sa famille, par peur de les blesser, mais elle lui manquait terriblement.

Betsy se leva à son tour calmement et alla poser une main réconfortante sur l'épaule de Jenny.

"Je ne vous forcerai pas à y retourner si vous ne voulez pas, mais je ne peux légalement pas vous laisser à la rue... J'ai besoin de votre aide pour ça : vous devez trouver un établissement, une pension, n'importe quoi... Un endroit où vous pourriez avoir rapidement votre adresse."

Jenny se retourna lentement en sentant une main sur son épaule. La voix de Betsy avait beau être douce et réconfortante, elle repensait à sa famille et ces derniers lui manquaint...

"Moi je veux bien trouver une adresse, mais où voulez vous que j'aille? Comment trouvez un job, tout ce que je sais faire, c'est jouer de la basse et attirer les ennuis...
Personne n'engagera une muette qui joue du rock du siècle dernier..."

Son esprit bouillonait. La nuit où sa vie avait basculée, lui revint en mémoire. Ce fameux concert où elle avait tout perdu... Aujourd'hui encore, elle ne savait pas ce qui s'était passé et cela plus que tous la mettait dans une colère noire...

"Arrétez d'être condescendante avec moi, vous n'avez aucune idée de se que je vis... J'ai perdu ma voix, c'est comme un vide en moi mainteanant..."

Betsy jeta un regard interrogatif à l'interprète qui haussa les épaules, il n'y pouvait rien le pauvre, il ne faisait que son travail.

Elle retourna s'assoir à son fauteuil, gardant le silence un instant.

"Je vous demanderai d'être un peu plus respectueuse envers moi, Mademoiselle. Si vous avez des soucis avec votre vie, je peux aussi vous recommander à un juge des affaires familiales et à des assistantes sociales, et ça vous plaira beaucoup moins que ce que je vous propose jusque là. Il fallait penser à tout ça avant de claquer la porte de chez vous."

Son ton s'était fait plus abrupt, plus froid et plus robotique.

Jenny ressentit ce changement de ton comme un coup de poignard... Elle se retourna, au bord des larmes et alla s'asseoir.

"Je suis désolé. Je ne voulais pas être aussi irrespectueuse mais je suis épuisé..."

Elle se tût un moment, laissant la raison s'emparer d'elle, la calmée, puis reprît:

"Je n'ai aucune idée d'où je pourrais aller; même de façon temporaire, tout ce que je connais ici, c'est la rue. C'est ma maison depuis si longtemps que je ne me rappelle même plus depuis quand... Qu'est ce que je peux faire, Mlle l'agent?"

Betsy croisa ses mains, signe d'une légère réflexion, puis elle congédia son interprète.

"Écoutez, j'ai une idée. C'est une idée parfaitement stupide, mais c'est la première qui vient de me passer par la tête.

Vous n'avez pas l'air de vouloir revoir vos parents, je ne veux pas de détails. Mais si vous voulez qu'ils vous oublient, vous pouvez essayer la provoc... Dites leur n'importe quoi... Dites leur que vous êtes lesbienne, zoophile, ou mieux ! Dites leur que vous êtes une mutante, et que vous allez partir dans ce camp militaire aux USA !

Comme ça, ils vous ficheront la paix."