[Août 2007] Cassandre Deneos : Philosophie

Cassandre parut peser quelques instants les remarques de Noémie et d'Abby.

"Hum... Je crois que nous n'avons jamais parlé de venir en aide aux autres, Abby. Cela étant dit, c'est un sujet que nous pouvons aborder, en effet. Je pense que pour commencer, apprendre à contrôler nos pouvoirs sera déjà rendre service aux autres dans certains cas." dit-elle, l'ombre d'un sourire planant sur ses lèvres.

"Même si nos pouvoirs ne font pas de nous des héros, il est clair qu'ils peuvent nettement rendre service à la société. Imaginez que Jimmy devienne pompier ? Le contrôle qu'il peut exercer sur le feu pourrait sauver des vies humaines, mutantes ou non. Mais... je pense qu'en certaines circonstances particulièrement inadmissibles... nous sommes en droit d'intervenir." dit-elle avec une légère hésitation. Le souvenir du Camp Labrador était encore douloureux, vivace comme une plaie béante dans une mémoire sans cesse meurtrie par un pouvoir indélicat. Pourtant, les élèves devaient comprendre ce qui s'était passé, et admettre la réalité, aussi dure soit-elle, de l'ère à laquelle ils vivaient.

"Les nouveaux arrivants ne sont peut-être pas au courant... Peut-être l'avez-vous entendu aux informations... Un camp de la mort a récemment été détruit, à quelques encablures seulement du sol Américain, cette prétendue terre de liberté. Des mutants traqués, mais également des humains pris pour des mutants y étaient parqués comme des animaux, subissaient des expériences et des mauvais traitements. Ce "Camp Labrador"... a été libéré par des mutants, qui ont sciemment agi dans l'illégalité la plus complète. Cela n'était qu'une goutte dans l'océan, mais est-ce pour autant une raison pour laisser de telles atrocités faire lorsque l'on a le pouvoir d'intervenir ? A nouveau, nous voilà confrontés à un dilemme plus humain que mutant, celui de la conscience, celle-là même qui séparait les Résistants des Collaborateurs il a un siècle. La théorie de Noémie est dangereuse en ce sens qu'elle place fatalement les mutants au-dessus de l'humanité. Je pense que ce genre de discours peut à terme créer des situations telle que celle du Camp Labrador..." expliqua la non-voyante, une expression morose sur ses traits tirés par une nuit agitée. Elle se garda pour l'instant de révéler l'identité des libérateurs du camp. Juliette le savait peut-être, mais les nouveaux venus ne pouvaient avoir fait le rapprochement, même en ayant suivi les nouvelles, et Cassandre tenait à avoir leurs réactions à chaud, libres du carcan qui aurait pu venir parasiter leur réflexions s'ils avaient su que les élèves de l'institut avait risqué leur vie pour sauver mutants et humains d'une barbarie sans nom. Patiente, elle guetta une réaction de la part des élèves, son regard voilé à la fois flou et pénétrant.

*un camp de la mort*
La seule fois ou elle avait entendue cela c'était dans les livres d'histoires, et encore elle ne s'en souvenait pas vraiment, les personnes normales les parqués comme du bétail et après Cassandre parlait de vivre avec eux. C'était de la démence. Elle regarda les autres élèves, et si cela leur arrivait plus tard, comment feraient ils? Elle regarda sa table un moment.

"Madame! Qu'est ce qui empécherait les gens de recommençaient de telle chose? Il y aura toujours des fous et... " sa voix tramblait légérément "Qu'est ce qu'il faisait dans ses camps qui justifie que personne n'intervienne avant? Nous ne sommes pas des animaux, notre seule différence est que nous avons un don, parfois celui ci est terrible comme la petite Kitty ou dérisoire comme... le mien. Nos dons nous permettrent de faire des choses incroyables et nous pouvons cohabiter avec de telle personne, du moins je le pense, les personnes de couleurs vivent avec nous maintenant comme les handicapés, avant ce n'était pas le cas, mais cela doit venir de la bonne volonté des gens, pourquoi veulent ils nous exterminer alors que nous n'avons jamais rien fait de mal, il y a des personnes méchantes que se soit chez les notres ou chez les normaux. et le camp montre que pour le moment les normaux veulent pas de nous, nous pouvons nous cacher des autres ou bien utilisé nos pouvoirs pour changer les choses si nous pouvons"

Ses paroles étaient plus celle d'une enfant que d'une adolescente et elle en avait conscience, mais savoir qu'un camp avait exister, et que d'autres existaient peut être encore lui faisait peur, elle ne cessait de se demander quand des normaux viendraient les chercher, ce ne sont que des adolescents, les professeurs savent se défendre, peut être même les élèves... elle regarda la tétine qu'elle avait autour du cou. Même des enfants pouvaient risquer leur vie à cause de certaines personnes.

"Pour que les choses s'arrangent en partie, il faut peut être qu'un spéciale comme nous, enfin mutant intégre le gouvernement, si un jours ca arrive ça changerait pas mal de chose je pense, ou bien ça envenirait tout et ca finirait en guerre civile. Et Juliette, quand tu dis que nous ne devons pas accepter d'aider les gens contre une quelconque récompense, c'est vrai mais si par notre aide, ils tuent par la suite une dizaines des notres, pourquoi devrions nous le faire? C'est sur que ce n'est pas ça qui empécherait une personne d'en tuer une autre mais je dis qu'on ne devrait pas faire plus que les autres."

Abby finit par se taire, ne sachant quoi dire de plus pour avancer le débat, ce qui la préoccupait surtout c'était l'histoire du camp, il y en avait peut être encore d'autres.
Arrete de te comporter comme un bébé, tu es ridicule!
Tais toi, je veux pas t'entendre!
A oui, mais tu crois quoi? La prochaine à finir dans un camp, ça sera toi ma fille!

Draena vit Alixtide lui sourire,

« Ouais je suis d’accord avec Juliette. Franchement ça tenait pas debout, ce que vous avez dit, les filles. »

Levant les yeux au ciel, elle soupire et regarde Cassandre parler de Labrador et de personnes qu'elle ne connait pas.

**Un camp de la mort... Mon Dieu, pourquoi ?**

Prenant la parole, d'une voix douce et calme :

"Je pense aussi qu'une guerre entre humain et mutant serait désastreuse, car outre le fait que cela engendrerait de lourdes pertes des deux côtés, il est évident que certains d'entre nous ne pourrons choisir de camps. Tous les humains ne sont pas des Monstres ! Pour ma part je pense que je ne pourrais pas choisir de camps, car n'oublions pas que nos parents sont humains !"

Prenant une pause,

"Enfin, effectivement si nous ne sommes pas des héros, nous avons des dons qui peuvent aider autrui. Et cela peut permettre de nous faire bien voir auprès de la communauté humaine comme non dangereux et au contraire comme utile à leur survie. Quand au fait de ne pas en faire trop, je suis contre, car même si nous sauvons le Président lui-même, il y aura toujours quelqu'un qui trouvera à redire, et ce humain ou mutant ! Alors autant en faire un maximum et fuck les cons mutants ou humains!"

Rougissant à sa dernière déclaration, elle ajoute :

"Oups... Désolé !"

Alixtide demeura songeur. L’histoire de Madame Cassandre semblait venir tout droit d’un film. C’était peut-être même une simulation. Elle était en tout cas beaucoup trop imprécise au goût du mutant. Constatant la faiblesse de proposition des deux filles et leur naïveté abyssale, il essaya de solutionner le problème. Passant outre la grossièreté de Draena, il poursuivit.

« Mais moi je trouve très positif, que des mutants aient eu comme ça l’idée d’aller voir ce fameux camp. Je sais pas comment ça s’est passé, mais je suppose qu’un type avait un ami mutant aux pouvoirs louches, dangereux et voyants. Le mutant aux pouvoirs louches, dangereux et voyants a été enlevé pour être mis dans le camp par les scientifiques, et l’ami a suivi les ravisseurs. Alors il a vu le camp, et tout. Et alors ensuite … ben quoi il a mis des annonces ? Il avait un réseau d’amis mutants ? Toujours est-il que des mutants sont venus de nulle part pour sauver tout le monde. C’est très bien, heureusement.

Mais si c’est vrai tout va bien. Je veux dire … c’est que les mutants sont spontanément solidaires, et voilà qui résout le problème de Juliette. »

Il tendit le pouce vers Juliette pour illustrer ses dires, puis ramena ses deux mains croisées sur la table dans l’attitude du grand sage.

« Moi je veux bien voler à la rescousse en cas de camp Labrador. Je veux dire, c’est facile de choisir son camp dans ce cas-là. Parce qu’il y a justement les méchants et les gentils. Il suffit de se dire « est-ce que j’aimerais que ça m’arrive ? La torture et tout ? » Ben non. Alors si je sais que tel mutant ou supposé mutant est torturé quelque part, j’y vais. En espérant que si je me fais choper aussi y’en aura un autre pour me sauver … En fait je crois que j’irai plutôt avec des renforts. Et j’essaierais un coup avec la police ... mais bref c’est pas ça que je voulais dire. »

Alixtide commençait à s’embrouiller dans ses idées, alors que finalement la réponse était toute simple.

« … A tout bien y réfléchir, les types qui ont enlevé les mutants sont pas très malins, parce qu’ils sont clairement les méchants de l’affaire. A leur place, je ferai un truc comme par exemple … un hôpital ou on fait des expériences sur les mutants, mais dans un but louable. Par exemple pour sauver des personnes malades. Et par là derrière les docteurs font un peu de tout. Beaucoup de gens seraient d’accord pour ça, même des mutants. Bon c’est juste un exemple. Ce serait nettement plus malin et ça nous embrouillerait. »

Décidemment, Alixtide était très malin lui-même pour imaginer de telles stratégies gagnantes. Il s’en félicita intérieurement tout en gardant une attitude très modeste.

« Voilà donc avec ce camp Labrador, je pense que les méchants vont trouver un système plus rusé. Ils ont bien compris que les mutants sont faciles à réunir quand il s’agit de la survie des leurs. La preuve, ce réseau venu du ciel. »

Il se pencha en avant sur la table, regarda tout le monde et ajouta sur le ton de l’avertissement.

« Donc … pour ça faut qu’on sache ce qu’il se passe et surveiller. Et quand un mutant part de l’Institut, il faut garder son numéro de téléphone. Il faut garder les contacts de tout le monde, pour savoir si il ou elle disparaît de la circulation.

Ah oui. Et il faut trouver le moyen de se connecter au réseau de l’ami du mutant louche. »

*Pfiou si je note pas toutes mes idées là … ça va être autant de choses utiles perdues pour la mutantité …*

Alixtide prit la parole, ce qui fit redouter le pire à Draena, mais consciente que des fois, un éclair de génie pouvait éclairer les esprits les plus primaires, elle tourna donc la tête vers celui-ci et écouta...

Doucement, sa bouche se mit à s'ouvrir, jusqu'à finir complètement ouverte, c'est donc bouche bée qu'elle regarde Alixtide annoncer fierement sa théorie des "Marmottes qui avec leurs petites mains, ferme les tablettes de chocolat"... Et se retient dificilement de rire (très difficilement).

Puis, c'est avec un regard de cocker, qu'elle tourne son visage vers Cassandre en pensant TRES fort :

**Cassandre, si vous m'entendez, par pitié.... Baillonnez le ou mieux... Lobotomisez le... Pour la survie de notre espèce !**

« je pense que les méchants vont trouver un système plus rusé. Ils ont bien compris que les mutants sont faciles à réunir quand il s’agit de la survie des leurs.»

**Attendez un peu Cassandre, avant la lobotomisation, car là il marque un point...**

« Donc … pour ça faut qu’on sache ce qu’il se passe et surveiller. Et quand un mutant part de l’Institut, il faut garder son numéro de téléphone. Il faut garder les contacts de tout le monde, pour savoir si il ou elle disparaît de la circulation.

**Non, en fait allez-y, à moins qu'on le garde pour appeler tout le monde, ca l'occupera !**

Draena regarde Alixtide et rougit sans le vouloir, elle venait de prendre conscience que ce qu'elle venait de penser, même si ce fut une boutade, revenait à agir comme les fondateurs du camp Labrador.

**Cassandre, je m'excuse de mes mauvaises pensées, je sais que cela n'est pas très tolérant, et me rends compte que même Alixtide, aussi crétin soit il, à le droit de vivre, penser et agir comme il le souhaite. Je... J'essayerai de ne plus penser de mal sur lui. Essayer.. Hein ?... Oulala ca va être dur !**

"Les libérateurs mutants ont donc agit contre les lois... n'est ce pas un comportement qui vise à se placer au-dessus des Humains? N'aurait-il pas plus judicieux de faire éclater ces atrocités aux médias, au dirigeant des autres nations? Car en fonçant comme ça les libérateur ne donnent-ils pas raison aux kidnappeurs, que les mutants sont dangereux et incontrôlable...? "

Draena se tourne alors vers la jeune blondinette, et dit en tentant de ne pas regarder Alixtide, et de repenser aux énormités dites par celui-ci, ce qui déclencherait un fou rire.

".... Sauvez des mutants ou des humains de la torture est selon toi, agir contre la loi ??? Et que fais tu de l'assistance à personne en danger ? Alerter la presse, bah voyons... Et en attendant que quelqu'un se bouge, les mutants torturés disparaissent comme par enchantement dans un camp Bis, et le camp labrador devient une fabrique de... De tablettes de chocolat, avec des marmot...

Bref, Sauver des gens ne fait pas se placer au dessus des lois, bien au contraire.

Un homme qui casse une fenètre et entre dans un domicile en feu pour sauver des enfants agirait donc contre la loi, puisqu'il casse le bien d'autrui et entre sans autorisations dans une maison ! Ce qui vaut pour les humains doit aussi valoir pour nous !"

"Et les camps que les militaires américains ont un peu partout sur terre, on sait très bien que les prisonniers sont torturés, humiliés et même tuer, et pourtant personne n'intervient car c'est la propriété des américains, alors pourquoi cela changerait pour nous, ok ce qu'ils font est mal mais pas pour la plupart des gens, justement ils se débarrassent du problème mutant d'un coup. Ce n'est pas en prévenant la presse et en montrant des images de ce qui se passe dans les camps que les gens réagiront plus vite, ils voient cela tous les jours à la télévision. Nous sommes un danger pour tous, mais nous sommes aussi des citoyens des États Unis et nous devrions avoir les mêmes droit c'est vrai."

Abby après avoir finit sa phrase, réfléchissant un moment à ce qu'elle venait de dire, elle regarda le professeur Cassandre puis ses camarades, tous assis à s'écouter les uns après les autres... peut être que l'un d'entre eux possède un pouvoir terrifiant comme la petite Kitty.

"Si le gouvernement enferme ses gens dans des camps c'est qu'ils sont dangereux, et nous sommes dangereux, à cause de mon pouvoir j'ai fais des choses horribles, et pourtant je ne suis même pas encore sur que se soit mon pouvoir. Je ne dis pas que le gouvernement agit forcément pour le bien de tous mais ils tentent de se protéger d'une façon ou d'autre autre. Je ne sais plus qui dit cela en parlant de gentil et de méchant, mais même si c'est basique c'est tout à fait cela, certains mutants mal intentionné sont méchants et peuvent faire des choses horribles, certains par la peur aussi et d'autres comme... comme vous peuvent faire le bien et pourtant tous sont mis dans le même sac alors pourquoi se donner du mal pour rien?"

Abby regarda l'une de ses camarades, Juliette puis elle porta son regard sur Cassandre... elle ne savait pas trop quoi rajouter à ce qu'elle venait de dire.

"J'ai peur de me retrouver dans un camp ou de me faire tuer parce que mon pouvoir fait peur aux gens et même si un jour cela change dans nos relations avec les personnes normales cette peur restera."

Dans un geste poli et élégant, Juliette déposa une main lente sur ses lèvres afin de masquer un baîllement qui indiquait Très clairement que le débat sur lequel ils étaient en train de disserter commençait fortement à l'ennuyer. En effet, loin de l'idée de base du départ qui lui avait paru très séduisante, voilà que maintenant la débat glissait dangereusement sur la question de ce qui était juste et de ce qui ne l'était pas...

Noémie et Abby voulait plus ou moins liguer les mutants contre les non mutants, même si cette dernière tenta de se donner bonne conscience en invoquant le parallélisme avec les les camps de prisonniers dans le monde. C'était Naïf,mais finalement assez juste dans le fond... Draena campait sur ses positions qui étaient plus ou moins celle de la jeune gothique, et quand à Alixtide, et bien... C'est dommage, il était pourtant bien parti pour dire quelque chose d'intéressant et de sensé, mais il avait fallu qu'il retombe dans ses travers les plus bétifiants... Irrécupérable, assurément !

Lorsque Cassandre évoqua le camp Labrador, Juliette quitta toutefois le ciel du regard, et tourna doucement son visage en direction du petit groupe. La jeune gothique savait qui était ces mutants, du moins de nom, et elle savait aussi qu'ils étaient eux aussi des élèves. Mais les autres, le savaient-ils..? Elle en douta fortement, devant l'absence de réaction de ses camarades de cours. Si Noémie et Abby l'avaient sut, nul doute qu'elles auraient utiliser ce fait pour justifier leurs propos ségrégationnistes et moralisateur. Alixtide, quand à lui, il leur aurait surement fait une crise d'apoplexie devant la révélation que des élèves de cet institut était mort étaient morts lors de cette libération...

Pour sa part, Juliette avait déjà fait par de sa décision à Cassandre, la veille dans son bureau... Assurer un avenir meilleur aux jeunes mutants à venir comme Kitty ou bien Laura, afin qu'ils n'aient pas à subir ce que eux-même étaient en train de subir... Après tout, n'était-ce pas cela le rôle des aînés..? Faciliter l'avenir des plus jeunes... Quel qu'en soit le prix...

Mais tout de même, le débat tournait en un pugilat entre défenseur de la cohabitation et adepte du chacun chez soi, et Juliette trouvait que cela faisait redescendre le débat au niveau d'une stupide émission de télévision ou des hommes politiques s'écharpaient à grand renforts de mots tout aussi vain les uns que les autres... Finalement, la jeune gothique jeta un regard en direction de Cassandre qui paraissait toujours aussi imperturbable, et dit tout simplement en écho à la dernière parole de Abby :

"Avoir peur d'une chose ne fait que accentuer la peur de la chose elle-même... Le choix est pourtant simple : soit nous restons dans nôtre coin et nous subissons sans dire un seul mot... Soit nous réagissons, et nous faisons en sorte de rendre les choses un peu moins difficile pour nous, mais surtout pour les générations à venir... Mais quoi que l'on décide, les non mutants qui nous exècrent ne nous laisserons pas en paix parce que nous décidons de vivre en autarcie complète... C'est une illusion, qu'il nous faut rapidement effacer si nous voulons diriger notre propre destinée..."

Puis, Juliette poussa un soupir discret... De nouveau... *Pourvu que l'on en revienne au débat initial* pensa-t-elle alors...

"Observatrice", Cassandre écouta les réactions des différents élève à la nouvelle. Etrangement, leurs remarques se firent moins vives qu'elle ne l'avait songé. Le fait qu'elle ne leur ait pas révélé l'identité des mutants concernés avait laissé planer la nouvelle comme une abstraction.

"Le monde n'est malheureusement pas divisé entre les "gentils et les méchants". Tout serait alors plus simple, mais primaire également. Ce camp a tout simplement profité de la panique suscitée par l'émergence des mutants pour servir un projet nettement moins avouable que la simple incarcération de mutants malfaiteurs. Mais ceci est une autre histoire..." répondit la jeune femme. La Commission Eden, le Camp Labrador... Tous ces événements qui les avaient touchés étaient tous plus ou moins directement liés par un fil invisible.

"Le fait qu'ils aient pu agir et torturer des gens en toute impunité ne signifie pas forcément que leur action soit légitime. Elle n'était pas forcément cautionnée par les institutions, mais quand certains intérêts entrent en jeu, les lois écrites sur le papier ne sont que peut de choses." dit-elle en leva sa main, où reposait toujours son morceau de papier pour illustrer son propos.

"Les mutants qui ont libéré ce camp ont pris une décision condamnable, politiquement incorrecte pour certains, mais ils ont été poussés par leur conscience, celle-la même dont nous parlions tout à l'heure."

Elle se tut quelques instants, le visage incliné vers le bas.

"La vérité n'est pas très éloignée du tableau qu'en a dressé Alixtide, en réalité. A cela près que l'ami du mutant louche, c'était moi." dit-elle, laissant quelques secondes aux élèves pour digérer l'énormité de ce qu'elle venait de leur révéler. L'aveugle qui prenait un camp d'assaut ? Ils allaient sûrement la prendre pour une folle, pourtant c'était bien ce qui s'était passé : l'incarcération d'Ashern... Son retour providentiel à l'institut... La mobilisation des élèves... Cela ne faisait que quelques jours que tout ceci c'était passé, et rien n'en subsistait maintenant à part le Mémorial de l'institut, dressé dans le cimetière du parc. Enfin... Les vies sauvées, elles, étaient là pour prouver que tout ceci avait bien eu lieu.

"L'information a été relayée aux médias, soyez-en assurés, mais rien de défera jamais ce qui a été fait là-bas, que ce soit pour les partisans du camp que pour... ses détracteurs. De plus, s'ils ont pu oeuvrer en toute impunité, le poids des médias est bien futile comparé à celui de l'indifférence des autorités... Mais les choses n'avancent jamais toutes seules, il faut parfois donner un coup de pouce..."

Elle s'interrompit à nouveau : reparler du camp avait ravivé en elle une fatigue morale qui n'avait rien à envier à sa lassitude physique. Elle lui avait aussi amèrement rappelé sa vision nocturne. Fallait-il s'attendre à un nouveau camp Labrador ? Si c'était le cas, elle ne pourrait pas laisser faire ça... mais il était hors de question d'impliquer à nouveau des élèves dans ces histoires macabres.

Elle tourna son poignet gauche vers son regard, comme si elle consultait une montre qu'elle ne portait d'ailleurs pas.

"Je crois que nous allons nous arrêter ici pour aujourd'hui. Repensez à ce qui a déjà été dit. Beaucoup de choses ont été dites. Pensez ensuite au petit devoir dont je vous ai parlé, et couchez sur le papier les idées que vous auriez pour cette éthique mutante. Vous pouvez travailler en groupe." dit-elle simplement en se levant délicatement du pupitre sur lequel elle s'était assise, signifiant par la même que les élèves étaient libérés.
La main posée sur la table comme la pointe d'un compas, elle en fit le tour pour laisser la place aux élèves de sortir, mais posa sa main sur l'épaule de Juliette lorsqu'elle passa à sa hauteur.

"Tu as quelques instants à m'accorder ?"

Alixtide était effaré de la révélation de Cassandre. Il en oublia de déglutir et de respirer pendant au moins une bonne minute.

*Elle toute frêle, toute aveugle et à moitié dans l’au-delà, et ce serait elle la sauveuse de ce fameux camp qui aurait vraiment existé ??*

Cela paraissait proprement incroyable, mais en y réfléchissant, Alixtide revint à sa première impression (qui est toujours la bonne) de la « dame blanche ».

*Eh oui la dame blanche tue tous ceux qui croisent son regard … et Cassandre elle porte des lunettes, pour éviter de nous tuer … tout à l’heure quand elle nous a montré ses yeux, elle regardait le mur … oui c’est sûr …*

Il se persuada rapidement de la justesse de sa théorie. Il apparaissait très clair que la pauvre Cassandre avait tué tout le monde dans ce camp Labrador. Sans doute avait-elle involontairement tué des prisonniers innocents. Peut-être ses propres amis ? Une vague de compassion infinie vint humidifier les yeux et serrer la gorge du jeune mutant.

*Oh … Purin …*

Il se leva, tout chamboulé. Il s’en voulait d’avoir été si cruel en pensées, et si bête en paroles (quoique, ça il en doutait toujours), et se promit quand même de s’excuser à l’occasion. Mieux ! Pour rendre la joie de vivre à Cassandre après toutes les atrocités commises par elle seule, il allait prévoir une clause spéciale dans son Code.

Alixtide tira un grand sourire à la psychologue et lui dit simplement avant de s'esquiver :

« Moi c’est bon, je fais groupe tout seul. A bientôt Madame Cassandre. »

Draena se lève et sort en repensant aux dernières paroles de Cassandre.

Le cours venait de se finir, ça n'avait pas durer longtemps pour elle mais ça avait était bénéfique. Juliette était encore présente dans la pièce, et le professeur aussi. elle se leva pour aller parler au professeur. Elle était debout devant son pupitre, il ne restait pas grand monde dans la salle, à part Cassandre, il y avait Juliette et elle.

"Madame, j'essayerai d'arriver à l'heure la prochaine fois, je demanderai à..." son regard se posa sur Juliette" Juliette pour les devoirs, je dois encore aller voir le directeur, je vous laisse. Aurevoir!"

*Regarder l'élève modèle!*
le ton sarcastique de la voix avait tendance à l'énerver mais elle resta calme.
Elle sortit de la salle et marcha dans le couloir, se dirigeant vers le hall, de la elle irait sûrement voir le directeur ou bien elle retournerait dans sa chambre.

Quelques part dans l'Institut.

Juliette en savait déjà beaucoup sur toute cette affaire du camp Labrador, notamment de par le fait de son entrevue avec la psychologue la veille... Mais que Cassandre y est elle-même participé, ce fut la une sacré surprise ! La jeune gothique se demanda bien comment une aveugle avait bien pu guider des élèves dans une sorte de guérilla à l'encontre du dit camp. Elle se dit alors qu'il faudrait vraiment qu'elle interroge la jeune femme, fin de savoir comment elle pouvait voir tout en étant aveugle. Car Juliette n'en doutait pas, il fallait que Cassandre voit pour guider ainsi une attaque contre le camp Labrador...

Finalement, la jeune femme appuyait plus ou moins son idée concernant la fin justifiant les moyens, aussi peu honorable furent-ils... Un jour, quelqu'un avait dit que de ne rien faire, c'était être complice... De tels actes, jamais Juliette se se rendrait complice, elle ferait tout ce qu'elle peut pour que cesse de telles atrocités, dut-elle aller à l'encontre d'une loi qui parfois est aussi lente qu'une tortue... Mais déjà, l'heure s'était écoulée et Cassandre signifia au élèves la fin du cours. Juliette soupira *déjà..? C'est trop court une heure* se dit-elle alors dans un soupir discret...

Imitant finalement les autres, la jeune gothique se leva et rangea ses quelques affaires dans son sac avant de se diriger vers la sortie à la suite de Alixtide et Draena. Mais au moment ou elle passa auprès de Cassandre afin de la saluer, celle-ci déposa tendrement une main sur son épaule et lui demanda de bien vouloir rester quelques instants de plus. Ce à quoi, Juliette répondit par la plus ravie des affirmative, se demandant toutefois ce que la jeune femme avait bien à lui dire. Elle attendit donc sagement, regardant Noémie quitter la pièce après lui avoir jeter un regard des plus clairement explicite... Puis ce fut Abby qui s'approcha, bredouillant des excuses à Cassandre tout en lui promettant d'être plus assidue la,prochaine fois. Juliette acquiesça à l'idée de cette dernière concernant les devoirs, puis, enfin, la jeune gothique et Cassandre se retrouvèrent seule... Dans un sourire inutile mais généreux, Juliette se tourna finalement vers Cassandre qui lui tenait encore délicatement l'épaule...

" Qu'est-ce que je peux faire pour vous mademoiselle Deneos..?

Le ton était plutôt guilleret, sans l'ombre d'une quelconque inquiétude... Après tout, Juliette ne pensait pas un seul instant avoir fait quelque chose de mal durant ce cours...

Cassandre salua les élèves de son sourire habituel : fugace et mélancolique. Elle espérait que le cours leur ait ouvert des pistes de réflexion. Selon le elle, leur session de cours informelle n'était là que pour amorcer les choses, le véritable travail, ils le feraient chacun de leur côté lorsqu'ils repenseront au cours et pèseront les idées qui y avaient été exposées.
Elle hocha simplement la tête aux excuses d'Abby, puis fit quelques pas dans la pièce jusqu'à se placer devant l'une des baie vitrées de la salle de classe, une expression pensive sur les traits.
Elle était étonnée que tous les élèves se soient prêtés à son petit jeu et ait apporté leur contribution au débat. Chacun avait une opinion et la conversation n'avait laissé personne indifférent : il était important qu'ils se sentent concernés par ce qui les touchait, même indirectement.
Elle resta silencieuse quelques instants, contrastant avec la bonne humeur qui émanait de Juliette au même instant. Finalement, elle se décida à prendre la parole, son visage creusé baigné par la lumière de la fenêtre comme si elle scrutait l'horizon.

"Tu as été plutôt dure avec Alixitide, Juliette..." dit-elle de sa voix grave. Les divergences d'idées étaient monnaie courante dans ce genre de débats, mieux, c'étaient elles qui en faisaient tout l'intérêt.

"Chaque opinion a son importance, qu'elle nous paraisse sensée ou non sur le moment. Nous avons beaucoup parlé de tolérance tout à l'heure..." ajouta-t-elle, laissant sa phrase en suspens. Se souvenant de ce que l'italienne lui avait confié la veille sur ses parents, elle se garda de parler de diplomatie par égard pour elle.

Spoiler:

Dans un geste de perplexité des plus profond, Juliette déposa délicatement un index sur sa lèvre inférieure, signe évident d'une réflexion intérieure...

"Vous croyez mademoiselle Deneos..?"

La jeune gothique ne sut pas vraiment quoi répondre à vrai dire... Elle ne pensait pas avoir été dure avec Alixtide, elle pensait tout simplement avoir été... Honnête... Juliette observa Cassandre qui semblait perdu dans une contemplation des plus improbable du paysage ensoleillé, et elle se demanda si...

"Vous pensez que j'ai été intolérante..?"

Le sourire radieux de Juliette se teinta alors d'une certaine tristesse à cette seule pensée. La jeune gothique était, selon elle, quelqu'un de très tolérant. Sa nature si particulière issue d'un autre temps lui avait rapidement fait prendre conscience du fait que les gens n'était pas ce qu'ils étaient extérieurement, mais bel et bien intérieurement. Jamais encore, elle n'avait jugé une personne sur ce qu'elle représentait, mais toujours et uniquement sur ce qu'elle était intellectuellement. Une pensée cruelle traversa alors l'esprit de Juliette, qu'elle traduisit en fin de compte par une parole des plus simple et triste...

"Vous m'en voulez Mademoiselle Deneos..? Je vous ai déçue, N'est-ce pas..?"

Juliette s'approcha à son tour de la fenêtre, en baissant tristement la tête comme une petite fille réprimandée sèchement par sa mère. La déception qu'elle imaginait être celle de Cassandre lui causa une douleur sourde au coeur, partagée entre la peine d'avoir déçue la jeune femme et la tristesse de penser que celle-ci puisse s'imaginer que Juliette était un monstre d'intolérance... Elle qui savait tant le mal que pouvait causer le jugement des autres sur autrui...

"Vous savez..." reprit-elle alors, d'une voix légèrement murmurée "Je n'ai jamais été très à l'aise avec les gens... J'ai toujours été très solitaire, car dans le milieu social et scolaire ou j'ai été élevée, la différence n'est pas de très bon goût... Pour tout vous dire mademoiselle Deneos, mes parents eux-mêmes on toujours soigneusement éviter ma... Particularité... Mon père préfère ignorer le fait que je sois une gothique romantique qui se vêtit de vêtements d'une autre époque, et ma mère, elle, me considère quasiment comme une étrangère qui lui aurait ravit sa mignonne petite Kiseki..."

Juliette soupira tristement, sentant une tristesse longtemps refoulée l'envahir. Le fossé entre la jeune gothique et ses parents s'était encore un peu plus creusé, depuis que ceux -ci avaient découvert, suite à son enlèvement, que leur fille unique passait ses nuits dans un cercueil... Sa mère en fut horrifiée, et quand à son père, et bien... Il était resté égal à lui-même... Diplomate en toute circonstance... Et voilà que maintenant Cassandre, celle qui représentait quelque chose de fort pour la jeune gothique en cet institut ou Juliette n'était pas certaine de pouvoir s'acclimater, pensait très certainement des choses négative à son égard... Juliette secoua tristement la tête, triste et intérieurement éplorée...

Elle était seule... Définitivement seule...

"Vous savez..." enchaîna-t-elle d'une petite voix hésitante ou la peine pointait légèrement " Je ne sais pas vivre en communauté... J'ai été seule très tôt dans mon adolescence, et après mes années de lycée, j'ai presque aussitôt quitter Verone afin de vivre à Turin dans un appartement qui m'était propre afin de poursuivre mes études. Je n'allais jamais aux soirées organisées par les groupes étudiants, et pour tout vous dire on ne se bousculait pas pour y inviter "la chose" comme je pouvais parfois l'entendre au détour d'un couloir..."

Cette fois-ci, le soupir de Juliette fut généreux. Elle croisa alors ses mains dans son dos, et se tourna en direction de Cassandre qu'elle se força à regarder avec un petit sourire au lèvres, la tête légèrement en biais, comme si la jeune femme pouvait réellement la voir...

"Vous savez quoi Mademoiselle Deneos..? Je crois que je ne suis vraiment pas faite pour vivre en communauté... Peut-être que je devrais quitter l'institut, prendre un appartement à New York et ne venir ici que pour les entrainements et les cours, excepté peut-être le votre... J'avoue que je me laisse parfois emporter par ma nature passionnée, et si je vous ai paru quelque peu intransigeante, je m'en excuse bien volontiers... Comme vous avez du le comprendre, je manque d'expérience en matière de communication avec autrui..."

Juliette plissa doucement les yeux, dans un semblant de contentement qui, pourtant, sonnait étrangement faux à qui était quelque peu attentif... Puis, la jeune gothique reprit la parole...

" Oui... Je pense que quitter l'institut pour aller vivre à New York et ne revenir ici que pour les cours et les entrainements serait mieux pour tout le monde... Que voulez-vous mademoiselle Deneos, certaines personnes ne sont vraiment pas faites pour vivre en communauté..."

Juliette croyait-elle réellement en les propos qu'elle venait de tenir à Cassandre..? Peut-être que oui... Peut-être que non... Finalement, qui cela intéressait-il..?
L'institut, et les élèves, se porterait sans doute bien mieux sans sa présence continuelle, sans compter que certains d'entres-eux finiraient sans doute par la trouver, à leur tour, étrange... Quitte à être de nouveau seule, autant l'être jusqu'au bout après tout...

Cassandre avait compris depuis leur première rencontre que l'impact de ses paroles était très fort sur Juliette, sans vraiment se l'expliquer. Ce n'était donc pas de gaité de coeur qu'elle avait consenti lui toucher deux mots concernant Alixtide. Mais mieux valait prévenir que guérir, Cassandre était bien placée pour le savoir.
La jeune femme se tourna pour faire face à Juliette, croisa les bras et se cala contre la baie vitrée, avec sa patience sans faille. Elle nota la considération d'ordre personnelle, voire affective, sous-jacente à sa question concernant une rancune éventuelle de la psychologue. Sa remarque avait pourtant été purement factuelle. Il lui devint clair que les mots devait choisis avec précision pour se faire comprendre justement de la jeune fille. Elle réfléchit quelques instants, les yeux perdus quelque part sur le visage de juliette.

"Là où tu me décevrais, Juliette, ce serait si tu baissais les bras aussi facilement..." dit-elle doucement, en s'efforçant de centrer son regard dans celui de la jeune fille pour appuyer ses paroles.

"Nous avons tous des défis à relever dans cette vie à l'institut qui s'offre à nous. C'est en forgeant qu'on devient forgeron. Alixtide est un gentil garçon, même si certaines idées farfelues lui passent par la tête. Vous avez bien été d'accord sur plusieurs points du débat... Et puis..." ajouta-t-elle, avant de fermer les yeux quelques secondes.

"... Tu t'es très bien débrouillée avec la petite Ivy, et tout le monde te dira que c'est un sacré exploit que de l'apprivoiser... Olivier le premier." ajouta-t-elle, dans son omniscience, tout en songeant avec compassion à la peine qu'Olivier devait avoir à maîtriser une furie dans son genre. L'image était amusante. L'irlandaise était pleine de bonne volonté, mais passablement turbulente.

"Ne t'en pas remets pas à la fatalité pour décider de ce que tu es. Si tu veux t'intégrer aux autres, alors tu le peux, que tu y sois habituée ou non. Que serais-je devenue si j'avais raisonné ainsi ?" s'enquit-elle dans une question purement rhétorique, avec un petit sourire en coin. En vérité, son pouvoir lui permettait de le savoir, mais il valait mieux laisser certaines portes fermées parfois. Elle fit une pause, durant laquelle elle resta ainsi, à laisser Juliette peser ses paroles.

"Tu sais ce qu'il te reste à faire, n'est-ce pas ? Quelle est ta décision ?" ajouta-t-elle dans un ton entre la parole et le murmure. Elle avait volontairement parsemé le passé de prises, de pistes auxquelles Juliette pourrait se raccrocher pour se faire une place à l'institut.

Tout en écoutant Cassandre parler, Juliette songeait... Elle songeait que la jeune femme trouvait toujours les mots justes, adaptés à la situation... Un talent qui n'avait certes rien de génétique, mais que la jeune gothique enviait quelque peu. En effet... Même si elle avait appris quelques "trucs" issus de la diplomatie grâce à son père, Juliette n'en était pas pour autant une négociatrice née... Alors que Cassandre, elle, paraissait exceller en ce domaine très précieux dans la vie de tous les jours... Juliette voyait en la jeune femme une sorte de force apaisante, qui étrangement lui donnait un sentiment de sécurité et de raison. Pour elle qui se laissait bien souvent guider par ses émotions de l'instant présent, c'était finalement la un bien précieux garde fou. Lorsque Cassandre évoqua les quelques points miraculeux ou Alixtide et la jeune gothique avaient été d'accord, celle-ci dit du se rendre à l'évidence... Juliette leva quelques secondes les yeux en l'air et dit :

"Il est vrai que, pour être tout à fait honnête avec vous, Il n'a pas dit que des bêtises... Son codex est même une très bonne idée en fait... Une table des lois... Non, plutôt une charte de déontologie à destination de tous les mutants, cela serait d'une grande aide pour tous les jeunes mutants qui arriveraient comme nous à l'institut, en se posant des tas de question d'ordre morale... Cela serait même un premier pas vers une intégration dans la société, que de les responsabiliser par des préceptes durablement établi par des écrits officiels... Ainsi, ne s'égareraient-ils pas sur une mauvaise voie..."

S'égarer... Juliette en connaissait un rayon en la matière, même si personne à l'institut ne pouvait s'en douter... Elle qui s'était tellement perdue, que jamais elle ne pourrait retrouver le chemin originel qu'elle voulait pour les mutants à venir... Mais très vite, la jeune gothique effaça cette pensée de son esprit. Cassandre ne lisait pas dans les pensées si elle avait bien compris, mais il ne fallait tout de même pas tenter le diable. Toutefois, ces considérations des plus sérieuses disparurent lorsque la jeune femme évoqua La non moins conventionnelle petite Irlandaise que Juliette se plaisait à considérer comme une adorable petite sauvageonne...

"Comment vous savez que j'ai rencontrer Ivy..?" s'enquerra-t-elle alors, soudainement surprise..?

Un doute affreux submergea alors Juliette... Et si en définitive, Cassandre pouvait lire les pensées..? A cette seule idée, ses joues pâles s'empourprèrent d'un très joli rosé.

*non, non, non, Elle a du la rencontrer, voilà tout* songea-t-elle alors dans un sécurisant sentiment... Autrement, Cassandre l'aurait déjà mise en face de son acte et de la responsabilité qui en résultait. Mais au cas ou, Juliette préféra détourner l'esprit de la jeune femme en continuant sur les sujet de la petite rouquine...

"Vous savez mademoiselle, Ivy est une gentille fille... Peut-être un peu simple, mais j'apprécie beaucoup cette simplicité, c'est très reposant je trouve... Le monde est tellement compliqué, qu'elle en devient comme une sorte de bouffée d'oxygène. Je crois que l'on va bien s'entendre toutes les deux... Et peut-être même, qu'un jour, elle portera certaines de mes robe, vous imaginez..?"

Cette dernière phrase fut conclu par un bref et cristallin éclat de rire amusé...

"Vous savez, elle sera mignonne comme un petit coeur avec une de mes robes... Et elle le sera encore plus, j'y arrive à coiffer sa cascade rousse..."

Cette dernière pensée laissa tout de même Juliette Perplexe... C'était la une chose, qui n'était certes pas gagner d'avance. Mais si la jeune gothique se laissait bien souvent guider par ses émotions, elle n'en demeurait pas moins d'une persévérance à toute épreuve. Finalement, Juliette soupira doucement au dernier propos de Cassandre. La jeune femme lui avait finalement démontrer que tout n'était pas négatif dans le fait de sa présence à l'institut... Alixtide était lui aussi un peu simple en fin de compte, même s'il débordait peut-être un peu trop d'une auto suffisance qui le rendait nettement moins sympathique que Ivy au premier contact. Mais qui sait, peut-être qu'avec le temps...

"Vous m'avez convaincu mademoiselle Deneos... Tout n'est pas aussi noir que je le pensais en fin de compte"

dit finalement Juliette en se rapprochant encore un peu plus de Cassandre, avant d'ajouter dans un aveu timide :

".. Et puis, je ne voudrais pas vous décevoir vous savez... J'en serais bien trop triste... Je compte sur vous pour m'y aider, vous êtes d'accord..?"

Paroles à mi-chemin entre l'aveu et l'appel à l'aide, voilà ce que Juliette exprimait en fin de compte, osant ainsi braver insidieusement les frontiètres de l'interdit que la jeune femme lui avait elle-même imposé la veille dans son bureau...

Cassandre hocha lentement la tête en signe d'approbation.

"En effet, cette charte sera peut-être l'un des fondements de la mutanité de demain, qui sait ? Je me plais à croire que les élèves de l'institut en seront les acteurs." répondit la jeune femme, une expression partagée entre le rêve et l'espoir sur ses traits alors qu'elle reportait son visage vers la fenêtre.
Un léger sourire creusa un peu plus ses joues à la question de Juliette.

"Comme je te l'ai dit hier, je sais beaucoup de choses..." répondit-elle simplement sans détourner son visage de la fenêtre.

"J'imagine très bien..." ajouta-t-elle à la mention d'Ivy et de la garde-robe de Juliette, en passant une main dans ses cheveux. La légèreté de l'irlandaise permettrait peut-être à Juliette de se détacher de ses démons intérieurs.

Un regain de passion naquit dans la voix de Juliette, comme si de ses mots, Cassandre avait ravivé une flamme mourante. Si elle ne pouvait lire les visages, les intonations étaient l'un des repères les plus aisément identifiables pour la non-voyante. Aide-toi et le ciel t'aidera, disait-on. Juliette semblait vouloir faire des efforts...
Posée, la psychologue répondit après quelque secondes :

"C'est avant tout pour toi que tu dois le faire... Mais je t'aiderai... si j'estime que tu as besoin de mon aide." dit-elle en penchant la tête sur le côté, dans une promesse étrange et subjective. Juliette pouvait compter sur elle, mais trop se reposer sur Cassandre n'était pas un service à lui rendre. Malgré ses envies d'indépendance et son indifférence face au regard d'autrui, Juliette restait paradoxalement la proie d'un seul regard : celui de celle qui ne pouvait pas la voir, ou plutôt de celle qui la voyait réellement.

L'affirmation de Cassandre plongea la jeune gothique dans un état de perplexité certain... Elle savait "beaucoup de choses", cela voulait tout à la fois dire énormément et peu en fin de compte. Juliette aurait bien voulu lui poser ouvertement la question, à savoir si oui ou non la jeune femme pouvait lire les pensées... Mais peut-être, cela aurait-il l'air quelque peu suspect songea-t-elle alors. En effet, qui poserait une telle question afin d'avoir une réponse plus affiné, si ce n'était, finalement, une personne qui craindrait que l'on ne lise ses propres pensées..? Juliette se dit alors qu'il fallait qu'elle aborde la question d'une tout autre manière...

En réponse à sa demande de soutien concernant sa pleine intégration dans l'institut et la petite communauté qui s'y était créé, La jeune gothique n'eut pour réponse qu'une promesse des plus intrigante. Elle ne sut d'ailleurs pas trop quoi en penser. Etait-ce un oui, ou bien un non plus ou moins déguisé afin de ne pas heurter la sensibilité à fleur de peau de la belle italienne..? La encore, la réponse restait finalement très flou dans l'esprit de Juliette, même si cette dernière préférait toutefois penser que Cassandre acceptait de l'aider à trouver sa place en ce nouveau lieu de vie qu'elle se devait de partager avec autant de gens différents.

"Je vous remercie mademoiselle Deneos..." dit-elle alors dans un sourire étonnement lumineux " Avec votre aide je suis certaine de trouver ma place à l'institut, et je vous promet de ne pas vous décevoir..."

Même si la jeune femme n'avait pas l'intention de l'aider, Juliette voulait y croire à défaut d'une confirmation un peu plus précise que celle que Cassandre lui avait fourni... Car si le doute était cruel, l'espoir qui en naquit gonfla la jeune gothique d'un entrain nouveau qui perdurerait certainement jusqu'au moment ou la véritable pensée de Cassandre se ferait jour... Dans un sens, comme dans l'autre...

Après avoir laisser un peu de temps s'écouler depuis l'énigmatique réponse de Cassandre concernant le fait d'en savoir beaucoup, Juliette décida de tenter une approche plus naturelle, plus... Logique selon elle... La jeune gothique se rapprocha alors encore un peu plus près de la jeune femme, et lorsque ses lèvres furent presque à porté de joue, elle lui murmura dans un souffle entre la gêne et le secret...

"Dites moi mademoiselle Deneos... Qu'est-ce... Qu'est-ce que... Qu'est-ce que vous savez de moi exactement..?

Ô, bien sur... Elle devait certainement savoir ce que le père de la jeune gothique avait du dire, lors qu'il avait inscrit Juliette à l'institut... Mais la question était de savoir, si Cassandre ne lisait pas dans les pensées, ce que ce dernier avait pu leur dire... Sur elle... Sa vie... Ses ennuis..? Juliette pensait que si Cassandre savait pour son kidnapping, alors elle pourrait se douter que quelque chose s'était passé... Bien sur, la jeune gothique pourrait toujours nier la chose, mais Cassandre était une femme très clairement intelligente et sans doute décèlerait-elle le mensonge sous les paroles de Juliette...

Cassandre répondit au sourire de Juliette. Un sourire à la fois satisfait et bienveillant à sa réponse. Apparemment elle ne s'était pas trompée sur la façon de prendre la jeune fille, et il était rassurant de voir que ses sautes d'humeur pouvaient facilement laisser place à l'espoir.
Puis vint la question qui devait arriver. Lui ayant expliqué la veille la nature de son pouvoir, Cassandre se doutait qu'elles finiraient par en parler de vive voix. Juliette avait dû y réfléchir... aussi qu'aux implications éventuelles. Avec un pouvoir pareil, il pouvait même paraître grotesque qu'elle soit chargée du cours d'éthique mutante... ou pas.
Le sourire de la jeune femme s'effaça lentement, et son visage retrouva sa neutralité caractéristique. Elle poussa un soupir.

"Tout." répondit-elle, sa voix grave emprunte du sérieux retrouvé. A son expression, la jeune fille comprendrait sûrement que comme toujours, elle pesait ses mots. Juliette allait sûrement la détester à présent, l'accuser d'avoir violé sa vie privée... Peut-être déciderait-elle de partir finalement. Pourtant la psychologue n'aurait certainement jamais été en mesure de l'aider pleinement en ne prenant pas la peine de la connaître mieux. Mais elle acceptait cette éventualité, cela faisait partie de ce pouvoir à double-tranchant, et de sa position.

"Je te comprendrais si tu m'en veux." dit-elle simplement avec calme. Elle s'en serait sûrement voulu si elle avait été dans la position de Juliette.

Juliette demeura sans voix, et un silence lourd emprunt de la bruyante et tumultueuse cavalcade du doute s'installa dans la salle de classe. Durant quelques secondes qui lui parurent alors une éternité, la jeune gothique se sentit comme subitement déstabilisé. Elle avait le sentiment que ses jambes n'allaient plus la soutenir, et que sa chute au sol serait de celle dont on ne se relevait jamais... Tout, Cassandre savait tout d'après ce qu'elle disait. Une réponse qui poignarda littéralement Juliette en plein coeur, tant elle aurait aimée que jamais la jeune femme n'apprenne l'acte odieux dont elle s'était rendue coupable... Tout... Un simple mot, à la fois si parlant, et pourtant si vide de sens...

Cette dernière pensée ramena Juliette à la réalité, qui se sentit alors tout de suite nettement mieux... Tout... Un simple mot qui pouvait englober l'ensemble d'une vérité, ou bien encore uniquement une partie de cette vérité... Rapidement, la jeune gothique tenta de se remémorer précisément le pouvoir dont disposait Cassandre. Si elle avait bien compris, la jeune femme avait la possibilité d'agir sur les probabilités temporelles afin de voir tous les futurs possibles en fonction d'une situation donné. Inversement, elle possédait la capacité à extrapoler le passé, afin d'en explorer les futurs qui auraient pu être... Bien... Bien...

Juliette poussa un léger soupir, qui effleura la joue de Cassandre de sa douce et tiède brise. Si la jeune femme avait vu ce que Juliette avait fait, alors elle pourrait toujours lui dire qu'elle se trompe, que ce qu'elle à vu n'était finalement qu'une possibilité qui aurait pu être, mais qui n'avait pas eu lieu... Après tout, Cassandre lui avait bien fait comprendre que son pouvoir n'était pas toujours des plus précis, et elle lui avait même dit qu'elle continuait d'apprendre à s'en servir... Parfait songea la jeune gothique, parfait...

"Vous savez tout alors mademoiselle Deneos..." commença-t-elle

Cette seule idée était en soi assez gênante, dans le sens ou finalement Juliette aurait préféré s'ouvrir à Cassandre d'une manière un peu plus traditionnelle. Toutefois, le plus important n'était pas là aux yeux de glace de la jeune mutante... Le plus important c'était de... Préserver le secret... Juliette se redressa quelque peu, et poursuivit avec un sourire discret...

"Ce n'est pas grave mademoiselle Deneos... Ma vie n'est guère passionnante de toute manière, ce n'est pas comme si j'étais une espionne aux multiples et sombres secret, n'est-ce pas..?"

Juliette jugea plutôt ingénieux le fait de jouer avec un certain humour sur le sujet... Encore que fondamentalement, la jeune gothique ne mentait pas... Sa vie n'aurait même pas sa place dans une série B de seconde zone... Et puis peut-être que le fait d'en plaisanter comme si de rien n'était, aiderait à dissiper les éventuelles doutes de Cassandre... De nouveau, Juliette se rapprocha de la jeune femme...

"Alors dites moi, qu'entendez vous précisément par ce "tout" ? C'est un terme plutôt générique, vous ne croyez pas..? Personnellement, je ne pense pas que quelqu'un puisse tout savoir sur une personne... C'est tellement vaste une vie lorsque l'on y songe, n'est-ce pas mademoiselle Deneos..? Si vous m'en parliez, je pourrais sans doute vous aider à corriger ce que vous ne savez pas, ou bien encore ce que vous avez peut-être mal interprétée..."

*Oui* songea la jeune gothique... *Bonne idée* se dit-elle en se félicitant intérieurement de cette trouvaille... Exploiter les faiblesses du pouvoir de Cassandre, cela était surement ce qu'il y avait de mieux à faire pour sauvegarder ce qui devait l'être... Juliette eut toutefois un peu honte de se jouer ainsi que la jeune femme qu'elle appréciait tant, et sans doute en garderait-elle une bien piètre opinion d'elle-même par la suite... Mais elle vivrait assurément bien mieux avec une mauvaise opinion de sa propre personne, qu'avec le fait de savoir que Cassandre la jugerait sans doute pour ce qu'elle avait fait...

Cassandre écouta Juliette reprendre la parole. Sa voix la trahissait bien plus que ce que la psychologue savait d'elle. Le ton badin qu'elle avait employé pour parler de faits pourtant grave dérangea la jeune femme. Cassandre avait été on ne peut plus sérieuse, et l'expression qu'elle arborait maintenant était fermée, son visage d'albâtre figé comme une statue grecque.
La légèreté soudaine de Juliette était loin de prendre prise sur la jeune femme. De par son handicap et sa profession, il était délicat de lui cacher les véritables motivations. De par son don, il était presque impossible de lui mentir sur les faits. En réalité, Cassandre était peut-être l'un des détecteurs de mensonge le plus évolué connu à ce jour.

Elle s'était préparée à des remarques acerbes de la part de la jeune gothique. C'était pourtant le doute, l'ironie presque, qui accueillait l'avoeu qu'elle venait de lui faire avec un maximum d'égards.

"Il est en effet des choses qui m'échappent : les pensées, les souvenirs, notamment. Je ne prétends pas te connaître entièrement."

Tout en parlant, elle avait, l'esprit absent, tournicotté la bandelette de papier qu'elle tenait toujours entre ses doigts maigres. Elle se retrouvait une fois de plus devant ce scepticisme qui l'avait tant blessée à la découverte de son pouvoir. Cassandre condamnée à être prise pour une folle. L'histoire se répétait.

"Mais si je le veux, je peux dévider une vie..." continua-t-elle en déroulant la bandelette entre ses doigts pour illustrer des concepts qui pouvaient, même pour les esprits les plus ouverts paraître complètement inconcevables. Olivier, en bon scientifique, semblait d'ailleurs avoir eu du mal à cerner le fonctionnement de sa pensée.

"Souhaites-tu vraiment que je remue le couteau dans la plaie, juliette ? Ce n'est pas mon intention... Et je ne le ferais pas, même si c'est pour justifier ce que je prétends savoir de toi. Je préfère encore que tu ne me croies pas." dit-elle sans ouvrir la boîte de Pandore. Le passé était le passé. Juliette était sur le seuil d'une nouvelle vie. Si elle ne pouvait pas défaire ce qui avait été fait, elle pouvait s'astreindre à faire mieux.

"Je ne trahis jamais un secret, ça fait partie de mon métier mais c'est aussi un principe cher à mon coeur. Si tu préfères faire comme si de rien n'était, c'est ton choix, Juliette. Mais au fond de toi, n'es-tu pas soulagée de ne plus porter ce fardeau seule ?" demanda-t-elle, avec un peu plus de douceur que ses paroles précédentes. Qu'elle l'accepte ou non, elles étaient deux à connaître la vérité. Une fois encore, Cassandre se retrouvait à tendre implicitement la main, à allumer une lampe dans l'obscurité. Restait à savoir si Juliette la saisirait, ou si comme Wind, elle se refermerait.

Quelque peu désorienté, Juliette recula de quelque pas et finit par se laisser tomber sur un des pupitre tout proche, qui eut le bonheur d'accueillir le séant de la demoiselle... Mais le bonheur était loin d'être ce qui habitait actuellement Juliette, de plus en plus troublée par les propos à la fois incertain et proche de la vérité, de Cassandre. Visiblement, la jeune femme savait... Elle savait vraiment tout, et la tentative de la jeune gothique pour la faire douter n'avait en fin de compte pas eu l'effet escompté. L'espace d'un instant, Juliette pensa à fuir. Elle pensa à quitter la salle de classe, ainsi que l'institut, avant que Cassandre n'ai le temps d'avertir qui que ce soit de ce qu'elle avait découvert... Mais la jeune gothique le savait, c'était une hérésie que de partir ainsi, qu'elle ne pourrait pas aller bien loin, sans argent ni bagages... Relevant la tête en direction de Cassandre, Elle reprit la parole d'une voix devenue doucement triste...

"Si vous savez réellement ce que j'ai fait, alors... Vous savez que c'est quelque chose de terrible... Une chose que la morale réprouve, et qui va bien à l'encontre de ce dont nous parlions en cours..."

Juliette ferma doucement les yeux, laissant une fine coulée humide glisser sur ses joues...

"Une chose, que vous ne pouvez pas laisser passer, nous le savons toutes les deux n'est-ce pas..? Car si vous le faisiez, ce serait aller à l'encontre des préceptes que nous avons évoqué... Quel bel exemple, ce serait là à donner aux autres élèves..."

Reniflant, Juliette passa une main gracieuse sur ses yeux afin d'essuyer les quelques larmes qui lui chatouillait peu à peu le visage. Deux trainées noires apparurent alors sous ses yeux, laissant par la même occasion un peu de ténèbres au creux de sa main devenue légèrement humide. Mais la jeune gothique n'y prêta guère d'attention, tant elle était occupée à mesurer combien sa vie était, selon elle, fini...

"Et maintenant..?" reprit-elle, profondément expectative "que fait-on..? J'imagine que vous allez en parler à Monsieur Fleury n'est-ce pas..? Comme vous l'avez si justement dit, c'est votre devoir... Et j'imagine que l'institut n'a pas besoin d'une mutante qui pourrait lui apporter une mauvaise publicité..."

Cette dernière parole n'était pas acerbe, ni même aigrie... Elle était tout simplement une évidence pour Juliette. En effet, que dirait les gens s'ils apprenaient que l'institut, déjà bien sujet à la suspicion, accueillait des gens comme elle..? Cassandre avait vu juste sur un point, ne plus avoir à porter le fardeau de ce lourd et destructeur secret toute seule avait en quelque sorte soulagé Juliette. Mais dans le même temps, cela signifiait aussi que l'on lui demanderait très certainement des comptes, ce qui en soi était finalement une chose normale.Juliette renifla une fois de plus, hoquetant une ou deux fois... Voilà, c'en était bien fini de sa vie... L'institut allait surement la livrer au forces de l'ordre afin de ne pas se voir lui-même accusé, et sans doute allait-elle être extradé en Italie afin de répondre de son acte devant la justice...

Justice... Ce mot évoqua à la jeune gothique sa toute récente équipe. Eux aussi allait savoir, que penseraient-ils d'elle alors..? Et les autres élèves..? Et Carrie, aussi droite et inflexible que la loi elle-même... Quel regard méprisant jetterait-elle à la jeune mutante, lorsqu'elle découvrirait les faits..? Sans doute, regretterait-elle de l'avoir choisie pour intégrer les JustiX, c'était certain... Pourtant, Juliette ne voulait pas que tout s'arrête ainsi. Ce qu'elle avait fait, même si c'était horrible, elle ne l'avait fait que par la force des choses... Cela ne diminuait pas sa culpabilité intérieure, mais elle se refusait à abandonner maintenant, pas après tout cela. Et puis, il y avait aussi ses parents...

Dans un regards embué qui troublait son translucide regard de glace, Juliette fixa la bande de panier que Cassandre avait commencé à dérouler...

"C'est le mien, n'est-ce pas..?" dit-elle alors en reniflant de nouveau, comme si tout cela était lié...

*quelle idiotie cette phrase* songea-t-elle alors... Juliette en était certaine, c'était ce misérable bout de papier qui l'avait trahi. Elle ne savait pas comment Cassandre avait pu le lire, mais elle en était persuadée. Dans un pathétique élan de désespoir, Juliette quitta précipitamment le pupitre et se lova tout contre Cassandre en pleurant cette fois-ci à chaudes larmes, et murmura à la jeune femme d'une petite voix éplorée :

"Laissez moi partir s'il vous plaît... Je quitterais l'institut des demain et vous n'entendrez plus jamais parler de moi, c'est promis mademoiselle Deneos... Laissez-moi jusqu'à demain, et vous pourrez ensuite tout dire à monsieur Fleury... Ainsi, l'institut ne sera pas inquiété par la police..."

C'était là, la solution la plus juste selon Juliette... Elle partirait, et ainsi l'institut pourrait être dégagé de toute responsabilité. Car s'il y avait bien une chose sur laquelle Juliette n'avait pas menti à Cassandre, c'était bien sur le fait d'offrir une vie meilleure aux jeunes mutants... Et quelle meilleure façon pour elle d'agir dans ce sens, que de débarrasser l'institut de sa présence devenue gênante de par la découverte de son si terrifiant secret...

Une fois de plus, Cassandre se retrouvait avec une élève dans les bras. Son petit doigt lui disait que si elle n'était pas la première, Juliette s'inscrivait dans une longue série de sanglots inconsolables. Mais après tout, elle était là pour ça.
Ses quelques paroles avaient suffi pour faire basculer la jeune gothique de sa joute oratoire à l'affliction la plus profonde. Peut-être avait-elle été trop dure avec elle ? Néanmoins, il fallait des mots forts pour percer les défenses de la farouche italienne.
Sans se soucier de son chemisier blanc, qui était maintenant sûrement bon pour un détachant concentré, Cassandre laissa Juliette s'épancher dans ses bras. Il lui apparaissait clairement que c'était un luxe dont la jeune fille, pourtant gâtée par la vie, n'avait dû que très peu jouir. Se vider de son tourment contenu aller lui faire du bien, c'était certain.

Elle resta silencieuse un moment, puis enfin, reprit la parole.

"C'est vrai. Je ne vais pas te mentir : ce que tu as fait est très grave. Je sais que tu as un bon fond. La culpabilité avec laquelle tu vis au quotidien est une peine plus amère peut-être que l'emprisonnement. Seulement le passé est le passé. Même moi je ne puis plus rien y faire. Là où nous pouvons influer, c'est sur l'avenir, Juliette." expliqua-t-elle doucement. Elle finit par s'écarter de Juliette, posa un main sur son épaule et essuya les larmes qui lui mouillaient les joues.

"Tu voulais mon aide. Je te la donne : tu as une chance repartir du bon pied parmi nous, conformément à ce que nous débattions tout à l'heure. Une chance de te prouver que tu vaux mieux que tes actes passés. J'ai dit que je t'aiderai et je le ferai... Je le fais... Mais tu dois faire le premier pas, ça je ne peux pas le faire à ta place. Fuir l'Italie, fuir l'institut... C'est facile de fuir la réalité. Là il faut faire preuve de courage, c'est de résister, de faire face, de prendre ses responsabilités."

Son regard nébulleux perdu dans un flou artistique, elle essayait de compenser par sa voix ce qu'elle ne pouvait offrir par le regard.

"J'aurais pu révéler ce que je sais avant même ton arrivée à Olivier. Je ne l'ai pas fait et je ne le ferai pas. Il ne me revient pas de le faire : tu le feras quand tu te sentiras prête à l'assumer seule."

Elle prit une inspiration profonde et se redressa légèrement.

"Et puis... ce n'est pas comme si l'institut avait une image de marque à préserver : nous sommes des faits divers ambulants ici, tous autant que nous sommes." ajouta-t-elle avec un sourire visant à faire fondre la glace.

"Au fait..."

Elle agita la bandelette de papier.

"Ce n'était pas le tien..." dit-elle avec un soupçon de malice. Elle glissa le papier dans la poche de son pantalon.