Petit encas pensif

En moins de temps qu’il n’en fallait pour le dire, voilà que ceux avec qui Jonas discutait venait de s’éclipser… D’abord son nouveau professeur qui, après lui avoir expliquer ce qu’était une région géologiquement active – explication plutôt intéressante par ailleurs – avait reçu un coup de téléphone et s’était éclipser.

Ensuite Carrie qui venait de s’éclipser avec Ken et Kitty pour discuter probablement… Tant pis… Autant finir rapidement son assiette et aller voir ailleurs. Se dépêchant de terminer son assiette, Jonas se leva, nettoya brièvement son assiette et, après avoir balayé une dernière fois la salle du regard, il fit un signe de main aux derniers restant avant de se diriger vers la porte.

Ou allait-il aller ? Bonne question, il n’en savait absolument rien, mais ce serait toujours mieux que de rester devant une assiette vide à se parler à lui-même.

[ ailleurs]

Visiblement Beckers sentait le gaz... Sa présence semblait avoir un effet repoussoir sur les mutants de la pièce qui se pressaient d'aller trouver d'autres activités. Esther était quelque peu consternée du manque de savoir vivre de ses administrés... Après tout Beckers était venu leur faire un chèque !

Et même si elle n'avait guère de facilités pour les mondanités, elle se sentait tenue d'en faire un minimum pour accueillir leur invité : comme quand elle était petite et que sa mémé lui remettait des bonbons et un peu d'argent... C'était aussi ça la politesse !

Mais une autre idée lui traversa la tête : et si les élèves étaient tous des pétochards ? Peut être que pour eux ADULTE = DANGER ? Un début de théorie se profila dans son esprit mais elle préféra ne pas y donner suite... Après tout, elle devait s'occuper du milliardaire !

"Oui, il ne faut pas croire tout ce que disent les journaux... Comme vous avez pu le constater, ce n'est pas un camp d'entraînement pour terroristes, juste une école comme une autre..."

Elle s'avança un peu en direction de Beckers, rapprochant son visage du sien.

"D'ailleurs ce sont des ados comme les autres. Aussi malpolis que les adolescents humains. Aucune différence. D'ailleurs..."

Hum terrain glissant non ?

"D'ailleurs, c'est très bien comme ça... Que ça ne fasse pas de différence que l'on soit humain ou mutant. Je travaillais là dessus avant d'arriver ici, Monsieur Beckers. Je pourrais vous faire passer une étude sur le sujet si vous en exprimez le souhait !"

Elle reprit à nouveau une distance convenable.

"Et puis... La Sentinelle fait du mal, beaucoup de mal... Si leurs journalistes prenaient la peine de faire le même effort que vous, ils verraient... Mais je suis contente que vous soyez là. D'ailleurs vous avez peut être un journal dans vos nombreux biens ? Je ne suis pas très branchée Who's Who... Je ne sais même pas comment vous êtes devenu l'homme que vous êtes !"

Elle souriait largement. Cet homme lui plaisait bien au fond. Au delà de la richesse et de la classe, il semblait avoir de l'humour.

"Si vous me dites tout de vous, je vous amènerai voir les petites filles qui nous servent de cible" termina t'elle en souriant comme une prédatrice.

Bureau de Cassandre

Jade pénétra dans la cuisine sans réellement s’en rendre compte. Probablement que son odorat l’avait guidé. Une odeur de friture flottait dans l’air. Mais même si les narines de Jade fonctionnaient bien, la connexion avec l’estomac ne se faisait pas et elle n’avait vraiment pas faim. Du coup, pourquoi venir ici ? Aucune idée…

La jeune fille parcouru la pièce d’un regard. Il y avait pas mal de monde ici dont deux personnes qui ne lui disaient absolument rien. L’un d’entre semblait être encore un sexy-prof en quête de jeunes filles mais il n’était manifestement pas présent lors de la réunion. Peut être était il en retard… Quoiqu’il en soit, Esther s’affairait à tailler la bavette avec lui. Le deuxième inconnu était attablé, mais lui était sans aucun doute un nouvel élève. Mais peut être était il là depuis plusieurs jours mais qu’elle ne l’avait pas remarqué. Elle avait été tellement distraite ces temps ci… Mais cette petite discussion avec Cassandre l’avait remise d’aplomb et lui avait redonné du courage.

Les yeux de Jade pétillèrent lorsqu’elle aperçut Abaigh debout au comptoir, apparemment absorbée par une lecture quelconque. Elle semblait moins en colère que la dernière fois qu’elle l’avait vue. Un sourire malicieux apparu sur le visage de la jeune fille qui espérait que son amie soit d’humeur à supporter son élan sentimental.

Jade fila droit vers elle, un sourire béat au visage. Elle passa près d’Esther qui proposait à l’inconnu de faire du trafic de petites filles. Heureusement, elle venait de voir Kitty partir avec Carrie, au moins elle serait en sécurité… Dans un certain sens…

Elle arriva derrière Abaigh et sans crainte de se prendre un coup de poing, elle enlaça la jeune fille. C’était une drôle de sensation que Jade ressentait, elle se sentait tellement mieux depuis quelques minutes qu’elle n’avait pu s’empêcher de vouloir le communiquer à la personne qui lui donnait le plus facilement la pêche dans tout l’Institut. Elle resta ainsi, enlacée à son amie et sans dire un mot.

Il y eut de nouvelles allées-venues dans la cuisine. Jonas discutait avec son nouveau professeur. Mais ce dernier reçu un coup de téléphone et sortit de la cuisine non sans oublier de s'excuser. La réponse à la question de Kitty fut rapide. Sauf que ce fut l'homme qui répondit. Il leur rendait une visite. Mais pourquoi cela ? Tout en écoutant attentivement ce qui se disait dans la cuisine, la fillette continuait à manger. Beckers parlait de la Sentinelle. La petite télépathe considéra ce journal comme un torchon. Quand l'homme parla de cible à l'effigie de grand-mère et de fillette, Kitty ne sut pas vraiment s'il avait voulut faire de l'humour ou était sérieux. Elle sentit quelqu'un lui prendre les épaules et se retourna. Il s'agissait de Mlle Marcin qui l'avait rapproché d'elle. La petite fille avait bien vu que Beckers avait posé son regard sur elle durant un instant. Et elle se demandait bien pourquoi. Ne sachant pas trop comment réagir face à ce regard, Kitty replongea son nez dans son assiette.

*Mais pourquoi il m'a fixé comme cela ? J'aurais peut-être dû lui poser directement la question sur qui il était au lieu de demander à Mlle Marcin. Je me demande si c'est pour ça ou si ça a un rapport avec ce qu'il vient de dire. En tout cas je me demande pourquoi il nous rend visite.*

Mais elle n'eut pas vraiment le temps de finir sa réflexion ainsi que son assiette. Mlle Marcin la tenait toujours contre elle et l'emmena avec elle quand elle sortit de la cuisine. Juste avant de s'en aller, son professeur avait fais comprendre à Ken de la suivre aussi. La petite télépathe se demandait bien pourquoi elle l'avait emmené avec elle. Elle n'avait pourtant pas fait de bêtise ses derniers temps. De plus Ken voulait peut-être être tout seul pour parler à Carrie. C'est donc un peu inquiète et se posant une tonne de questions que Kitty suivit, bien malgré elle, Carrie et Ken surement jusqu'au bureau de cette dernière.

[ Bureau de Carrie]

L'air un peu plus neutre, Beckers regarda la cuisine se vider. Un coup d'oeil vers le bas : certaines assiettes n'étaient même pas vides. Quel manque total de respect pour la personne qui avait fait la cuisine. Et quelle étrange attitude que de le fuir. D'autant que les nouveaux élèves arrivés en même temps que lui avaient été très bien accueillis, comme s'ils avaient toujours fait partie de la maison, mais bizarrement, lui, non...

Esther commençait à devenir un peu envahissante. Mais d'un autre côté, il se mettait à sa place. Elle s'imaginait faire bonne figure, et ils se retrouvaient tous les deux déphasés, comme s'ils étaient hors de la pièce.

"Hm ? Non, je n'ai pas de journaux. J'en finance quelques uns, mais je n'aime pas l'idée de dire que je contrôle la presse. C'est trop subversif. Et sinon, ma fortune provient des matières premières. Pétrole, gemmes, métaux... Mais mes entreprises couvrent tout type d'activité : bâtiment, infrastructures, recherche, biotechnologies, électronique, chimie, formation... Partout où ça peut être utile.

Il ne s'était pas senti le besoin de répondre au sujet des adolescents, ou de l'étude de son interlocutrice. Hjördis vint alors lui proposer une assiette, qu'il déclina poliement.

"Ca aurait été avec plaisir, mademoiselle, mais je dois malheureusement prendre congé.

S'adressant à l'invective d'Abaigh, il sourit simplement pour la faire taire, puis l'acheva d'un simple :

"Ce ne sera pas nécessaire, mademoiselle."

Il se tourna vers Esther.

"J'ai été ravi de cette petite visite. Au plaisir d'avoir de vos nouvelles... Dans un ton peut-être moins incisif que celui de la sentinelle. Ne vous donnez pas la peine, je connais le chemin."

Il s'inclina légèrement en gage de politesse, puis tourna les talons et s'en fut, sans laisser la moindre idée sur le fond réel de sa pensée.

Sven avait écouté d'une oreille distraite ce qui se disait dans la cuisine. Histoires de vieux, et histoires de jeunes, l'une ou l'autre sans trop de cervelle. Il s'était emparé d'un récipient, et avait entrepris de vider les assiettes entamées dedans, pour se faire du stock.

Une fois Beckers parti, il s'empara de l'assiette présentée par Hjördis, et la vida à son tour dans son tupperware.

"Histoire que ce soit pas perdu pour tout le monde ! J'espère que ça se mange froid aussi ? Je n'ai pas de prise de courant sur mon nuage, je ne pourrai pas mettre de micro-ondes..."

Une fois ses divers larcins effectués, il s'en fut vers la piste de décollage.

La qualité du repas n'était pas a mettre en cause, mais ce moment de délectation aurait été mieux apprécié si un nantis à l'attitude louche n'avait fait irruption dans la cuisine comme on visite un zoo.
Trop respectueux envers le travail des autres, et la faim l'aidant, Vincent acheva son repas, mais de manière plus rapide qu'à l'accoutumé.
Il se leva juste après, pris le soin de se laver les mains, et s'excusa auprès de Sven de ne rien lui avoir laissé.

Merci encore pour ce repas que vous m'avez offert, a charge de revanche, je ferait la cuisine a mon tour dès que vous le voudrez.
Pour l'heure, je m'en vais digérer, je vous laisse à vos histoires de politiques.

Puis il se dirigea vers la sortie, ne tenant pas a participer a ces discussions qui le dépassaient et auquelles il ne pourrait que géner les protagonistes.

[ ailleurs]

"Je sais, Jonas."

Ken avait bien vu que Carrie n'allait pas bien : c'était aussi évident que le nez sur la figure.

"Mais j'ai quand même besoin de lui parler."

En fait, il s'en fichait. Même s'il appréciait sa professeure, même s'il était prêt à tout pour elle, il avait besoin d'en apprendre plus sur ces changements et comprendre surtout ce qu'il se passait. Il était énervé mais se contrôlait, même si ça se voyait qu'il ne rayonnait pas de bonheur - mais comment l'aurait-il pu avec tout ce qu'il se passait aujourd'hui ?
Il était peut-être devenu plus calme mais ça n'était pas pour rien qu'on l'appelait Fury.

Il fit un petit signe à Jonas et Math avant de suivre en silence Carrie et Kitty. Non, il n'avait rien à dire...au moins pour l'instant et au moins à eux.

Bureau de Carrie.

Jay dut attendre un petit temps avant de savoir ce que contenait la Sentinelle, le temps qu'Abaigh puisse lire. Il ne prit pas vraiment part à la discussion concernant le nouveau venu de même qu'il avait à nouveau essayé de couper son esprit à ce qu'avait dit Georgia, sans résultat.

**il faudrait plutôt la lui couper sa langue !**

Mais comme elle recommençait à parler à une prof, il préféra ne rien répondre, de toute manière, il ne savait pas quoi répondre à ça. L'autre adulte discuter avec un peu tout le monde et enfin, Abaigh lui répondit, pour en faire un résumé très concis qui consistait à « mutant méchant », l'habitude de la Sentinelle.

-Résumé simple mais efficace. Au revoir monsieur!

Il se tourna vers Mr Beckers qui était maintenant parti et Sven le suivait, à sa manière. Il s'en allait sans vraiment dire où, à moins qu'il ne l'avait pas entendu. Sauf le coup de la prise de courant, c'était du Sven à l'état brut.

-C'était très bon, Hjördis. Il ne reste plus qu'à digéré tout ça.

Il se leva pour mettre son assiette dans le lave vaisselle et s'empara de l'autre journal, l'Eastern News. Il retourna à sa place et commença à lire.

Jade releva la tête vers le visage d’Abaigh. Elle semblait toujours en rogne, mais bien disposée à supporter sa présence et même à lui parler. Apparemment, même, elle était plutôt contente de sa présence. Tant mieux, Car c’était réciproque ! Un bref coup d’œil à ce que lui présentait Abaigh, et Jade comprit tout de suite la source de son exaspération. Elle laissa le journal glisser sous ses yeux sur le comptoir et regarda vaguement les gros titres qui annonçaient encore un menu particulièrement ordurier, pour changer. Elle fit la moue. Elle lirait tout ça plus tard, elle n’avait pas envie pour l’heure de se remettre des idées négatives en tête. Elle se contenta de sourire et de déposer un baiser sur la joue de son amie en lui caressant doucement le dos.

"’Faut pas faire attention à ce qu’ils disent, ils ne savent pas de quoi ils parlent!"

Oui, mais là était bien le problème, car c’était probablement le secret de leur succès auprès du grand public, toujours avide d’anecdotes scabreuses et de boucs émissaires sur lesquels remettre la faute de tout leurs problèmes.

Elle imagina Abaigh en tee-shirt et short, sur un ring, face à un des journalistes de La Sentinelle, la rage dans les yeux. Elle savait qu’elle avait pratiqué la boxe, mais n’avait jamais eu l’occasion de la voir mettre à l’œuvre. Ce n’était pas plus mal, en tout cas, surtout si ce devait être sur elle…

"Fais comme moi, fais la moue, pas la guerre!"

Elle écarquilla soudainement les yeux, réalisant que ce qu’elle venait de dire serait tout de suite retourné contre elle par quelqu’un comme Iacobo ou Georgia. Heureusement, Abaigh enchaina dans un timing parfait, non pas en parlant de la pluie et du beau temps, mais du repas préparé par Hjordis qu’elle devait impérativement gouter. Finalement, Jade se serait bien laissé tenter, mais en jetant un œil au Tupperware de Sven qui semblait contenir ce qu’il restait du repas, Jade préféra ne pas perdre la face.

"Non merci, je n’ai vraiment pas faim! Mais ça a l’air vraiment très bon, j’en doute pas!" Dit elle à l’intention de l’Islandaise.

Cette dernière ne l’avait probablement même pas entendu. Elle venait de se précipiter vers l’homme inconnu, comme pour le courtiser, ce qui n’était pas du goût d’Abaigh. L’homme était apparemment en lien avec les médias. Jade en profita pour lancer une remarque qu’elle s’était déjà posé.

"Si il y a un journal anti-mutants, ce serait bien si il y en avait aussi un pro-mutant. On ne peut pas contrôler les informations qui circulent à travers ce torchon, mais si il y en avait un qui diffusait aussi notre point de vue…"

Bien entendu, la remarque de Jade paraissait un peu candide. De toute façon, elle n’avait pas été entendue, puisque l’homme fuyait, bientôt suivi par Vincent et Ken. Hjordis resta interdite et révéla ses intentions. Elle avait de l’ambition, ca c’était bien! Elle reparti ensuite vers les fourneaux.

Jade soupira puis son regard se posa sur la main d’Abaigh…

"Abaigh!" S’écria-t-elle, inquiète. "C’est quoi ca ! Aller viens faut aller soigner ca !"

Le départ de Beckers serra le cœur d'Esther... La valise de billets sur pattes avait décidé de prendre congé d'eux... Pour une prochaine fois peut être ?

L'israélienne afficha une moue contrariée pendant quelques instants... Puis se reprenant, elle se dit qu'à la NYCU, ils avaient bien fait tourner la machine pendant de très longs mois avec des bouts de ficelle... Sans l'appui de leur hiérarchie, avec des financements toujours trop faibles... Et, ils avaient finis par boire le bouillon sur décret présidentiel !

Elle considéra l'idée qu'une institution c'était avant tout des hommes. Et pas des capitaux.

Tant pis, elle ne s'habillerait pas en Lacroix !

Esther considéra les pensionnaires : ils manquaient un peu de savoir vivre quand même... Avaient ils fait partir le milliardaire ? Peu probable, il ne devait certainement pas se formaliser pour si peu... Alors ? Un conseil d'administration d'une de ses innombrables sociétés ? La vie des riches lui était mystérieuse...

Se levant, elle s'approcha d'Hjördis.

"Je ne pense pas que vous ayez gaffée Hjördis... Après tout, Monsieur Beckers voulait assister à une tranche de vie, c'est ce qu'il a eu ? Quant à la raison de son départ précipité comme celui de sa visite, ça m'est absolument inconnu... et égal..."

Ce n'était pas tout à fait vrai. Mais, elle n'allait pas non plus disserter devant ses administrés de son léger penchant pour le luxe !

S'appuyant contre le mur, elle ajouta à l'attention d'un peu tout le monde.

"En revanche, il faut essayer de faire bonne figure devant nos invités. Même s'ils ne nous sont pas sympathiques. Et je dirai même surtout. Nous ne sommes pas très appréciés comme communauté et comme institution, nous nous devons donc, quand l'occasion se présente, de montrer une image positive des mutants. Parce que, que nous le veuillons ou non, nous sommes une vitrine. Et cela s'applique même et surtout si l'invité est journaliste à la Sentinelle !"

Souriant à Hjördis.

"Très bonne initiative que d'avoir préparé la cuisine. Mais vous savez, vous n'êtes pas obligée de tout faire ici ! D'ailleurs, allez vous reposer, la vaisselle peut attendre ! Surtout que je vois que nous disposons d'un lave vaisselle..." ajouta t'elle en remarquant que Jay venait d'y mettre son couvert.

Croisant les bras, elle termina :

"Un journal promutant ? Ca doit exister, je suppose mais le public ne doit pas être énorme ! Et puis, ne croyez vous pas que nous n'aurions pas plutôt besoin d'un journal objectif ? Qui vérifie ce qu'il écrit ? Qui n'est pas là pour attiser les haines mais pour informer les esprits ? Je ne suis pas sure que de la propagande, même mutante, soit quelque chose de souhaitable... A mon souvenir l'Eastern est plutôt une bonne publication, vous m'en direz des nouvelles du numéro que vous avez en vos mains, Jay. Et on m'avait également parlé d'un journal de l'Institut ?"

Esther se dit soudainement dans cette cuisine qu'au fond elle allait se plaire ici...

Dans le communicateur de Jay, une voix grave aux R roulés.

« Bullet, Kabeyun, Razgriz, Push, ici Gulliver votre professeur, rendez-vous en salle de briefing s’il vous plaît, sans tarder ! Maaddi et moi devons vous parler d’urgence. »

Puis moins fort.

« Quand est-elle partie cette lettre ? »

Math jouait avec un morceau de poisson ne faisait attention à personne. Il avait vraiment les idées ailleurs en se moment . Il leva la tête quand Ken entra et il le salua en souriant. Le fois de le voir si ... Jovial surprit Math !

"Chalut !"

Répondit il la bouche pleine. Un flux incessant de personne entrait et sortait si bien que Math, sortit de ses réveries, ne savait plus qui se trouvait autour de lui. Il finit son assiette en silence et la mit dans le lave vaisselles.

ailleurs

Propre chambre

Camille avait mis tous ses sens en éveil afin d'effectuer un scan efficace des salles dans lesquelles elle passait très brièvement. Objectif : détecter la présence d'une Irlandaise efflanquée, maigrichonne, potentiellement caractérielle et donc totalement indispensable à son équilibre. Elle s'en voulait d'avoir mis de côté son amie celtique, même si d'autres soucis lui occupaient l'esprit, et voulait se rattraper de son manque de prévenance.

Elle traversa en trombe le hall, puis le foyer avant de freiner des quatre fers dans la cuisine pour s'arrêter devant Abaigh. Et Jade, qui était là aussi. Pas grave. Ca faisait un deuxième meeting OryX dans la journée. Honnêtement, Camille ne voyait pas par quel cataclysme il pourrait se finir plus mal que le premier.

Elle se lança avec un débit d'AK-47.

Abaigh, c'est moi, chuis désolée de pas être venue te voir, sincèrement, c'est que je me suis tellement pris la tête, en plus j'étais sûre que tu m'en voulais pour pas t'avoir plus soutenue alors que moi j'avais seulement envie que personne s'embrouille, mais en fait j'ai servi à rien et ça m'énerve et j'espère que tu m'en veux pas trop, si faut que je fasse quelque chose pour me faire pardonner hésite pas je le ferai, c'est promis.

Puis elle reprit son souffle. Elle eut quelques coups d'oeil effrayés vers le reste de la salle - pour voir qui était là, notamment la femme-commando-philosophe qui donnait des exercices moisis et qu'elle ignora avec la plus grande superbe. Quand à Hjordis, après la cuisine, elle faisait la vaisselle, ce qui faisait douter la Bretonne sur son engagement auprès du MLF, bien que ce soit le cadet de ses soucis.

Là, le plus important, c'était de savoir à quel point l'Irlandaise lui en voulait. Pas du tout, un peu, beaucoup, passionnément ou à la folie. Elle baissa les yeux, et vit l'état assez lamentable de la main de son amie.

Qu'est-ce qu'y t'es arrivé ? Tu t'es battue ? Rien de grave ? C'était qui ?

La Bretonne avait quelques difficultés à calmer son excitation couplée de stress et d'angoisse.

Pourquoi diable quand Esther dit de se reposer on a l'impression d'entendre : "Repos soldat"?

Sursautant un peu, elle constata la présence du lave-vaisselle. Nettement plus discret que le monstre de la cuisine islandaise, elle ne l'avait même pas vu! Pour une cuisinière, ça ne le fait pas... Mauvaise journée décidément. Enfin, tous les professeurs n'étaient pas encore passés manger.

Abaigh s'excusa mais ça sonnait bizarre. L'islandaise regretta un peu son enfance assez solitaire en regardant Jade, Camille et Abaigh : vivre en société, ce devrait être agréable. Pour le moment, elle était un peu perdue au milieu de tout ces adolescents pleins de vie.

Nettoyant ses couteaux pour les ranger dans la valise, elle fut interrompue par un message de Georgia très énigmatique. Pour ne pas dire inquiétant. Du coup, elle avait tranchée sans s'en rendre compte la serviette avec laquelle elle séchait le couteau. Posant les deux moitiés du (nouveau) torchon sur le plan de travail, elle réunit ses affaires avant de quitter la cuisine.

"Si vous avez encore faim, servez-vous."

Sa chambre

Chambre de Chris et Jareld

Jareld déposa sa valise juste à l'entrée de la cuisine. Et ravit de sentir la bonne odeur du repas, il se dirigea droit vers les fourneaux pour se servir.
Il salua d'un sourire accompagné d'un "salut"respectueux, la nouvelle prof, Mme Kofman, l'ethnopsycologue. Il adressa de même un sourire et un salut aux trois Ory'X Jade Abaigh et Camille.
Il salua par la même occasion Jay et Sven. Jareld se souvint alors du hammam partagé avec ce dernier, ce qui le fit sourire.
Au moins, songea t-il, dans cet Institut, il en resterait au moins un qui saluera poliment les gens: lui-même.
Il y en avait marre de ces Daedalion, et des ces Iacobo qui saluait avec froideur avec l'air de dire "Ça me fait chiez mais tu vois je te connais pas encore alors je dis bonjour quand même!". Jareld n'avait toujours pas digérer le non-salut de Daedalion, et la remarque cassante du Serbe alors qu'il venait de faire connaissance.
Il n'aimait pas penser ça, mais tout de même dans cet Institut, il y avait de sacrée dégénérés...
Jareld se servit du plat qui avait l'air tout simplement délicieux, et prenant un siège il s'assit pour manger un peu. Il n'avait pas vraiment le temps de parler, mais il se voyait mal dire aux personnes présentes: "Désolé mais je peux pas vous parler..."
Mais il pouvait toujours parler en mangeant, ce n'était pas un problème, finalement. Il pourrait rester un peu, le temps de manger, mieux valait tout de même ne pas se presser. De toute façon le reste de l'équipe pouvait encore être à faire leurs bagages, car il ne les avaient pas croisés dans les couloirs...
Il écouta la conversation, et regarda tout en mangeant les Ory'X discuter.

Esther insista sur l’importance de faire bonne figure lors de visites extérieurs, après que l’inconnu, enfin Mr Beckers… enfin l’inconnu quand même en fait, soit parti. En effet, apparemment, même Esther n’avait aucune idée de ce que cet homme faisait ici. Non pas que Jade aimait être isolée du monde, mais le fait que certaines personnes décident de visiter l’Institut pour voir comment les bêbêtes qui y vivent ressemblent en vrai, ne lui plaisait pas vraiment. Du coup, Esther avait particulièrement raison. Déjà que plein de monde s’acharnaient à pourrir leur réputation, il ne faudrait pas qu’ils la pourrissent eux même. Information supplémentaire qui ressortait de ce que venait de dire Esther : l’homme était justement journaliste à la Sentinelle… Mmpf…

Hjordis semblait surprise quand elle se rendit compte de la présence du lave-vaisselle. Jade n’avait pas fait attention que l’Islandaise était en train de se tuer à faire la vaisselle pour rien. Elle se mordit une lèvre et fit un *oups* intérieur. Abaigh s’excusa d’avoir un peu fait fuir Beckers, puis expliqua les raisons du pourquoi du comment de sa main blessée. Dans un premier temps, Jade porta une main à sa bouche dans une expression de stupeur en imaginant la scène, Abaigh se disloquant la main dans un mur. Sans vouloir remettre l’affaire sur le tapis, elle se dit simplement que Laura avait vraiment fait chier le monde aujourd’hui…

"C’est malin" Dit Jade un peu à l’intention des deux et en examinant la main d’Abaigh. "Tu sais il vaudrait mieux voir si tu t’es rien cassé…"

Elle disait cela, mais se disait que ce ne devait pas être si grave puisque elle arrivait tout de même à la bouger. Un coup d’œil vers la porte où Math s’en allait vers d’autres horizons à son tour. La cuisine commençait à se vider et seul restaient encore à manger Sven et un autre élève, probablement un nouveau, puisque Jade ne l’avait jamais vu. Concernant Sven, il semblait qu’il était sur le point de partir de l’Institut. Jade le regarda mais ne savait pas vraiment ce qu’elle pourrait lui dire, ne lui ayant jamais vraiment parlé… Jay quant à lui, était plongé dans ses lectures.

A cet instant, entra Camille dont la démarche pourrait faire penser qu’elle est poursuivie par Carrie. Mais, point de dragon. Elle fila vers Abaigh et se fondit en excuses. Se sentant légèrement en trop dans la conversation, Jade en profita pour répondre à la remarque d’Esther pendant que Hjordis décidait finalement de s’en aller.

"Oui, je suppose que si on entend pas parler de journaux pro-mutants, c’est qu’il doit bien en exister…En fait, ce qu’il faudrait, c’est une bonne pub. Il faut qu’on trouve quelqu’un de connu et de super apprécié, et qui nous aime bien! Et comme ca, on en ferait notre Ambassadeur des Mutants!"

Pendant qu’elle parlait, elle adressa un vigoureux signe de la main et un sourire au nouvel entrant : Jareld. Puis elle reprit :

"Moi je pense qu’un chanteur ou un acteur ce serait bien. Pas un politicien, c’est ennuyant les politiciens…" Elle réfléchit quelques secondes, cherchant d’autres éventuels candidats, puis rebondit "Oui ! Certains de l’Institut s’occupent d’un journal, comme Camille ici présente. Il est vraiment bien, d’ailleurs… Ce serait bien si d’autres que l’Institut pouvaient le voir! Il raconte vraiment bien notre vie."

Camille venait à son tour de remarquer la blessure d’Abaigh. Jade ne manqua pas de s’engouffrer dans la brèche.

"Mais ouiiiii ! Je lui dit qu’il vaut mieux aller vérifier si tout va bien. Elle a l’air enflée non ?.. la main…"

Jay était plongé dans sa lecture de l'Eastern News, il n'avait jamais eu l'occasion de le lire et il le regrettait car ce qu'il y avait dedans était beaucoup plus sympa que la Sentinelle, même si ce n'était pas compliqué en réalité. Il ne lut pas vraiment ce qu'il y avait sur Bateson, il avait bien voulu répondre à son questionnaire mais ce n'était pas pour lire l'analyse longue et ennuyante qu'il pouvait avoir sur les jeunes mutants. À la fin de sa lecture, il reposa le journal sur la table en se souvenant de deux choses: comme dans la Sentinelle, un "commandos" mutants avait agi à Paris, alors qu'il n'était même pas armé! Et aussi, qu'un milliardaire voulait bien les aider, un certain Wilson Beckers. Toujours utile d'avoir des gens riches dans la poche, surtout si Chloé éternuait trop près d'un mur. Mais le nom de Beckers l'étonné, est-ce que c'était le type qui venait de partir? Il verrait un autre jour, c'était vraiment rare les gens qui voulaient bien les aider, surtout s'il repensait à ce Garisson.

Mais déjà, ce communicateur se mettait en branle.

**déjà un briefing ? On le connait même pas encore et déjà, il nous dit de le retrouver et surtout pourquoi il utilise mon nom de code ? **

Il se leva, salut les différentes personnes encore présentes et se rendit à la salle de briefing.

salle de briefing

Vraisemblablement les visites ne semblaient guère appréciées dans cet Institut...

"Vous savez, Abaigh, laisser le bénéfice du doute aux gens, ça peut être pas mal... Monsieur Beckers n'était pas venu dans une intention funeste. Je ne crois pas non plus qu'il soit là pour voir des mutants de près. Etre une communauté persécutée ne nous oblige pas à vivre repliés sur nous mêmes..."

Esther toussa légèrement. Puis reprit à l'attention de Jade en souriant :

"Un ambassadeur du monde mutant ? Vous voudriez que nous devenions une grande cause nationale ? L'idée est séduisante..."

Elle leva les yeux au plafond, un peu rêveuse... Un ambassadeur ? C'est ce qu'avait voulu être Robert et résultat des courses... A 34 ans terrassé par une crise cardiaque... Lui qui ne fumait pas, ne buvait pas et menait une vie à peu près saine (hormis ces horribles gâteaux russes que Vadim lui avait fait découvrir).

"C'est peut être pour ça que Monsieur Beckers est venu" ajouta t'elle malicieusement.

"Vous vous occupez du journal, Camille ? C'est intéressant... Vous m'en ferez passer une copie, s'il vous plait ? Je serai curieuse de lire ça..."

Mais la vision de la main d'Abaigh la fit sursauter... Elle s'approcha pour mieux considérer l'appendice blessé.

"A vu de nez, ça n'a pas l'air bien méchant... Mais comme la main, c'est toujours un peu compliqué, nous n'allons pas attendre que vous ayez réellement mal pour aller à l'infirmerie, Abaigh. En plus, la douleur quand on sait ce qui ne va pas, ça ne sert vraiment à rien".

Du coup, aucun intérêt à ce que l'Irlandaise souffre en silence... et même pour jouer les p'tites dures ! Esther avait fait l'armée et ce genre de bobos, elle savait encore les traiter...