[Août 2007] Cassandre Deneos : Philosophie

Alixtide rougit à grande vitesse, au point que ses joues lui firent mal. Cassandre l’interpellait sur un sujet qu’il n’avait, à vrai dire, pas approfondi, en même temps qu’elle révélait son handicape, et tout cela se bousculait joyeusement dans sa tête au milieu des images de son arrivée et de l’accueil par la psychologue. Il tenta de reprendre le fil.

« Heu bah, je … je comprends pas. »

Il fulminait intérieurement de faire cette concession insupportable à Juliette, aussi s’empressa-t-il d’ajouter en rougissant plus encore.

« Je comprends pas que ce soit pas clair pour tout le monde. Bien sûr que des mutants sont des menaces enfin … il suffit de lire la S… heu le journal pour le voir. Et ce qu’a dit Draena, et ce qui est la logique même ! C’est pas négatif ce que je dis si ? C’est un constat … »

Déstabilisé par les réprimandes gestuelles et verbales de Juliette, et par les explications/révélations de Cassandre, il se résolut amèrement à battre en retraite.

« Je suis mal placé pour trouver une morale mutante, Madame. Je dois me tromper. Je cherche … plutôt une solution, qu’une … heu … morale. »

Alixtide triturait son morceau de papier en se demandant comment il allait l’insérer dans la conversation, vu comme c’était parti. Il lança des regards en biais à Noémie et Draena pour qu’elles pensent à venir à son secours.

Pleinement en accord avec le discours de Cassandre qui serait le sien si la jeune gothique ne se laissait pas emporter par sa fougue et sa passion habituellement dissimulé aux yeux de tous, elle écouta avec attention la réponse de Alixtide à l'interrogation de la jeune femme...

...Et comme Juliette le pensait si justement, le jeune garçon ne comprenait effectivement rien. Il semblait plutôt perdu, et il fallait l'être pour citer, comme il l'avait fait, un journal aussi ouvertement anti mutant que la Sentinelle... Un mutant qui citait un journal anti mutant... Si ce n'était pas malheureux tout de même...

Alixtide semblait chercher désespérément à se raccrocher à quelque chose, à une explication nette et indiscutable, de la situation qui était la sienne...

"A trop chercher des certitudes et des vérités sans failles, on finit par se perdre dans le mensonge de l'illusion..." dit alors Juliette, que le simple geste de Cassandre avait apaisé.

"Et tu dis que les mutants sont une menace, mais tu as tort... Le mutant n'est rien, sans l'humain qui le dirige dans un sens ou dans l'autre... En vérité et depuis l'aube des temps, la seule menace de l'humanité c'est l'homme lui-même..."

Juliette était redevenu la Juliette à la voix douce et merveilleusement musicale... Cassandre paraissait être d'un effet des plus apaisant sur la jeune gothique, de par sa seule présence affirmée... Etrange, réellement. Etrange, mais... Pas désagréable en fin de compte, Juliette devait bien se l'avouer...

Chaque pouvoir a sa part d'ombre.

**Sauf que pour moi c'est réel** pense t'elle, en regardant Cassandre.

si tu nous en disais plus sur la morale mutante que tu envisages ?"

Draena tourne sa tête vers le jeune homme, attendant les préceptes d'une telle morale. Alixtide, semblait s'emméler dans ses propos, chose normale, lorsqu'on vous posait une question à double tranchant.

"Et tu dis que les mutants sont une menace, mais tu as tort... Le mutant n'est rien, sans l'humain qui le dirige dans un sens ou dans l'autre... En vérité et depuis l'aube des temps, la seule menace de l'humanité c'est l'homme lui-même..."

"... Je pense que nous nous égarons.... Nous n'arrêtons pas de parler de nous comme tantôt des humains, tantôt des mutants, selon ce qui nous arrange... Or nous ne sommes que des humains avec un petit plus. Tout comme par le passé Albert Einstein avait un petit plus par rapport à son époque..."

Montrant Alixtide de la main, et tous du regard...

"... Il propose de créer Mutant Island et que tout les mutants s'y regroupent... Pourquoi pas...

Mais dans ces cas là, c'est un état complet qu'il faudra créer, avec ses lois, ses doctrines, sa philosophie, son armée....

Imaginons un instant qu'un Hitler Mutant prenne le contrôle, ce qui ne serait pas dur, vu que l'humanité semble enclinte à diaboliser les mutants, via des journaux endoctrinaux. Qu'adviendrait-il de l'Homme ? Et même des mutants. Car dans ses conditions il serait clair que tout ceux n'allant pas dans les pas de cet Hitler mutant seront détruit !"

Prenant une légère pause

"... Il pense que certains mutant sont des menaces, et personne ici ne peut le nier. Je suis une menace... Il est une menace... Elle, Toi, et vous aussi !"

En montrant tour à tour Alixtide, Noémie, Juliette et Cassandre

"... Nous pouvons tous faire du mal, tout comme chaque humain de cette planète. Maintenant, si nous sommes ici, c'est que nous en avons conscience, et que nous souhaitons contrôler ce pouvoir afin, justement d'avoir le choix ! Le choix de l'utiliser ou non, selon les situations et selon notre conscience."

Alixtide secoua la tête, irrité par les paroles moralisatrice de Juliette. Qui était-elle pour lui faire la leçon ? Sa voix douce et mélodieuse portant des propos aussi arrogants et méprisants était un affront insupportable. Il imita le geste accusateur de la gothique, qu’il pointa sur elle, les sourcils froncés.

« Je dis que les mutants sont des menaces, oui, et j’ai raison, Madame Juliette. Et à quoi ça nous avance, de dire que les erreurs qu’on fait c’est celles des humains que nous sommes ?? Et que l’aspect mutant n’a rien à voir ? »

Il accusa de la même manière Draena.

« Et que nous ne sommes que des humains avec un ‘petit plus’ ? Il ne faudrait pas s’en préoccuper ? Je ne suis pas d’accord. Nous ne sommes pas des êtres humains.

Il va bien falloir s’y résoudre. Nous sommes autre chose. Les humains peuvent tous faire les mêmes bêtises, alors que nous, on a les moyens de faire des bêtises encore plus grosses, et imprévisibles. C’est une grande différence qu’on peut pas balayer comme ça, d’un coup de balai comme le fait Juliette. La morale mutante qui s’ensuit, c’est qu’il faut que les mutants s’organisent entre eux pour limiter les bêtises, pour coopérer avec le reste du monde en se rendant utile, ou bien pour vivre sans faire d’histoires. Il faut que les mutants jugent entre eux des problèmes de mutants. »

Il enchaîna sur le même ton assuré et déterminé, comme si la provocation de la gothique lui avait tout révélé.

« Donc je pense maintenant que oui, il faut se créer une loi, une sorte de code qui s’applique aux monstres que nous sommes, parce qu’il y a que ça qui rassurera les autres humains. Et puis, faisons un tribunal qui pourra juger et punir les mutants qui ne respectent pas le contrat. Faisons un conseil ou une assemblée quelconque qui écrira le code. Voilà et dans ce code, on mettrait des choses concrètes, pas que des grandes valeurs comme la tolérance et tout … Parce que les problèmes des mutants sont des trucs concrets. Voilà, ... mais heu, pas une armée. »

Alixtide croisa les bras devant lui sur la table et se pencha légèrement en avant, le regard dur.

« Et j’ai la preuve que ce que je dis n’est pas totalement stupide sur mon bout de papier … »

Dit-il avec un regard de défi à Juliette. Il s’interrompit, tendu et pas aussi confiant que ça. Il était énervé et ne se garantissait pas à lui-même la cohérence de son analyse à brûle-pourpoint. Il espérait néanmoins qu’aucune des femmes présentes ne trouve trop de failles, le temps de rassembler ses arguments sur le contenu du dit papier.

A nouveau, Cassandre crut bon d'intervenir. Elle ne savait pas si c'était le simple fait qu'elle intervienne ou véritablement ses paroles qui ramenaient les élèves sur terre.

"J'aimerais un peu moins d'affirmations, et un peu plus de conditionnel." dit-elle, le visage incliné vers le bas comme si elle contemplait ses chaussures.

"N'oubliez pas que personne ici ne détient de réponse, mais que nous sommes ici pour les trouver ensemble." tout en disant cela, elle tourna la tête vers Noémie, qui n'avait pas pris part aux derniers échanges. Elle marqua une pause pour laisser les élèves s'imprégner de ce qu'elle venait de dire.

"Si je résume, nous avons Alixtide qui pense que nous sommes à classer à part des humains, et qu'en tant que tel, nous devrions avoir des institutions adaptées mais sans droit de regard de la part des humains, de l'autre si je ne m'abuse, nous avons Juliette et Draena, qui soutiennent que nous sommes des humains avant tout et qu'à ce titre, nous devons nous en remettre à notre conscience humaine.

Vous savez, ce n'est pas la première fois que le sujet d'un état mutant indépendant vient sur le tapis. D'autres mutants en ont parlé avant nous il y a des années, et un tel état a bel et bien existé, même si comme bien d'autres choses, ce fait s'est perdu dans l'histoire. A votre avis... Quel serait l'opinion d'un mutant sur le reste de la population mondiale après avoir vécu très longtemps dans un état comme celui qu'on évoque, avec ses lois, une justice, des institutions, un gouvernement indépendants de ceux des hommes ? Est-ce qu'on ne finirait pas par se croire au-dessus des instances proprement humaines, et qui malgré notre petit "plus", comme vous l'appelez, nous lie aussi aux non-mutants ? Et puis... comme l'a dit Draena, une coalition de ce genre pourrait s'avérer extrêmement dangereuse. Les paroles de Juliette me rappellent un trait d'esprit bien connu : l'homme est un loup pour l'homme. Cela serait d'autant plus vrai pour des mutants convaincus de leur différence, de leur supérioté sur les autres, vous ne pensez pas ?"

[hrp : désolée pour le contre-temps ^^]

Les bras croisé sur sa poitrine, Juliette demeura songeuse... Elle le savait, tout les points de vue évoqué dans celle salle de classe se valait tout autant les uns que les autres. C’était bien la le fond du problème avec la philosophie en fin de compte, tout n’était que hypothèse et fluctuation des idées, en fonction de l’époque et de la civilisation en place... Finalement, elle enchaîna...

‘’Je vais sans doute me répéter, mais l’histoire nous à démontré ce qui résultait d’un état d’êtres dits ‘’supérieurs’’.. D’ailleurs, je n’aime pas ce terme, il a une connotation négative qui nous ramène à l’une des plus sombres période de l’histoire contemporaine du monde. Le pouvoir engendre des responsabilités, mais il peut aussi tourner les têtes et donner des envies de grandeur désastreuse... Et un état mutant, ce serait une arme à double tranchant. D’une part, une trop grande concentration de mutants engendrerait forcément une méfiance grandissante de la part des non mutants comme la si justement souligné Draena, et d’autre part, ces mêmes mutants deviendraient une cible bien trop facile à atteindre. Il suffirait alors qu’un anti mutant au pouvoir commette la folie d’envoyer des missiles nucléaires sur ce fameux état mutant, et nous disparaîtrions quasiment en l’espace de quelques mois, tout au plus. Sans compter que nombre d’entre nous rechercherais alors la vengeance, et que tout cela plongerai le monde dans une guerre intestine qui ne sera, au final, bénéfique pour aucun des acteurs de celle-ci. Je continue donc de penser que nous devons nous mêler à la population non mutante, aussi bien pour nous intégrer au sein d’une existence normale, que pour nôtre propre sécurité...’’

La jeune gothique souffla... Bien sur, un état mutant serait certainement bénéfique sur le court terme, mais sur la durée il ne pourrait que conduire les mutants à une catastrophe. La nature humaine était ce qu’elle était, et lorsqu’une des parties en présence représentait un trop grand danger potentiel, alors les autres, plus faible, s’alliaient toujours pour faire disparaître l’épée de Damocles qu’ils pensaient avoir au dessus de leurs têtes.

‘’Et puis...’’ reprit Juliette ‘’Qui gouvernerait cet état mutant dis moi Alixtide, toi qui semble être si convaincu du bien fondé d’une telle entreprise... Les plus sages.. ? Les plus puissants.. ? Retire tes oeillères, et regarde un peu le monde en face mon pauvre ami... Même sans le gène X, les gouvernants rivalisent de coups bas et de traîtrises en tous genres, afin d’accéder au pouvoir, alors j’imaginent parfaitement de quoi certains d’entre nous seraient capable, uniquement pour devenir les dirigeants de cette fameuse nation mutante.. Et je ne pense pas que ce serait les meilleures personnes qui accéderaient à ce statut très dangereux...

... Un état totalitaire, voilà ce que je crains pour une éventuelle nation mutante. Un état ou l’échelle sociale ne se mesurerait non pas au mérite, mais à la nature de notre pouvoir... Ne nous leurrons pas, tout cela n’est pas que pure hypothèses... C’est une réalité en devenir... Alors oui, je refuse un état ou nous nous ostraciserions nous même de ce monde qui nous appartient tout autant qu’aux non mutants... Comme je l’ai dit un peu plus tôt, c’est la différence qui enrichit une civilisation, et non pas la séparation des classes, qu’elles soient sociales ou, dans notre cas, génétiques...’’

Juliette se tut alors... Mais si cela n’avait tenu qu’à elle, la jeune gothique aurait bien volontiers dit à Alixtide d’aller vivre sur une île déserte s’il ne voulait pas se mêler à la population non mutante... En fait, Juliette avait pensé cela en des termes très légèrement différent, mais la décence nous interdit de nous montrer plus explicite en la matière...

Alixtide fut amplement tranquillisé à l’intervention de Cassandre. Son idée était tellement peu stupide qu’elle avait déjà été testée par le passé ! Ca apprendrait à cette bêcheuse de Juliette qu’on ne devait pas prendre les gens pour des imbéciles, surtout quand ils ont raison. Il écouta l’exemple de la psy avec attention, satisfait et déjà prêt à argumenter en faveur de sa cause. La réponse de Juliette était une pitoyable tentative de sauver les apparences. Mais il fallait avoir la victoire modeste. Aussi Alixtide reprit sur un ton posé.

« Madame je crois que si cette idée a déjà été tentée par le passé, c’est qu’elle n’est pas si mauvaise. Et si elle a pas marché, c’est peut-être qu’ils s’y sont mal pris. Ils ont du faire ce que Juliette a dit, et bien sûr, ça a foiré. »

Savourant sa supériorité dans le débat, il s’accorda une seconde ou deux de silence avant de reprendre.

« Tu me demandes qui je mettrais au pouvoir, moi, ton pauvre ami ? Hé hé … Ben pas un président ou autre dictateur, pas un conseil de sages, pas les meilleurs mutants. Je ferai déjà un conseil qui se réunirait une fois tous les cinq ou dix ans, parce que le but de mon conseil là, c’est juste de faire une loi, de faire un code, et de le modifier au fil du temps si besoin. Ce que je propose c’est pas un état ou on vit séparé des humains, c’est juste une grande loi qui s’applique juste aux mutants. Mais après les mutants vivent où ils veulent. Les gens qui feraient ce texte seraient peut-être une centaine. Y’aurait des représentants des mutants dangereux, des représentants des mutants normaux, des représentants des humains. Puisque tu veux absolument qu’il y aurait des humains. Ou disons qu’ils seraient là juste pour vérifier que le code est en harmonie avec les lois humaines.

Ensuite ben il faut un tribunal avec plusieurs juges, là aussi des mutants dangereux –qui peuvent comprendre ce que c’est que d’être un mutant dangereux- et des mutants normaux –ceux qui ne peuvent pas faire de mal mais aimeraient pas qu’on les oublie-. Voilà et si dans le monde un mutant accepte pas de suivre cette sorte de règle de vie des mutants, alors … il faut le punir. Le jeter en prison. Voilà. Ce serait tout simple, ça ne mènerait pas à votre dictature, et ça assurerait à tout le monde que la situation est maîtrisée. »

Il se tourna vers Cassandre.

« Pour le problème de supériorité de certains mutants, ce serait résolu aussi. Parce que le vrai pouvoir c’est toujours les humains en général qui l’ont. Avec les élections et tout ça. Et rien pourrait empêcher un mutant de se présenter aux élections comme un autre. Ce mutant là aura les droits, et les devoirs, que lui donne le code de conduite des mutants. Pourquoi ça marcherait pas ? Ca couterait pas grand chose d'essayer. »

Il croisa à nouveau les bras avec assurance. Il en oublia même son bout de papier, qui décidément était difficile à placer dans le débat.

''Tu es trop naïf Alixtide... Tu me fais pitié...''

Dit alors Juliette, dans un soupir las qui indiquait que la jeune gothique ne se faisait plus d'illusion sur le jeune homme qui paraissait véritablement croire en les propos irréalisables qu'il tenait...

Etre encore aussi naïf à son âge, cela en était à la fois touchant et pathétique, songea alors Juliette, le regard perdu en direction de la fenêtre ou elle pouvait voir le ciel bleu traversé d'un gigantesque et magnifique nuage blanc cotonneux... ^^

Les dernières paroles de Juliette laissèrent Cassandre perplexe. Elle tourna son visage émacié vers la jeune fille, mais ne fit aucun commentaire. Il était clair que ne pas juger les propositions des autres était une tâche ardue dans un débat ouvert, mais Cassandre avait appelé à l'ouverture d'esprit, dans un sens comme dans l'autre.
Elle resta silencieuse quelques secondes, puis reprit le fil de la conversation : elle règlerait ça plus tard.

"Et d'après vous, comment juger de la dangerosité d'un pouvoir ? Le danger est une notion très subjective en fin de compte. Ce qui sera jugé dangereux par quelqu'un ne l'est pas forcément par son voisin. Le danger ne réside pas nécessairement dans le potentiel de destruction, de mort... Vous le disiez, nous sommes tous dangereux, mais de différentes marnières." reprit-elle sans se départir de sa sérénité habituelle. Elle était un exemple parfait de ce qu'elle expliquait. Son pouvoir l'ouvrait à des possibilités d'action inimaginables malgré son handicap. Peu de gens pouvait se targuer d'être omniscients.
Elle agita délicatement le bout de papier qu'elle avait tiré, comme si elle le pesait :

"Bien des pouvoirs paraissent passifs, ou inoffensifs au premier abord. Pourtant, pris sous un angle différent, ils peuvent être dangereux. Mon papier, mais aussi ceux de Juliette et de Noémie l'illustrent parfaitement."

Elle fit une pause :

"Bien. A moins que vous n'ayez d'autres commentaires à partager sur les pistes que nous avons ouvertes, vos papiers vous ont-ils amenés sur des sujets que nous n'aurions pas exploré ?"

Alixtide eut un sourire aux lèvres, ravi d’entendre que la seule réplique de l‘insolente gothique était une insulte fade. Comme il était en forme décidemment, il leva l’index pour signifier qu’il aurait quelque chose à ajouter et déplia son papier.

« Moi j’ai quelque chose dont on n’a pas parlé. Et avant je voudrais dire que je vais chercher des idées, pour ce code, histoire de montrer que c’est faisable. Avec la définition de la dangerosité et tout ... Je vais vous en faire un brouillon, et un jour, peut-être, il deviendra le premier code mutant. Le Code Alixtide. »

Dit-il d’un ton sentencieux avec un regard appuyé sur Juliette. Puis se replongeant dans son papier.

« Mon papier est une phrase générale, ou plutôt trois ou quatre phrases. Je pourrai le lire car y’a rien de compromettant … En gros, la pire utilisation d’un pouvoir ce serait de rendre fou son propriétaire. Et le plus grave ce serait plutôt le poids sur la conscience, que les conséquences matérielles. »

Il s’adossa à son siège et haussa les épaules.

« En bref on est tous des psychopathes en puissance, des gros malades. Et je crois bien que ce message montre le risque de perdre son humanité. Je suis entièrement d’accord avec ça. Et ça pourrait vouloir dire que nous autres, arrivés à un certain stade de désespoir et de folie, ne sommes même plus des humains. On serait quelque chose en dessous de l’humanité. Voilà où les pouvoirs nous mèneraient, selon l’auteur. »

Soupirant de nouveau, Juliette se détourna de la fenêtre et dit :

''Le véritable problème ce n'est pas la mutation, il me parait évident que c'est là une voie d'ors et déjà sans issue... Non, le problème auquel il faut s'attaquer, c'est la différence. Entre non mutant c'est soit la couleur, soit le handicap, soit la classe sociale... Pour nous, c'est la mutation. Mais en définitive, le véritable point sur lequel travailler, c'est uniquement la différence...''

Puis elle se tourna vers Alixtide, et le regarda avec un regard légèrement désabusé...

''Et "en bref" n'est pas un terme qui a sa place en philosophie Alixtide, alors essaye de faire un effort afin de développer un minimum ton propos..."

Juliette se demanda si cela était finalement bien la peine, car sans savoir exactement quel morceau de papier le jeune homme avait tiré, elle ne doutait pas du fait qu'il avait certainement du mal l'interpréter... Subrepticement, le coin de l'oeil de la jeune gothique se reporta de nouveau vers la fenêtre...

*Lui au moins il brille utilement* songea-t-elle alors en en pensant à l'astre solaire qui illuminait cette matinée de ses rayons bienfaisants...

Draena n'avait rien dit, préférant regarder de loin ce sketch. C'est en se demandant ce qu'il y avait exactement entre les deux adolescents, elle ne doutait pas que cette joute verbale, était soit une suite de ce qu'il y avaite eu ou un prémice de ce qu'il y aura...

**Les contraires s'attirent, c'est bien connu**

Regardant Cassandre, elle lui dit :

"Vous ne croyez pas que justement le fait d'être dans cet institut ouvert exclusivement aux mutants ne nous exclus pas encore plus ?

Nous sommes contre l'idée d'un état mutant, mais ne sommes nous pas au sein d'une micro nation qui peut paraître repliée sur elle même, vu que non ouverte aux humains."

Cassandre croisa les jambes et écarta une mèche de cheveux qui lui chatouillait le coin des yeux. L'avantage des lunettes, c'est qu'elles faisaient aussi office de serre-tête. Une fois de plus, le ton cinglant de Juliette la surprit : elle s'était habituée à plus d'égard et d'humilité de sa part lors de leur entrevue, mais elle savait que le comportement de chacun était orienté par l'environnement. Il lui faudrait toucher deux mots de tout ceci à la jeune fille en fin de cours. Elle n'avait pas l'intention d'en parler devant les autres élèves, et d'accentuer le clivage qui semblait s'être insidieusement creusé.

"Voilà une bonne idée Alixtide, d'ailleurs je pense que ce sera votre travail à tous pour notre prochaine séance. Vous pourrez y travailler seuls ou en groupe selon votre convenance. Et si vos propositions sont pertinentes... je les soumettrais à Olivier." répondit la jeune femme, coupant court aux remontrances de Juliette.

La question de Draena lui rappela la conversation qu'elle avait eu la veille avec Juliette.

"Avant d'être une école, l'institut est un foyer, une maison pour les mutants. Beaucoup d'élèves sont arrivés ici dans des circonstances tragiques, certains ne savaient plus où aller. Mais c'est justement pour palier à cet isolement relatif que vous suivrez vos cours de tronc commun dans les écoles publiques de Salem Center. De plus, vous êtes libres de vos mouvements et de vos activités en dehors des heures de cours suivies à l'institut."

Alixtide soupira, et mit sa tête dans ses mains en ayant l’air de réfléchir intensément.

« Bah je dis « en bref » pour faire court car je vois que certains s’ennuient … Je déroule mon propos quand tu veux Juliette. »

Dit-il en levant les yeux au ciel. Il fut très content d’apprendre que la psy prenait à son compte son idée géniale. Toutefois immédiatement il ressentit une certaine suspicion.

*Oh purin elles vont toutes me piquer mes idées, et le code ne sera pas le Code Alixtide ! Ce sera le Code Fleury ! Eurk … pfff …*

Il n’écouta qu’à moitié la question et la réponse sur l’état-Institut. Il accorda un regard en biais à Juliette, absorbée par la contemplation du ciel.

*Vraiment à l’ouest cette fille purin …*

Il se força à réfléchir à ses paroles, soucieux de pouvoir parer à tout.

« La différence … mais … c’est quand même plus qu’une différence … Madame Cassandre peut lire dans le cerveau des gens, c’est différent du reste des gens non ? C’est pas seulement comme si elle était noire ? Ou comme si elle était laveuse de carreaux ? Je vois pas qu’on puisse mettre cette différence sur le même plan que les autres. Parce que … la mutantité est une différence que les gens normaux envient. Tandis que la couleur noire, la laverie des carreaux …c’est le contraire … »

Il termina ses propos sur un ton rêveur, comme si la suite se poursuivait dans ses pensées. Toute cette réflexion intense commençait à lui coûter de l'énergie.

Sans quitter le ciel bleu des yeux, Juliette répondit lascivement ...

"Tu dis de nouveau des bêtises Alixtide, personne n'envie les mutants... On nous craint, on nous désire pour des choses peu avouables certainement, comme on désire un outil précieux à utiliser comme bon nous semble... Mais personne ne nous envies, j'en sais quelque chose..."

De nouveau, la jeune gothique replongea dans le silence... Cette dernière phrase paru la toucher plus particulièrement, mais elle n'en fit toutefois pas étalage... C'était sa vie, qui cela intéressait-il en fin de compte..?

Toutefois, tout n'était pas à jeter dans le bric-à-brac sonore du jeune homme. Le codex des lois était une idée assez bien vu, malgré le fait qu'il n'aurait jamais d'autre valeur que celle que quelques-uns daigneraient lui accorder... Mais tout de même, l'idée était... Séduisante...

... Tandis que la couleur noire, la laverie des carreaux...

Draena jeta un regard sombre à Alixtide et resta bouche bée quelques secondes avant de dire :

"... Mais qu'est-ce que tu racontes ? T'as un problème avec les noirs ? Et comment oses-tu dire qu'on n'envie pas la couleur noire, tu réfléchis avant de parler ? Ton pouvoir c'est l'absurdité chronique, ou bien tu sors du fin fond du Mississipi et viens de faire un bond dans le temps depuis les années 1950 ?"

Elle dit la suite en tapant de l'index sur le pupitre.

"... Aujourd'hui beaucoup d'Afro Américians, les noirs comme tu dis ont réussit dans la vie ! Mon père est associé dans l'un des plus grand cabinet d'avocat, et ma mère est publiciste dans la 4ème agence de pub du pays !! Plus des 2/3 des joueurs professionnels de la NFL ou de la NBA sont des noirs, l'industrie du cinéma, la musique s'arrachent les dernières vedettes noires !

Et beaucoup de gens les envies ! Nous n'en sommes pas encore à avoir un président afro américain, mais cela ne saurait tarder !!!"

Regardant Alixtide dans les yeux, d'un air de défi

"Je sais pas d'où tu sors ni où tu pêches de telles conneries, mais un conseil arrête de lire la sentinelle et autres pamphlets du KKK ! Et ouvre les yeux, car sinon tu risques d'avoir de gros problèmes, et pas seulement avec des mutants noirs !"

Draena était furieuse, sa jambe tremblait et elle sentit monter en elle la froideur de la nuit, l'ombre commençait à l'envahir, tandis que sa peau se faisait plus sombre.

**Pffff... Keep cool.... Pfff Keep cool... C'est un vrai crétin comme beaucoup de petits WASP... Pffff cool....

Oh happy days.... When Jesus washed...**

Chantonnant, en fermant les yeux, dans son esprit ce gospel, qui commença à la calmer et refouler la montée de son pouvoir.

Réouvrant les yeux, elle regarde Alixtide, puis détourne son regard, portant celui-ci vers la prof, en pensant :

**Crétin !!**

Une sonnette d’alarme fut tirée dans le cerveau d’Alixtide. Une furie contre lui passait encore, mais deux, ça allait devenir ingérable. Vite il se tourna vers Draena pour rattraper la situation.

« Heu pardon … Draena, j’avais pas vu, que t’étais aussi noire. »

Dit-il en clignant des yeux en voyant les changements qui s’opéraient chez sa camarade.

« T’as mal compris mon exemple … c’est ma faute, j’aurais dû dire bleu au lieu de noir. »

Il songea qu’il en faudrait plus pour calmer la jeune irascible. Il poursuivit du ton le plus humble qu’il puisse trouver.

« Mais excuse-moi si je te montre que tu as mal compris … Tu parles du footballeur très fort et célèbre. Qu’il soit noir ou bleu, je veux dire, c’est pas ça qu’on envie chez lui, c’est le fait qu’il est fort. Moi quand je vois à la télé un footballeur très fort, je me dis qu’il est très fort, et s’il est noir ou bleu, c’est pas pour ça qu’il est fort … »

Se tournant vers Juliette histoire d’esquiver les éclairs lancés par Draena.

« On craint les mutants oui, parce qu’ils ont des *capacités* extraordinaires, qu’ils sont les seuls à avoir, par le bon vouloir de la chance. Et purin … bon sang pourquoi vous voulez pas comprendre ça ? Etre noir ou bleu n’apporte aucune capacité, comme être pauvre ou riche. C’est tout ce que je voulais dire moi … Pourquoi vous mélangez ce qui est pas mélangeable ? »

Désespéré, il se tendit vers Cassandre, seule bouée dans cette tempête.

« Madame c’est vraiment des grosses bêtises ce que je dis ?? »

*Purin y’en a ici qui volent les lits des morts et qui tuent leurs semblables, et c’est moi qu’on engueule …*

" Je trouve ce raisonnement assez basique, que la personne soit noir ou pas elle ne sera accepté que si la communauté ou la personne réside l'accepte, les mutants comme vous les appelez doivent déjà s'accepter pour être ensuite accepter, enfin ce que je dis à sûrement déjà était dit et j'avoue que ma réflection n'est pas des plus poussée mais la peur engendre beaucoup de réaction et même en tentant de changer cela, le monde a toujours était divisé entre les personnes tolérantes et celle qui ne le sont pas, la peur en est la base, le racisme, l'homophobie viennent de la... du moins pour moi, je n'ai découverte ma faculté que récemment" c'était un mensonge certes mais cela pouvait l'aider à argumenter " je suis une mutante comme vous, et je suis gay aussi, ce sont deux facteurs qui pousseraient des gens à me lapider sur place s'ils le savaient, et pourquoi... la peur n'est pas forcément la première réponse, la différence que nous avons peut venir aussi de la jalousie et c'est la que je suis d'accord avec la personne qui à dit ça, une personne qui possède une faculté sera vue comme une tare pour la société, un être à éliminer... La nature fait les hommes semblables, la vie les rend différents. C'est la société dans laquelle nous vivons, notre passé qui fait que la haine qui existe encore aujourd'hui entre les personnes de différentes couleurs, ayant des dons ou des tendances sexuelles différentes est encore très présente et difficile à changer. La société a besoin de bouc émissaire et elle les trouves dans les personnes différentes."

Abby regarda les élèves un moment, et le professeur par la suite, elle n'aurait peut être pas dut parler et entre dans la pièce sans frapper à la porte avant et sans se présenter, elle continua de fixer Cassandre, l'air gênée.

"Excusez moi madame, je... je suis nouvelle ici, et j'ai eu du mal à trouver, c'est une élève qui m'a aider, Kitty. Je m'appelle Abby Fitz, je n'aurai pas du intervenir de la sorte. Je m'en excuse."

Abby regarda le sol, près à se faire engueuler, du moins les professeurs de son ancien lycée était de se genre, enfin quelques uns pas tous, encore heureux. Elle attrapa sa tétine, pendue autour du cou attendant que le professeur prenne la parole.

Erreur fatale...

Cassandre posa une main diaphane sur sa tempe et secoua doucement la tête devant les paroles dénuées de tact et suicidaires d'Alixtide, un léger sourire aux lèvres. Elle devait bien se l'avouer, les maladresses du garçon l'amusaient, malgré les énormités qu'il pouvait débiter sur les minorités dont elle faisait indirectement partie. S'il voulait sortir indemne de ce cours, il lui faudrait sûrement apprendre tourner sa pensée, somme toute intéressante, de façon à l'exprimer sans équivocité. Il était clair qu'avec un discours aussi maladroit, le jeune mutant allait se faire lyncher par les deux jeunes filles, qui n'hésitaient pas à exprimer leur opinion avec plus d'assurance.

Et la réaction ne se fit pas attendre. Cassant le dialogue enflammé, Cassandre corrigea :

"Je ne lis pas dans les cerveaux, même si ce que je fais s'apparente à la télépathie." dit-elle, répondant à l'électricité qui planait dans l'air par son calme olympien et la douceur de sa voix.

"Mesdemoiselles, avant de lapider Alixitide, je pense qu'il s'est tout simplement mal exprimé... n'est-ce pas, Alixitide ?" appuya-t-elle de son regard blafard pour se faire comprendre du jeune homme.

"Que ce soit dans notre cours ou au dehors, il vous faudra apprendre à mesurer vos propos et leur impacte sur les autres. C'est d'autant plus vrai à l'institut ou des cultures très différentes cohabitent dans un climat que je trouve étonamment pacifique. C'est une bonne chose et nous devons nous employer à maintenir cette paix en nos murs à défaut de pouvoir la diffuser à l'égard des mutants hors de l'institut. Nous venons tous d'horizons variés, mais la vie en communauté nous oblige à certains égards... Y compris celui de réfléchir avant de parler." dit-elle avec un sourire amusé, malgré le sursaut aggressif qui avait remué la salle quelques instants auparavant.

"Nous mieux que les autres devont apprendre la tolérance à tous points de vue, que ce soit en matière d'origine sociale, ethnique, de pouvoirs, de préférences alimentaires..."

Elle tourna la tête vers Abby, qui avait fait une entrée discrète mais non moins remarquée par la non-voyante. Elle s'interrompit et laissa l'arrivante s'exprimer, puis reprit, la main tendue vers la table où Noémie avait déposé le papier destiné à Abby, mais demeuré vierge à cause de son retard, pour l'inviter à s'asseoir sans plus de cérémonie.

"... ou sexuelles." conclut-elle pour faire bonne mesure avec les révélations soudaines d'Abby sur ses préférences sexuelles, non sans que ses joues blêmes ne piquent un fard inhabituel. Elle conserva néanmoins sa neutralité malgré tout, et ce pour tenter de palier à une situation qui aura pu paraître gênante pour des adolescents. L'irruption de la sexualité tombait comme un cheveux sur la soupe, mais servait le débat. Son esprit dériva un instant vers Juliette, mais elle garda délibéremment la tête tournée vers Abby.

"Ton retard est excusé, en revanche je décline tes excuses pour être intervenue : ce cours est là pour ça." répondit doucement la jeune femme.

"Je m'appelle Cassandre, voici Juliette, Alixtide, Draena et Noémie." dit-elle pour présenter l'assemblée.

"Nous discutions d'une éventuelle éthique mutante et aux responsabilités qui incombent aux mutants."

Draena tourna la tête vers Cassandre, et l'écoute...

Mesdemoiselles, avant de lapider Alixitide

**Ca serait trop rapide...**

je pense qu'il s'est tout simplement mal exprimé... n'est-ce pas, Alixitide ?

**Mouais... Mon oeil, il à bien parlé de capacité et de noirs !**

Draena regarde Alixtide, son visage est sans expressions.

... Y compris celui de réfléchir avant de parler.

**Et toc, Crétin !**

Puis regarde la nouvelle venue. Levant la main droite afin de la saluer alors que Cassandre présente le groupe.

"Nous discutions d'une éventuelle éthique mutante et aux responsabilités qui incombent aux mutants."

Regardant de nouveau Alixtide avec un sourire, et attendant son codex. Notant de temps en temps des phrases sur son carnet.

Spoiler:

Alixtide, complètement effaré devant l’irruption de la fameuse Abby, resta bouche bée et interdit, comme si précisément il voyait une folle. Après les justes remontrances de Cassandre, il avait compris qu’il lui faudrait être plus diplomate, mais ce regard là venait du cœur. Il cligna des yeux et s’adossa contre son siège, comme soufflé par l’apparition. Il s’accrocha même à la table.

*Il y a plus de fous au mètre carré ici que dans n’importe quel asile …*

Il oublia de saluer la nouvelle venue, tant il était sous le choc. Son discours était un peu chaotique, mais on ne pouvait pas nier qu'elle avait du courage, pour déclarer d'un coup à des parfaits inconnus ses penchants intimes. Alixtide était à la fois admiratif et incrédule. Il trouva quand même à bredouiller à l’adresse de la psychologue.

« D’a… d’accord Madame. Je jure .. croix de bois, croix de fer, que je dirai plus jamais de bêtise sans réfléchir avant … Et heu … je … bien sûr j’ai très mal exprimé … mon avis. Je vais rien ajouter … pour pas être lapidé là tout de suite … »

Dit-il avec un regard en biais à Draena, qui semblait attendre avec impatience une suite hypothétique. Il se tut résolument, content que Cassandre soit venue à la rescousse. Il avait bien noté l’allusion aux préférences alimentaires, qui lui était directement destiné. Quoique peut-être qu’Abby se nourrissait de plastique et de caoutchouc ? Ce qui l’intriguait le plus, et le fascinait, c’était ce jouet que la jeune fille portait à la bouche. Alixtide compatissait avec Cassandre. La pauvre devait faire face à une vague de furies furieuses. D’abord Draena et Juliette, puis voilà cette jeune originale qui mettait les pieds dans le plat.

*Purin elle dit ça cash … et elle croit qu’on est tous de l’autre bord … Elle est encore plus à l’ouest que Juliette …*

La pensée que tout le monde puisse être gay ici lui arracha un sourire.

« Je laisse parler les autres filles. »

Dit-il sur un ton humble et joyeux, dans la seule et unique intention de se faire oublier. Grâce à cette nouvelle mutante, en tout cas, Draena et Juliette allaient enfin porter leur attention venimeuse ailleurs.

"Ton retard est excusé, en revanche je décline tes excuses pour être intervenue : ce cours est là pour ça. Je m'appelle Cassandre, voici Juliette, Alixtide, Draena et Noémie. Nous discutions d'une éventuelle éthique mutante et aux responsabilités qui incombent aux mutants."

"Je suis ravie de vous rencontrez!"

Elle les salua d'un signe de main, gardant l'autre dans le dos. Elle prit place à une table et regarda les autres un moment, étudiant chaque trait de leur visage, elle avait déjà vue Juliette, dans le parc tout à l'heure, les autres elle ne les connaissait pas encore... elle verrait cela après le cours et les dernières paroles du professeur la fit tilté.

"Pourquoi devrions nous protéger des gens qui n'ont pas confiance en nous et qui verrons dans nos actions un simple étalage de nos aptitudes, ou bien une simple agression. La vie n'est pas aussi simple que dans les bandes dessinées, nous ne sommes pas des super héros et ce n'est pas en sauvant une personne d'un incendie que nous serions tout de suite apprécié des gens, ça créerait plutôt un vent de panique... je ne connais pas encore exactement en quoi je suis spéciale, avant la découverte, si je puis dire, de mon don, je ne savais rien de cela, du moins pas comme aujourd'hui, je voyais ses gens, enfin je nous voyais comme une bande de fou tentant de se rendre intéressant... et que gagnerions nous à aider les gens aujourd'hui outre nous exposé à des risques."

Abby regardait le professeur en disant cela, elle avait la tétine qui pendait autour de son cou dans la main... elle ne disait rien de bien extraordinaire elle s'en rendait compte mais pour elle c'était une vision juste du monde.
*Pourquoi aider des gens comme eux?*

"Pas besoin de pouvoir pour être un héros, ce n'est pas avec nos dons que nous passerons pour des héros, c'est un bonus que nous avons c'est sur mais des gens normaux comme les pompiers ou les policiers " à cette parole elle pensa à son père, son métier était semblable à celui de policier " font déjà ce travail. Nous sommes spéciaux c'est vrai, mais pour les autres nous sommes des monstres, les gens ne sont pas aussi gentil qu'ils en ont l'air."

Elle finit par se taire, regardant toujours le professeur avant de baisser les yeux vers la table, regardant la tétine qu'elle avait dans la main.
*C'est bien tu as fais ton intéréssante maintenant tais toi Abby, idiote!*
*tais toi!*

Juliette Sourit doucement devant l'erreur lamentable de alixtide... Décidément, Elle n'était pas la seule que le jeune homme éxaspérait légèrement... Draena lui avait littéralement sauté à la gorge, prête à lui faire rendre l'âme suite à ses propos très clairement teinté d'un racisme certain bien que, sans doute, involontaire... Mal le mal était fait, et Alixtide venait sans doute de se faire sa première véritable ennemie à l'institut

Une jeune fille entra alors, s'excusant de son retard. A l'instar des autres élèves, la jeune gothique la salua et puis le cours repris grâce à l'intervention apaisante de Cassandre. Noémie intervint alors, après avoir longuement garder le silence... Mais à ses paroles, ajoutés à celle de Abby, Juliette ne put se retenir de soupirer très clairement cette fois-ci, en une évidente lassitude...

''Les filles...'' s'exclama-t-elle alors ''Ne commencez pas à faire votre Alixtide s'il vous plaît... Ce ne sont pas tous les humains qui ont éliminé la précédente génération de mutant, mais uniquement un groupe de fanatiques extrémistes, qui devait sans doute, à l'instar des nazis au siècle dernier, s'imaginer que les non mutants étaient une race des plus pure... Mais cela est totalement faux, car même si leur mutation n'est pas aussi spectaculaire que les nôtres, l'évolution en elle-même est le fruit d'une succession de mutations diverses. Par conséquent, je crois que l'on peux dire que les humains sont eux aussi des mutants...''

Juliette souffla, avant d'enchaîner sur l'autre sujet qui l'avait fait bondir...

''La lutte des espèces n'a pas lieu d'être... A notre niveau de compréhension, c'est une idiotie et le fait de penser cela et justement ce qui rend les non mutants hargneux à notre égard.. Ils ont peur, certes... Mais surtout ils craignent que nous les fassions disparaitre à leur tour. Il nous reviens donc de faire en sorte de les convaincre que ce n'est pas ce que nous voulons, et déjà nous aurons fait un grand pas en avant vers une compréhension mutuelle et respectueuse...

... C'est avec des pensées pareilles, que des guerres on commencée...'' conclut alors Juliette, visiblement déçue des propos tenus par sa coéquipière... Mais difficile de lui en vouloir en fin de compte, elle n'avait encore que quinze ans... A cette âge, le monde était encore ou tout blanc, ou tout noir... Mais en aucun cas teinté de gris... Puis Juliette se tourna plus particulièrement vers Abby, et lui dit d'un ton posé...

''Nous ne devons pas aider les non mutants pour nous faire accepter... Nous devons le faire parce que nous faisons partie du même monde... Il est vrai qu'il n'y a nul besoin de pouvoirs pour être un héros, mais si nos dons peuvent aider à sauver des vies, alors nous ne devons pas reculer simplement parce que nous ne recevons pas de remerciement ou bien encore de gratitude... Oeuvrons pour le bien des gens de cette planète parce que nous le voulons, et non pas dans l'espoir d'avoir une quelconque récompense en retour... Et sans doute que au final, nous finirons par trouver notre place...''

Une fois a diatribe terminé, Juliette laissa de nouveau son regard se perdre dans la contemplation du ciel qui défilait au travers des fenêtres de la salle de cours...

Décidé à opérer une traversée du désert stratégique, Alixtide n’écouta que d’une oreille distraite les propos échangés. Il haussa cependant un sourcil, quand Juliette sous-entendit que dire des stupidités était synonyme de « faire son Alixtide ». C’était une basse provocation et il n’y répondrait pas. De toute façon il avait fait vœu de silence, au moins pour quelques minutes.

Son regard s’attarda sur Cassandre. Il se demanda si elle savait avant lui quelle prochaine bêtise il s’apprêtait à dire, puisque apparemment, il n’avait dit que des bêtises.

*Elle ne lit pas dans les cerveaux, mais elle fait de la télépathie … Pfff … c’est pas moi qu’on arnaquera avec des phrases pareilles … Madame Cassandre aussi, c’est un mutant dangereux.*

Il frissonna à l’idée qu’à ce moment même, la psy pouvait lire dans son cerveau. Du coup il essaya de se faire peur encore un peu plus, en aventurant ses pensées sur des sentiers risqués.

*Madame Cassandre je sais que vous savez ce que je pense … Et oui je pense que vous êtes dangereuse, oui, je le répète même si vous l’avez déjà lu dans ma pensée précédente. Vous laissez parler Juliette, parce que c’est votre petite préférée, mais vous savez que j’ai raison, que j’ai tout découvert … Il y a des mutants dangereux qui peuvent dominer l’espèce humaine, et il suffit qu’un seul ne croie pas en la tolérance et toutes ces bêtises pour que tous se tapent sur la figure. Je vous le prédis, voilà. Et je commence à avoir très faim. Je mangerais bien … je mangerais bien …*

Son regard glissa tout autour de la pièce, à la recherche d’une très bonne idée qui pourrait confondre Cassandre.

*… Je mangerais bien Juliette, une fois qu’elle se sera vraiment endormie dans son cercueil. Bien sûr je laisserai faisander quelques années, et je rajouterai quelques ordures de mon crû …*

La voix de Juliette à propos de l'espoir d'avoir une quelconque récompense en retour l’alerta de sa rêverie.

*Ok oubliez ça, je suis pas cannibale. Hein c’était une blague …*

Maintenant qu’il avait réussi à faire battre son cœur un peu plus vite, Alixtide raccrocha à la conversation, et tendit même un sourire timide à Draena.

« Ouais je suis d’accord avec Juliette. Franchement ça tenait pas debout, ce que vous avez dit, les filles. »